BOLIVIE & CHILI

Après avoir parcouru l’Argentine puis le Pérou (Voir les reportages sur notre site) et être tombés totalement amoureux de la Cordillère des Andes, nous avons programmé le Chili et la Bolivie sur nos « Carnets de Route ». Avec toujours, en point de mire cette chaîne de montagnes mythiques, son Altiplano, ses lamas, ses vigognes, ses lagunas d’altitude repères de milliers de flamants roses, ses larges vallées ensoleillées où s’étale la vigne aux pieds d’imposants volcans – les plus hauts du monde – pas toujours endormis… et ces populations autochtones dont les cultures millénaires ont failli disparaître sous l’emprise des Conquistadors Espagnols des 15/16èmes siècle venus coloniser les Amériques après leur découverte par Christophe Colomb…

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Vigognes au lever du jour sur le site des Geysers du Tatio

Habitués à voyager en solo avec véhicule de location, nous allons faire exception à la règle pour la première partie de notre itinéraire : nous nous intègrerons (pour dix jours) à un circuit en partenariat avec Nouvelles Frontières, « Beautés Andines » qui, au départ de Santiago du Chili, programme le désert d’Atacama puis la Bolivie (Salar d’Uyuni, Potosi, Sucre & La Paz, Putre) et retour au Chili à Arica au bord de l’Océan Pacifique. Un superbe périple en mini-bus privé (et 4×4 pour la partie d’altitude en Bolivie) pour un groupe de 9 personnes (dont nous) et une guide francophone (différente au Chili et en Bolivie) tout au long du séjour.

Je prend rapidement l’habitude d’être assistée et ce n’est pas pour me déplaire : Ne pas assumer la logistique du voyage est décidément très reposant !

Départ de San Pedro d’Atacama pour la Bolivie…

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Frontière bolivienne

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Nous avons rejoint notre groupe, le 30 Octobre, à San Pedro d’Atacama… Bref aperçu de la jolie ville en adobe au cours d’un dîner de présentations. Nous y reviendrons à la fin du circuit car nous commençons notre parcours bolivien tôt dès le lendemain matin !
On quitte San Pedro d’Atacama pour gravir plus de 2000 mètres d’altitude en seulement une quarantaine de kilomètres. Au bout d’une heure de route en mini-bus, on atteint la frontière bolivienne au col d’Hito Cajon. C’est la porte d’entrée de la région du Lipez. Là, nous avons rendez-vous avec les chauffeurs des 4×4 et Carmen, notre guide bolivienne francophone, pour toute la partie « Bolivie » du voyage.

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Arrêt « paperasses et tampons» à la cabane des « Douanes » pour l’entrée sur le territoire bolivien puis installation dans les Land Cruiser… Nouveau stop un peu plus loin pour l’entrée dans le Parc National Eduardo Avaora sur l’Altiplano. Des odeurs de soufre se dégagent des roches colorées alors que nous longeons la Laguna Blanca…

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Puis la Laguna Verde se découpe au pied des volcans Licancabur (5960 m) et Juriques (4400 m) : lorsque le vent se lève les eaux se teintent d’émeraude (d’où son nom)… En témoigne notre cliché !

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Mais nous ne sommes pas au bout de l’émerveillement : Voici maintenant la Laguna Chalviri et ses eaux thermales de Polques où les plus courageux peuvent aller barboter malgré l’eau chaude… Nous nous contenterons de les photographier : Il fait froid pour des Méditerranéens !

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Ici, dans de petits bungalows aménagés, nos hôtes ont préparé le déjeuner… Histoire de prendre un peu d’énergie pour continuer cette belle journée… Et se diriger vers la piste des Geysers de Sol de Manana (4870 m).
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Hostile la nature : ces gigantesques bouilloires en ébullition témoignent de la force intérieure de notre petite planète mais aussi de notre impuissance face à ce déchaînement… L’odeur du soufre est tenace et les fumées confirment l’étrangeté inquiétante des lieux…

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Nous voici en route vers la plus belle : la Laguna Colorada (4.278 m) où les algues et les plantons combinés aux radiations du soleil donnent à l’eau une belle couleur rosée rehaussée par la présence de 30.000 flamants roses de trois espèces différentes : le flamant des Andes, le flamant du Chili et le flamant de James…
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Nous ferons quelques centaines de mètres à pied (la marche est assez pénible à ces altitudes pour les non initiés !) sur ces paisibles rives enchantées contrastant agréablement avec l’impression d’agression des geysers ! Ah, l’envol des flamants…

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Reprise des véhicules pour amorcer une belle descente vers le village de Villamar… Le « Lodge Jardines de Villamar », au milieu de nulle part sur l’altiplano est une réelle surprise : nous pensions dormir en refuge et nous nous retrouvons dans un hôtel de charme !

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Les nuits sont fraîches à Villamar. Ce matin, à l’heure du départ, on peut constater qu’une couche de glace occupe les ruisseaux devant le lodge. Mais le soleil est radieux et la piste de l’Altiplano bien roulante. Les hauts plateaux andins sont le pendant américain de l’Himalaya : on dit souvent que la Bolivie est le Tibet des Andes !
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Après une petite demi-heure de piste, nous voici à la Vallée des Roches, un site où l’érosion a formé de drôles de sentinelles. vizcachaIci sautille, de rocher en rocher, un drôle de petit rongeur espiègle appelé « Vizcacha »…

En fait, la marmotte des Andes ! Notre objectif a bien du mal à le viser : habitué à être photographié, M. Vizcacha n’en finit pas de cabotiner de rocher en rocher…

Une grande descente et des changements de décor, nous conduisent au canyon de Sora avec de vertes prairies où paisent des centaines de lamas.

vallee_des_rochesLa Vallée des Roches
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Le Salar d’Uyuni, le plus grand désert de sel du monde !

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On poursuit ensuite, toujours sur de belles pistes roulantes, vers le gigantesque Salar d’Uyuni. Malgré la robustesse des 4×4, l’un de nos véhicules se retrouve soudain à rouler sur trois roues… Mais les chauffeurs Boliviens ont l’habitude de ce type de péripétie et le pneu est changé en un temps record ! C’est dans de telles circonstances que nous apprécions particulièrement l’encadrement de professionnels…

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Le Salar d’Uyuni est le plus grand désert de sel du monde (11.000 km2 soit la surface de 2 départements Français pour 150 km de long et 100 de large !) situé à 3.658 mètres d’altitude. L’impression est étrange : on dirait que nous roulons sur de la glace tant le sel est immaculé ! De curieux hexagones dessinent des figures inattendues sur la surface d’une parfaite platitude.

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Notre guide nous explique que sur 40 mètres d’épaisseur alternent couches de sel et de glaise. De nombreuses multinationales s’intéressent au site qui recèle quelque 5,5 millions de tonnes de lithium exploitable sur les 11 millions que compterait la planète… Pour le moment les autorités boliviennes n’entendent pas laisser gérer leurs ressources nationales !

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L’Isla Incahuasi, île aux cactus géants appelés aussi « candélabres », est située au milieu de ce désert de sel. En fait, ce n’est pas du tout une île mais une petite colline mais elle se transforme bien en île, quelques jours par an lorsque des précipitations inondent le salar !

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Le Salar d’Uyuni est aussi un beau terrain de jeu pour le parachute ascensionnel

Du sommet de ce promontoire naturel, la vue est époustouflante sur le salar d’Uyuni et le volcan Tunupa qui domine l’immensité blanche de ses 5.420 mètres. Ici se pratique toujours la principale cérémonie andine de la « Mesa Ritual » dédiée à la « Pachamama », notre mère la Terre. Il s’agit d’une offrande aux dieux pour les remercier mais aussi pour leur demander protection… Carmen nous explique l’importance capitale de ces croyances qui se perpétuent dans les populations Aymaras ou Quechuas.

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De curieuses figures géométriques régulières se dessinent sur le sel
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Le soleil est très chaud en cette fin de matinée et la réverbération sur le sel avive cette sensation. Lorsque nous redescendons de la colline, le déjeuner est prêt : nos chauffeurs ont préparé le pique-nique sur les tables de sel !

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On quitte à regret ce paysage unique pour visiter une exploitation de sel à Colchani. Ici, des ouvriers extraient le sel à le sueur de leur front en érigeant de petits tas qui seront emportés par les camions. La récolte est artisanale, plutôt familiale. Dans une cour du village, un jeune garçon est occupé à mettre en sachets le sel réservé à l’usage alimentaire… On voit bien à la vétusté des lieux que ce dur labeur n’enrichit pas les populations locales…

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D’Uyuni à Potosi par la « Route de l’Argent »

minibusCe matin, changement de véhicules. On quitte (À regret !) les 4×4 et leurs chauffeurs pour prendre un mini-bus couleur locale et rejoindre Potosi, l’une des villes les plus hautes du monde à 4.070 mètres d’altitude. La route de l’Altiplano est belle et asphaltée.

Notre premier arrêt sera pour la ville partiellement abandonnée de Pulacayo située à 4.000 m d’altitude. Ici, à la fin du 19ème siècle, 5.000 mineurs travaillaient à 780 mètres sous-terre pour en extraire l’argent.

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L’histoire de Pulacayo marque un chapitre important dans l’exploitation minière bolivienne. Aujourd’hui « Ville-Fantôme », Pulacayo a pourtant compté plus de 10.000 habitants. A cette époque, c’est la mine d’argent la plus importante du pays et la seconde au monde. Au début du 20ème siècle la ville pouvait s’enorgueillir d’équipements technologiques et culturels dignes d’une ville européenne (fileuses anglaises derniers cris, cinéma, bowling, habitations ouvrières de qualité …). Dans un espace muséal à ciel ouvert, on retrouve les locomotives de l’époque (1890) qui reliaient Antofagasta au Chili. La légende dit que l’un de ces trains aurait été volé par Buch Cassidy qui vécut là et mourut à San Vicente plus au sud… Impression étrange que cette ville endormie et ces engins rouillés, abandonnés aux intempéries… qui vécurent une belle épopée et témoignent d’un passé proche prospère dont, hélas, n’ont jamais bénéficié les populations locales…

Potosi : un riche passé
et la ville la plus haute du monde

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Le nom de Potosi se traduit en Quechua par « Tonnerre ». Située à une altitude de 4 070 mètres, c’est une des villes les plus hautes du monde construite, en 1545, au pied du Cerro Rico « La Montagne Riche », une montagne de minerai d’argent qui domine la ville de ses 4.782 mètres.

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Le Cerro Rico

Potosi fut aux 16ème et 17ème siècles la ville la plus peuplée d’Amérique derrière Mexico avec 200 000 habitants. Les rues piétonnes, les maisons coloniales aux couleurs vives, les balcons en bois, tout ici montre un riche passé. Le centre historique de la vieille ville fait partie de la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco.

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Le cloître du couvent de Recoleta à Potosi

L’argent extrait pendant des décennies des entrailles de la montagne dans des quantités colossales – au prix de milliers de vies de mineurs Indiens sacrifiés – alimente les caisses de l’Empire Espagnol pendant des décennies. On dit que la quantité d’argent extraite des mines du Cerro Rico suffirait à construire un pont au-dessus de l’Atlantique pour relier Potosi à la péninsule Ibérique… Et on rajoute que les ossements de mineurs morts dans des accidents y suffiraient également !

L’expression « Vale un Potosi » (« Cela vaut un Potosi » citation de Don Quichotte) s’emploie encore en Espagnol à peu près avec le même sens que l’expression française « C’est le Pérou », dont l’origine historique est la même. Aujourd’hui, bien que déclarées épuisées, les mines sont toujours exploitées par les locaux dans des conditions de sécurité toujours aussi désastreuses.

La mine du Cerro Rico : est-ce ainsi que les hommes vivent ?

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Les feuilles de coca pour minimiser l’enfer !

Nous avons pu visiter l’une des mines du Cerro Rico avec un guide, Pablo, fils et petit-fils de mineurs qui travaille pour l’association des mineurs (Le bénéfice des visites de touristes allant directement à cette association). Il nous conduit d’abord au marché où s’achètent les feuilles de coca indispensables pour ce travail de galérien… En effet, les propriétés hautement antalgiques, coupe-faim et anesthésiantes des feuilles de coca aident le travailleur à supporter cet enfer poussiéreux, chaud et fortement toxique ! Direction les vestiaires des mineurs où nos guides nous demandent de revêtir bottes en caoutchouc, pantalons et grandes vestes accompagnés d’un casque avec lampe frontale… Mesures de sécurité qui vont s’avérer indispensables eu égard l’état vétuste des infrastructures… Malheureusement, c’est dimanche et nous ne verrons aucun mineur au travail…

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Notre cheminement débute dans la gadoue qui colle sous les semelles (On doit bien avoir de l’eau jusqu’aux chevilles !), l’obscurité et la menace de ces galeries sécurisées suivant des méthodes ancestrales… Nous voici arrivés face à Tio Jorge (l’Oncle Georges), espèce de pantin diabolique rouge au sexe démesuré, maître des entrailles de la terre… Il faut être agréable à Tio Jorge pour ne pas subir sa colère et ses châtiments : Pablo lui offre une cigarette allumée, les feuilles de coca achetées au marché et de l’alcool à 90° appelé « Puro » qui permet aux travailleurs de continuer à creuser… Bref, « Germinal », à côté de ça, c’est un club de vacances… Nous nous rendons à l’évidence : les conditions de travail, ici et aujourd’hui, sont absolument intolérables au 21ème siècle ! De nombreux mineurs continuent à laisser leur vie dans des éboulements, des explosions ou encore les maladies professionnelles…

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Nous sommes finalement bien contents de ressortir à l’air libre et de pouvoir respirer malgré une petite pluie fine et un ciel bas qui rendent les lieux encore plus misérables ! La nuit sera un peu difficile à Potosi : nous ressentirons le « Soroche » ou « Mal des Montagnes » dont les symptômes se manifestent par de terribles migraines et nausées…

Sucre, capitale constitutionnelle de la Bolivie…

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Nous quittons Potosi sans regret pour Sucre (à 170 km) capitale constitutionnelle de la Bolivie où siège la Cour suprême. La ville fut fondée par Pedro de Anzures, marquis de Campo Redondo, sous le nom Charcas en référence au peuple Charkas qui vivait dans cette région. En 1825, lorsqu’elle devint capitale de la Bolivie, elle fut rebaptisée en l’honneur du maréchal Antonio José de Sucre, camarade d’armes du libérateur Simón Bolívar.

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Sucre est inscrite au Patrimoine de l’Humanité de l’Unesco depuis 1991 en raison des blancs édifices baroques des 18ème et 19ème siècles qui font tout le charme de son centre historique.

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Pour sensibiliser la population à une meilleure discipline civique, de drôles de zèbres y font joyeusement la circulation !
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… et La Paz, capitale administrative

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Ce matin, envol pour La Paz, capitale administrative de la Bolivie. L’Aéroport International El Alto (Justement nommé !) avec ses 4.061 mètres est le plus haut du monde tandis que La Paz, située « seulement » à 3.660 mètres tient aussi le record d’altitude des capitales !

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Le sommet du Nevado Illimani qui culmine à plus de 6.000 mètres de haut surplombe la ville tandis qu’une centaine de pics enneigés de plus de 5.000 mètres entourent le canyon encaissé. Fondée en 1548 par le capitaine Alonso de Mendoza sous le nom de Ciudad de Nuestra Señora de La Paz (la Ville de Notre Dame de la Paix), la ville a prospéré grâce à sa situation stratégique sur les routes commerciales coloniales.

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A cause de l’altitude, c’est la seule ville au monde où les pauvres vivent sur les hauteurs et les riches en bas ! La Paz s’étage entre 3.200 et 4.000 mètres d’altitude. Le dénivelé est énorme : plus de 1.000 mètres entre l’aéroport et les quartiers aisés de la zone sud : Florida, la Rinconada, Achumani, ou Aranjuez. Notre hôtel se trouve à 3.200 mètres : nous nous sentons beaucoup mieux qu’à Potosi !

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La Paz est un gigantesque bric-à-brac surréaliste où se côtoient de grosses limousines aux vitres teintées et blindées et les populations colorées et misérables des quartiers d’en haut dont les baraques s’entassent les unes sur les autres au détriment de toutes les lois de l’urbanisme et de la gravité… Lorsqu’il pleut un peu trop, ces constructions anarchiques dégringolent la montagne dans de gigantesques glissements de terrains emportant avec elles leurs habitants…

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Dans le centre historique colonial, on visitera la Place d’Armes, le Palais du Gouvernement, l’Hôtel de Ville, la cathédrale… Et les marchés dont le fameux « Marché aux Sorcières » avec son lot de potions et poudres magiques, grigris, crapauds, foetus de lamas séchés qui font partie des rituels Aymaras… On en profitera aussi pour acheter des souvenirs aux artisans, avec notamment des pulls, chapeaux, gants en alpaga qui sont vendus, ici, au moins trois fois moins cher qu’au Chili ! (Avis aux amateurs !)

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Enfin, on ne peut pas quitter La Paz sans visiter la Vallée de la Lune (El Valle de la Luna en Espagnol) dans la périphérie de la mégapole : c’est une série de collines où l’érosion a créé, sur le sol argileux, un désert de stalagmites érigées en oeuvres d’art… Le temps est beau et cet étrange paysage est vraiment photogénique !

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Rencontre avec le peintre Roberto Mamani Mamani

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A côté du Musée National Folklore, dans le quartier des artistes (Calle Indaburo 710/Esquina Jaen), nous avons rendez-vous avec Roberto Mamani Mamani, artiste bolivien de l’ethnie Aymara (né le 6 décembre 1962) dont les expositions ont déjà parcouru la planète de Londres à New York et de Paris à Tokyo… Son œuvre est significative – par l’utilisation des traditions et symboles – des indigènes aymaras. Ses peintures, très colorées au dessin stylisé, puisent dans l’héritage aymara, et représentent, entre autres thèmes des images de mères indigènes, de condors, de soleils et de lunes. Le peintre emploie les couleurs fortes, chatoyantes, que l’on trouve dans les couvertures artisanales traditionnelles, encore largement utilisés par les populations autochtones de l’’Altiplano bolivien. L’utilisation de symboles est particulièrement importante dans le contexte de l’Amérique du Sud où les cultures autochtones ont été longtemps considérées comme inférieures à la culture européenne. De merveilleuses oeuvres pour un créateur très accessible et vraiment sympathique ! Notre guide, Carmen, était vraiment émue en recevant la dédicace de ce grand monsieur !

En route vers le Chili…

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Départ de La Paz pour rejoindre le Chili par la Route Internationale 11-CH qui passe par le col de Tombo Quémado. Nous avons quelque 400 km à parcourir pour atteindre Putre ( 3.500 mètres d’altitude) au Chili.

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La banlieue de La Paz, en altitude, n’en finit pas de monter… Tandis que les locaux s’entassent dans des genres de taxis de brousse.

En fin de matinée, bel arrêt « pique-nique » au Parc National Lauca (Du nom du Rio Lauca dont il renferme la source), véritable sanctuaire de la nature entouré de volcans et de cimes aux neiges éternelles dont le Parinacota (6.342 m) et son jumeau, le Pomerape (6.282 m) appelés aussi les Nevados de Payachatas. Ce Parc fait partie de la Réserve de la Biosphère depuis 1981.

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Après cette pause bucolique, nous voici de retour dans une réalité moins réjouissante : le passage de la frontière Bolivie/Chili. Des centaines de camions y font une indescriptible queue de plusieurs kilomètres attendant avec patience les précieux tampons distribués avec parcimonie par des douaniers zélés et partiellement en « paro » (comprendre « grève » !)…

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Nous sommes à une altitude encore très élevée (4.500 mètres) tout près de la Laguna de Chungara et devrons attendre presque deux heures dans un bureau glacial qu’un fonctionnaire veuille bien passer nos valises au portique de contrôle… Présentation de notre guide chilienne, Andrea qui va nous accompagner pour la suite du voyage. Changement de guide, au revoir à Carmen, mais changement aussi de véhicule et de chauffeur : ceux de Bolivie ne franchissent pas la frontière ! J’imagine aisément le tracas que doit être un tel passage en voyageur individuel…

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Arrivée en fin de journée au village de Putre (Qui signifie « Murmure des eaux ») à l’architecture coloniale et aux ruelles pavées. L’Hosteria Qantati qui nous héberge est constituée de jolis bungalows fleuris. La salle à manger aux imposants fauteuils et à la grande cheminée étonne dans ce décor rustique. Ce village de l’Altiplano devient glacial dès que décline le soleil… Un écart thermique considérable sépare le jour de la nuit… Nous dégusterons, à l’auberge du village, la soupe au quinoa et le ragoût de lama… Heureusement que le mini-bus est là : l’hôtel est assez éloigné du centre et il n’y a pas d’éclairage urbain !

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Le village de Socoroma sur notre itinéraire et sa belle église « San Francisco » en adobe

De Putre à Arica :
150 km et 3.500 m de dénivelé qui mènent au Pacifique !

Ce matin, nous reprenons la route à destination de la côte Pacifique pour rejoindre la ville d’Arica. Au cours de cette vertigineuse descente vers l’Océan, on voit rapidement le paysage évoluer : de minéral, il devient herbeux puis apparaissent les cactus candélabres et enfin, voici la Vallée d’Azapa, fertile oasis et verger du Chili. Oliveraies, agrumes, tomates, dattes… et des géoglyphes (Comme à Nazca au Pérou) représentant humains et animaux (serpents, lézards, chameaux…).

Les « chinchorros » : plus vieilles momies du monde !

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Douze kilomètres avant d’arriver à Arica, on visite le musée archéologique de San Miguel d’Azapa. Situé dans un ancien moulin à olives, il évoque la vie quotidienne des populations andines (artisanat : vanneries, tissus, céramiques…) mais il est surtout réputé pour la collection de momies chinchorros les plus anciennes du monde !

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Bien avant les Egyptiens (7.000 ans), ce peuple d’Amérique du Sud avait déjà inventé un procédé de momification consistant à éviscérer les corps pour les assécher. Ceux-ci étaient démembrés et les organes et les os extirpés puis remplacés par des joncs et recouverts de boue. Les archéologues ont aussi découvert des momies noires, plus récentes. Vieilles de 4.600 ans, elles prennent une couleur noire à cause du mélange de magnésium et de boue qui les recouvre. Au total, ce sont plus de 300 momies datant de différentes époques qui sont encore étudiées au musée qui appartient à l’Université de Tarapaca. Tous les Chinchorros (adultes, enfants et même fœtus) pouvaient bénéficier de la momification, contrairement aux Égyptiens qui ne la réservaient qu’à l’élite. Un musée vraiment intéressant !

Arica, la ville de l’éternel printemps !

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Nous voici arrivés à Arica, petite station balnéaire créée en 1570. Arica est connue pour être « La ville de l’éternel printemps » : c’est l’endroit habité le plus aride du monde selon les mesures de pluviométrie. La cité joua très vite le rôle de port commercial pour transporter l’or de Potosi vers l’Europe. Sa colline, le « Morro de Arica » fut le théâtre d’un célèbre épisode de la « Guerre du Pacifique » en 1880. Jusqu’alors, elle faisait partie du Pérou. Aujourd’hui, elle est fréquentée par les Chiliens mais aussi les Boliviens qui n’ont pas d’accès à la mer, et toute une clientèle internationale profitant du vivifiant air marin avant de se mesurer à la Cordillère !

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Nous sommes heureux, après ce grand voyage en altitude, de pouvoir sentir les bienfaits iodés de l’océan ainsi que la décompression du niveau « zéro » ! L’Hôtel El Paso (Choisi par Nouvelles Frontières pour le circuit) construit sur un plan, en adobe, autour de la piscine, est une véritable oasis dans le grouillement de la ville. Voici l’ultime étape de notre itinéraire : demain nous quittons le groupe qui s’envole pour Santiago : nous retournons à San Pedro d’Atacama !

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Arica est la ville d’Andrea (Notre Photo). Aussi est-ce avec encore plus d’enthousiasme qu’elle nous fait visiter les rues piétonnes puis la Casa de la Cultura abritée dans l’ancienne douane construite par les ateliers de Gustave Eiffel et inaugurée en 1874. Le même Eiffel édifia aussi la cathédrale néo-gothique San Marcos : préfabriquée en fer dans les ateliers parisiens de l’artiste, elle fut transportée par bateau. Sur place, recouverte de bois, elle est inaugurée en 1876. Arica possède aussi un casino qui, by night, lui donne des allures de petit Las Vegas !

arica_egliseLes deux monuments d’Eiffel : l’église et l’ancienne douane

Ce soir, nous nous séparons de nos compagnons de route. Chacun y va de son « Hasta luego » (A bientôt) après les échanges de mails et de portables… Il nous reste une grande journée à passer à Arica car nous prenons le bus à 22 heures !

Andrea se propose spontanément de nous faire découvrir un peu plus sa ville et ses alentours. Un grand merci pour sa présence si amicale et chaleureuse. Professionnelle aussi, puisqu’elle se chargera d’acheter nos tickets et de nous accompagner, le soir, jusqu’à la gare routière où il est bien difficile de se repérer dans un brouhaha incroyable et des dizaines de bus qui vont et viennent…

Devenue notre « guide privée » le temps d’une journée, Andrea nous fait découvrir le port aux pêcheurs, coloré et joyeux, où des dizaines de pélicans attendent la précieuse nourriture jetée des bateaux tandis que les phoques nonchalants plongent au ralenti pour essayer de récupérer les restes qui leur ont échappé… Un très joli tableau et un cadre idyllique pour apprécier les coquillages et poissons juste pêchés proposés par le petit restaurant au bord de l’eau (et sans touristes) dont elle connaît les propriétaires !

Arica cache encore d’autres merveilles : la Playa Corazones, au sud. Nous quittons le taxi à l’issu de la route bitumée pour emprunter un sentier qui longe la falaise. Sable noir, grottes naturelles… Ici, voici 7.000 ans, les Chinchorros pratiquaient l’habitat troglodyte ! Andrea est fière de nous offrir ces paysages grandioses où la mer, déchaînée, offre autant de jacuzzi bouillonnants…

Ces rochers, dangereux, ne sont pas propices à la baignade ! En revanche, nos objectifs ne se lassent pas de déclencher… Nous avons eu la chance de rencontrer Andrea car nous serions sûrement passés à côté… Hasta Luego !

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D’Arica à San Pedro d’Atacama by night…

Partis d’Arica à 22 heures, nous arriverons à Calama vers 8 heures du matin pour reprendre finalement un autre car pour San Pedro à une heure de route. La nuit ne fut pas sans quelques émotions : nous avons traversé des zones enneigées, voire glacées à haute altitude et le crissement de la glace sous les roues du véhicule n’est pas pour rassurer… Autre anecdote : en pleine nuit, arrêt à un « Check Point » à l’intérieur même du Chili où tous les passagers à moitié assoupis et congelés – nous sommes en haute altitude – doivent descendre, reconnaître leurs bagages et les passer eux-mêmes sur un tapis de contrôle similaire à ceux de l’aéroport… Une halte d’environ une heure à laquelle nous n’avons rien compris ! Mais avec les autorités policières, mieux vaut faire profil bas et user de patience…

San Pedro, un village-oasis en plein désert d’Atacama

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Après les péripéties du trajet en car, nous voici de retour à San Pedro que nous avions à peine entrevu au début de notre voyage… San Pedro est le centre touristique du Chili du Nord et le passage obligé pour les expéditions dans la Cordillère. La population qui arpente la rue principale, Caracoles, est multi-culturelle surtout composée de routards à la conquête des Andes et de voyageurs amoureux des cultures latines. Nous remarquerons, à l’écoute des conversations qu’il y a de très nombreux Français !

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San Pedro est à 2.400 mètres d’altitude : ça fait du bien ! C’est un joli village en adobe dominé par deux volcans : le Licancabur (5.916 m) et le Sairecabur (5.971 m). Le bourg existait bien avant les Incas et était occupé par les peuples d’Atacama célèbres pour leurs céramiques ou leurs vanneries. On y trouve les Conquistadors Espagnols dès le 16ème siècle. L’atmosphère y est décontractée, amicale et le ciel sans nuages… La Place de l’église est idéale pour en apprécier l’ambiance hétéroclite. San Pedro est vraiment l’endroit où il fait bon se poser pour visiter toutes les attractions alentours ! Et des sites d’intérêt, il y en beaucoup : en trois jours nous n’aurons pas le temps de tous les voir !

La Vallée de la Lune, sculptée par l’érosion

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A 16 heures, le mini-bus du prestataire de NF (turistour.cl) fait le tour des hôtels pour embarquer les participants. Nous allons assister au coucher de soleil du sommet de l’une des dunes avec vue sur la Cordillère et l’Altiplano.

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Nous circulons en direction de la Cordillère de Sel, fond d’un ancien lac asséché : les sédiments exposés au vent y ont sculpté d’authentiques chefs-d’oeuvre. La Vallée de la Lune est une immense étendue de sable parsemée de sel et entourée de crêtes, de pics, de collines… Le climat désertique (absence d’humidité) lui confère une grande amplitude thermique entre le jour et la nuit. Il n’y a ni flore ni faune, excepté un petit lézard endémique appelé Liolaemus que nous n’avons pas croisé…

atacama_vallee5Ces paysages désolés mais hauts en couleurs entre ocres, gris et marrons, évoquent vraiment l’idée que nous nous faisons de ceux de la lune ! Dès que le soleil décline, il commence à faire froid mais cette soudaine baisse de température ne pourra pas nous empêcher d’apprécier un grandiose coucher de soleil !atacama_luna2Le Salar d’Atacama et la Laguna Chaxa

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Toconao : l’intérieur de l’église (ainsi que la porte) sont en bois de cactus

Après avoir traversé le village de Toconao (à 33 km de San Pedro) et immortalisé sa belle église blanche au clocher curieusement séparé de l’édifice, nous voilà dans la Vallée du Paradis, la Quebrada de Jerez, petite oasis où coule une rivière en plein milieu du désert !

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Continuation vers le Salar d’Atacama, le plus grand du Chili avec ses 300.000 hectares. La couche saline fait place parfois à des lacs saumâtres dont la Laguna Chaxa peuplée de flamants roses. Un site bien aménagé (joli sentier au milieu du sel) pour le tourisme et qui fait partie de la Réserve Nationale des Flamants (Reserva Nacional de los Flamencos). Ici, encore, nous assisterons à un mémorable « sunset »…

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Parmi les « must » : Les Geysers du Tatio

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Aujourd’hui, ce n’est pas le coucher de soleil qui est au programme, mais le lever ! La journée d’excursion aux geysers du Tatio débute à 4 heures du matin… Les fumerolles, ça se mérite ! Situés à 90 km au Nord de San Pedro d’Atacama, les geysers se trouvent à 4.280 mètres d’altitude au pied des volcans Tatio et Linzor (5.680 m).

Avec environ 80 geysers, le Tatio est le plus important de l’hémisphère sud et le 3ème au monde après Yellowstone aux USA et la Vallée des Geysers de Russie. Le site s’étend sur 30 km2 et l’éruption la plus haute fait environ 6 mètres.

Le nom « El Tatio » provient du mot « el tata » qui signifie « grand frère » dans l’Atacama. D’après la légende, le volcan du même nom donne la force aux geysers et protège les populations autochtones.

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Nous arrivons juste avant le lever du soleil : c’est à ce moment précis que la différence de température (Il fait environ – 10° C !) permet d’admirer la formation des cheminées de vapeur : le lever du jour est grandiose et la température monte très rapidement… Déjà les geysers perdent de leur puissance tandis que les vigognes apparaissent à l’horizon… Le spectacle est terminé !

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Une piscine bétonnée appelée « Pozon Rustico » permet aux plus courageux de faire « trempette » dans des vapeurs dignes d’un sauna norvégien… Le soleil est déjà levé…

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Au retour, arrêt au village de Machuca où les touristes peuvent déguster des brochettes de lama ou des empanadas, les fameux petits chaussons fourrés au fromage, aux pommes de terre, ou encore à la viande et aux légumes. Le village en adobe possède, sur une colline, l’église San Santiago, qui domine le paysage.

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Notre circuit « Beautés Andines » avec Nouvelles Frontières s’achève ici. Demain, nous reprenons l’avion pour Santiago et allons commencer un nouveau voyage vers le sud du Chili (A suivre dans un prochain reportage). Nous remercions particulièrement Victoria Proffit, Responsable des Relations Presse du Groupe TUI France (auquel appartient Nouvelles Frontières) et sa collaboratrice, Virginie Barjaud, qui ont organisé notre circuit « Beautés Andines » à la dernière minute… Cet itinéraire fabuleux est à nouveau programmé à l’automne 2014 (Prochain départ : 07/09/2014) mais des voyages « sur-mesure » peuvent aussi être organisés par le T.O. à tout moment de l’année. Une extension de 4 jours à l’île de Pâques est aussi prévue.


Comment y aller ?

lapaz_vieilleNOUVELLES FRONTIÈRES, SPÉCIALISTE DE L’AMÉRIQUE DU SUD

Nouvelles Frontières s’inscrit comme l’un des spécialistes de l’Amérique du Sud avec des propositions voyages pour tous les goûts. En circuits individuels ou groupés, Nouvelles Frontières emmène le voyageur à la découverte du Chili et de la Bolivie à travers un itinéraire à couper le souffle : « Beautés Andines ». Un circuit complet à la découverte des beautés du nord du Chili et une incursion de plusieurs jours en Bolivie voisine où les Andes se dévoilent à travers leurs richesses naturelles et leur peuple de montagne.
A partir de 3 990 € par personne, 16 jours/13 nuits en demi-pension, logements hôtels 2*,3*, 4* et hosterias, guide local francophone, visites mentionnées au programme, transferts en minibus, vols intérieurs, vol Paris-Santiago A/R sur Ibéria. Informations : www.nouvelles-frontieres.fr ; par téléphone : 0 825 000 747 ainsi que dans les Agences de Nouvelles Frontières.


Texte : Dany Antonetti
Photos : Gérard Antonetti

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