ESCALES À CUBA

La Havane, Cienfuego et Varadero

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Nous sommes partis du port de La Havane pour embarquer sur le Star Flyer. L’occasion de prendre le temps, avant la croisière de découvrir la beauté, un peu nostalgique de La Havane qui est en train de changer… A l’issue de la croisière nous avons débarqué à Cienfuegos, Patrimoine de l’Humanité et enfin, pour terminer le voyage, stop balnéaire à Varadero, sommet du tourisme cubain.

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La Havane, une des plus anciennes villes du Nouveau Monde

Pourquoi vient-on à La Havane ? On y vient sûrement attiré par cette fameuse architecture coloniale qui fait de la vieille ville un bijou de l’humanité protégé par l’Unesco. On y recherche un peu d’Espagne, celle des conquistadors ou de l’Andalousie avec la fraîcheur de ses patios luxuriants. On y vient car on pense retrouver une similitude avec ce qu’on a adoré ailleurs où les mêmes colonisateurs ont aussi laissé leur empreinte… On y vient parce qu’Hemingway fait partie de nos auteurs préférés et qu’on a déjà vu sa maison, là-bas, de l’autre côté de l’Océan Atlantique, tout près, en Floride, à Key West et à moins de 200 km des côtes cubaines… On veut alors tout connaître de la vie cubaine de «Papa» comme on l’appelait familièrement ici et découvrir les lieux qui lui ont inspiré «Le vieil homme et la mer» ou encore boire les mêmes cocktails que lui, dans les mêmes bars toujours en service… D’ailleurs, ne déclarait-il pas : «Le matin mon Daïquiri à la Floridita et le soir mon Mojito à la Bodeguita»

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On y vient, enfin, parce que notre adolescence a été bercée par les glorieuses victoires d’un héros mythique et terriblement romantique, Che Guevara, tombé le 9 octobre 1967 dans la forêt bolivienne à 39 ans victime d’une embuscade concoctée par l’armée du pays épaulée par la CIA… Le «Che» qui, durant sa courte vie n’a jamais failli à ses idées et qui quitta un fauteuil de ministre charismatique à Cuba pour exporter la Révolution, ailleurs, en Amérique du Sud…

Ultime curiosité intellectuelle, on vient voir ce qu’il reste de la Révolution… Le petit «crocodile vert» des Caraïbes (eu égard à sa forme étirée) comme l’appelait tendrement le poète Nicolas Guillén (mort en 1989), était – jusqu’à ces dernières années – bien isolé face au géant américain qui le maintenait sous embargo depuis 1962 ! Nous y arrivons à un tournant historique : en même temps que Barak Obama, premier Président Américain à fouler le sol cubain – ce dimanche 20 Mars 2016 – depuis 1928 ! Barak qui a promis la normalisation des relations économiques entre les deux pays voisins même si la décision finale de levée de l’embargo ne peut venir que du Congrès… Air Force One, avec à son bord la famille Obama, se pose sur l’aéroport de La Havane pour une visite historique et Barak, himself, twitte en Espagnol « Que bolà Cuba » (Comment ça va Cuba ?). Ce fut pour les deux protagonistes un véritable moment historique…

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Les belles Américaines (il y en aurait environ 400.000 dans tout le pays dont 100.000 à La Havane) rescapées des années 40/50 n’en finissent plus d’être rafistolées et de toussoter péniblement au démarrage en dégageant une masse de fumée noire et malodorante d’un pot chromé et souvent rutilant qui n’a rien de catalytique ! Ces Chevrolet, Cadillac, Bentley, Oldsmobile, Chrysler et autres Ford se contemplent à travers le monde dans des musées : ici, elles foncent dans la ville, reconverties en taxis, fantômes surréalistes d’un passé d’avant la Révolution où les Américains avaient investi le pays à la recherche de sensations exotiques, y installant la mafia accompagnée de son cortège de jeux et de prostitution qui transformait Cuba en véritable république bananière !

Explorer La Havane…

La Havane fut fondée en 1514 par les Conquistadors Espagnols le jour de la Saint Christophe d’où son véritable nom «San Cristobal de la Habana». Entre 1538 et 1544 est construite la première forteresse, le Castillo de la Reale Fuerza (Château Fort de la Force Royale) pour protéger la ville des pirates et flibustiers. C’est une des plus anciennes forteresses de l’Amérique Hispanique. A son sommet s’élève la Giraldilla, statue de bronze du 17ème et symbole de La Havane. Ensuite, furent érigés le Castillo del Morro et le Castillo San Carlos de la Cabana car les invasions navales étaient redoutables. Ces architectures militaires sont, aujourd’hui, en excellent état de conservation.

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Habana Vieja, la vieille Havane, est un musée à ciel ouvert : il n’y a pas d’itinéraire à suivre, pas de rues à privilégier. Il suffit d’y pénétrer et de déambuler au feeling et au gré de son inspiration, la tête levée, quêtant les détails d’architecture, balcons en fer forgé, frontons à médaillons, palais mauresques, palais Art déco, colonnades à profusion, cafés célèbres, boutiques d’apothicaires, couleurs passées ou restituées par des réhabilitations plutôt réussies…

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La Bodeguita del Medio (Boutique du Milieu) est située sur la calle Empedrado, la première rue pavée de La Havane. Placé à côté d’une imprimerie, le café était dans les années 40/50 le lieu de rendez-vous des journalistes et écrivains ainsi que des acteurs hollywoodiens qui «descendaient» à Cuba. Un coin du bar est dédié à son plus célèbre consommateur : Ernest Hemingway ! L’Américain le plus aimé des Cubains séjourna, dès 1932, à l’Hôtel Ambos Mundos (155, calle Mercaderes), dans la chambre 501. Il finit d’y écrire trois romans : «L’adieu aux armes», «Pour qui sonne le glas» et «Les neiges du Kilimandjaro». En 1940, il achètera sa villa de la Finca où il écrira «Le vieil homme et la mer» (1952) juste avant de recevoir le Prix Nobel de Littérature (en 1954) dont il offrira généreusement les royalties au peuple cubain qu’il côtoya pendant 20 ans !

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La Place de la Cathédrale est un exemple typique de l’architecture espagnole avec tous les palais qui l’entourent dont celui transformé en Musée Colonial et El Patio devenu un restaurant. Quand on regarde l’édifice, de style baroque, on s’aperçoit de sa dissymétrie : les deux tours sont de dimensions différentes. On remarque aussi que les niches extérieures sont vides : les Espagnols ont emporté leurs statues ! La cathédrale abrita longtemps les cendres de Christophe Colomb mais celles-ci furent transférées à Séville lors de l’indépendance de Cuba. Ensuite, on pourra parcourir la rue Obispo, la plus animée de toutes, avec ses boutiques, ses librairies, ses pharmacies d’époque pour déboucher sur le «Parque Central» entouré des palaces de l’Hôtel d’Angleterre et Plaza.

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On arrive sur Le Prado (ou Paseo José Marti) l’une des avenues les plus chics du temps de la splendeur coloniale avec ses lions de bronze, ses lampadaires Art déco et tous ses beaux immeubles à colonnades qui présentent aujourd’hui des façades fatiguées et délavées. Le Prado commence juste devant le Capitole, fidèle réplique de celui de Washington qui fut le siège du Parlement jusqu’en 1959. C’est aujourd’hui l’Académie des Sciences et Technologies. La coupole, de 94 mètres de hauteur est impressionnante avec sa gigantesque statue de La République qui serait la plus grande statue intérieure au monde. La promenade finit sur le port face à la forteresse San Salvador de la Punta appartenant à la Marine de Guerre. En face s’élève le Castillo de los Tres Reyes del Morro construite par les Espagnols à la fin du 16ème siècle. Dans son prolongement, la forteresse San Carlos de la Cabana est l’une des plus grandes bâties par les Espagnols en Amérique. Elle renferme le musée des Armes ainsi qu’un musée dédié à Che Guevara.

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La Place de la Révolution est immense puisqu’elle peut contenir un million de personnes. C’est de là que Fidel prononça tous ses discours et là aussi qu’un hommage national fut rendu au «Che» à l’occasion de sa mort. Autour tous les édifices importants de l’Etat : Comité Central du Parti Communiste, Palais du Gouvernement, Théâtre et Bibliothèque Nationale, bâtiments administratifs… Un immense portrait mural du Che (sur l’immeuble du Ministère de l’Intérieur) porte le slogan «Hasta la victoria siempre» tandis qu’un très grand monument blanc en forme d’étoile à cinq branches est dédié à José Marti.

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L’ancien Palais Présidentiel de Batista abrite le Musée de la Révolution. Très intéressant, il retrace toute l’histoire de Cuba depuis l’arrivée de Christophe Colomb. Tous les souvenirs de l’épopée et une salle consacrée au Che. Le mémorial «Granma» (nom du journal quotidien du Parti) expose, à travers une vitrine, le bateau qui conduisit Castro, le Che et leurs compagnons, du Golfe du Mexique aux côtes cubaines.

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L’avenue de la mer, le Malecon, relie la vieille ville aux quartiers du Vedado et de Miramar. C’est une longue digue de 7 km de long protégeant les façades des colères atlantiques… Mais le sel agressif (et sans doute aussi les violents ouragans) ont eu raison de ces édifices nés de la splendeur coloniale qui s’écroulent littéralement victimes de l’usure du temps et du manque d’entretien… Pourtant de nombreuses rénovations commencent à être entreprises… En parcourant la promenade à pied, on arrive au Vedado, centre actuel de la ville où se trouvent tout le commerce, les affaires et de nombreux hôtels comme l’Hôtel Nacional, Habana Libre ou encore le Victoria, sortis de leur léthargie et bien «liftés» pour accueillir le flot touristique qui ne cesse de croître. Miramar est le quartier résidentiel avec ses belles maisons modernes, les ambassades qui se succèdent sur la… 5ème Avenue : tout un symbole ! La Havane est en chantier permanent grâce à la protection de l’Unesco et à l’apport de capitaux étrangers. Peu à peu, les trous béants se comblent, les soutiens des façades disparaissent et de nouveaux édifices ressuscitent dans le paysage urbain presque comme au temps de leur splendeur… Dans peu de temps, la physionomie de la ville aura complètement changé et les vieilles américaines, à bout de force, finiront par déserter les rues de la capitale cubaine : il est donc temps de la visiter !

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La musique est une priorité à Cuba : chaque ville possède sa «casa de la Trova», véritable maison de la musique où se réunissent tous les passionnés de salsa, cha-cha-cha, mambo, charanga et autres rumba : «Pendant trois siècles, dit le musicologue Fernando Ortiz, chants, danses, musiques allaient et venaient entre Cuba et l’Andalousie, l’Amérique et l’Afrique, et La Havane fut le centre où tous fusionnèrent avec la chaleur la plus vive et toutes les couleurs de l’arc-en-ciel».

Cienfuegos, la «Perle du Sud»

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Ultime étape pour notre croisière : c’est ici que nous quittons à regret le Star Flyer pour faire une petite incursion en terre cubaine ! Située à 228 km de La Havane, Cienfuegos fut fondée en 1819 par un Français (de Bordeaux), Jean-Louis Laurent de Clouet.

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La ville est inscrite au Patrimoine de l’Humanité de l’Unesco depuis 2006. C’est la troisième de Cuba à bénéficier de la prestigieuse appellation après La Havane et Trinidad. De nombreux immigrants venus de Louisiane y ont aussi laissé des maisons typiques «New Orleans». L’avenue de front de mer, comme à La Havane, s’appelle – comme à La Havane – le Malecon.

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Au coeur de la ville, il faut voir le Parque José Marti avec la cathédrale, le kiosque à musique et le Théâtre Tomas Terry (construit en 1889 par la famille d’un milliardaire vénézuelien) à la façade néo-classique où chanta le célèbre ténor italien Caruso et se produisit la mythique Sarah Bernhardt. La salle de 950 places conserve ses sièges en bois numérotés et fait encore partie, aujourd’hui, des temples de la musique cubaine. La rue centrale de Cienfuegos est «le Bulevar» (à prononcer en Français) : elle est piétonne et renferme de nombreuses boutiques.

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Maison Art Deco sur le Malecon
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Le Palacio del Valle, un délire gothique, mauresque et vénitien fut érigé en 1894 par un milliardaire espagnol. Il est transformé en restaurant de luxe offrant les produits de la mer dont la fameuse langouste.
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Le Palacio Ferrer (Art Nouveau/1918) abrite la Maison de la Culture

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Varadero, la station balnéaire internationale

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Varadero est située sur la péninsule de Hicacos, à 140 kilomètres à l’est de La Havane, à l’extrémité orientale de l’autoroute Via Blanca. La péninsule ne fait que 1 200 mètres à son point le plus large et est séparée de l’île de Cuba par le canal de Kawama. Elle est reliée à l’île par un pont à bascule. Ce morceau de terre s’étend de l’île vers le nord-est, et son extrémité, Punta Hicacos, est le point le plus septentrional de l’île de Cuba et le plus proche des États-Unis. À l’extrémité nord de la péninsule se trouve une réserve naturelle avec des forêts vierges et des plages. Varadero, aussi appelée Playa Azul, station balnéaire populaire, c’est l’une des plus grandes des Caraïbes fréquentée par des touristes canadiens, russes et européens.

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Une marina qui n’a rien à envier à ses concurrentes

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Le tourisme se développa dans les années 1930 lorsque Irénée Dupont de Nemours, un milliardaire américain, y fit construire un domaine. Toutefois, après la révolution cubaine, en 1959, la plage fut ouverte au peuple cubain et tous les riches propriétaires furent expropriés.

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Le célèbre Parque Josone, complètement emmuré, fut construit en 1942 par José et Onelia (d’où son nom, par contraction), un couple richissime qui installa sa propriété sur un terrain vendu par Dupont de Nemours. Notre voyage s’achève ici et nous quittons, à regret, le chaud soleil caribéen, les eaux cristallines et ce peuple chaleureux et hospitalier qui s’éveille à la société de consommation… Hasta la Vista Cuba !

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REPORTAGE : TEXTES/DANY ANTONETTI – PHOTOS/GÉRARD ANTONETTI


Remerciements : Nous remercions particulièrement Laetitia Vigneau, Attachée de Presse de la Compagnie Star Clipper pour la réalisation de ce reportage à bord ! Pas de remerciements particuliers aux autorités cubaines : aucune aide ni logistique, ni matérielle… Un Office de Tourisme à Paris qui semble ne servir à rien…on vous raccroche au nez quand vous prononcez le mot « Journaliste » !

CARNET DE VOYAGE : BONS PLANS

Hébergements : Nous avons opté pour les « Casa Particular » c’est à dire l’hébergement chez l’habitant très prisé à Cuba. La première adresse, à La Havane, nous l’avons choisie sur le Guide « Le Petit Fûté Cuba » un excellent auxiliaire de voyage surtout qu’à Cuba, faut pas compter se connecter toute la journée (Un service tenu par l’Etat à 3 €/Heure)… Ah, le bon vieux papier… Et les deux autres, ce fut par notre première hôte qui nous dirigea chez des amis ! Partout la même chaleur, des chambres modestes, certes, mais très propres, des petit-déjeuners copieux et des repas à 10 € et 15 €avec langoustes… Bref, nous recommandons ce type de logement à nos lecteurs pour être plus près des gens et voyager à des tarifs raisonnables…

LA HAVANE : LA CASA DE CANDIDA Y PEDRO, vraiment centrale pour tout découvrir à pied.Site :

www.lacasadecandida.com

CIENFUEGOS : HOSTAL ARELYS & JESUS, en plein centre aussi.

Mail pour réserver : arelys5418@nauta.cu

VARADERO : ORIALY & JULIO. Mail : orialy67@nauta.cu