ALLEMAGNE : Forêt Noire & Bavière

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Dans le Parc National de la Forêt Noire et en Bavière

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L’Office du Tourisme d’Allemagne nous conviait, en juin dernier, à une découverte de ces belles régions montagneuses qui font la fierté du territoire… Une balade non exhaustive, dépaysante, bucolique…et qui invite au retour pour une exploration un peu plus approfondie !

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A seulement une heure quinze de route de Strasbourg, la Forêt Noire est un véritable dépaysement naturel pour les Français. Son Parc National a été créé en janvier 2014 et c’est le premier dans la région du Bade-Wurtemberg. Il est situé à une altitude moyenne de 1.000 mètres ce qui le soumet à un climat rude et à des précipitations abondantes (Nous en avons fait l’expérience !). Ses panoramas grandioses, ses forêts sauvages de résineux, ses lacs profonds situés dans des cirques glaciaires et ses sombres marécages lui confèrent un visage unique.

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Le Parc organise des circuits guidés par des écogardes et justement, nous avons rendez-vous avec l’un d’entre eux, Charly Ebel (Notre photo ci-dessus), qui nous propose une petite balade éducative histoire de se mettre en jambe pour le début du séjour ! Il a plu toute la journée et même si le ciel s’est partiellement éclairci, le terrain demeure très glissant et nos baskets ont du mal à se dégager de la boue collante et des immenses flaques d’eau…

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Nous avançons avec vigilance derrière notre guide qui se balade avec un pesant « bois de cerf » et précise que les grands cervidés peuplent ces lieux mais aussi le coq de bruyère, le lynx, le chevreuil ou la salamandre terrestre… « Ici, dit-il, nous avons balisé 1.100 km de sentiers pédestres qui traversent des paysages rassemblant 50 montagnes dont l’altitude est comprise entre 800 et 1.000 mètres et 5 lacs d’origine glaciaire. Nos sentiers sont thématiques et chacun peut choisir en fonction de ses affinités : celui du Lotharpfad, organisé pendant la saison touristique, est le plus court. Il existe aussi des circuits de plusieurs heures, par exemple pour se rendre aux cascades d’Allerheiligen, au lac du Wilder See ou au sommet du Hornisgrinde ».

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Baiersbronn, station de ski et royaume
de la haute gastronomie

Nous posons nos valises dans le douillet Hôtel « Lamm » (lamm-mitteltal.de) tout de bois revêtu et dont l’ambiance cocooning inviterait bien au farniente et aux traitements bienfaisants du spa… Mais notre séjour est avant tout sportif !

Baiersbronn est une station de tourisme et de ski traversée par la Murg, un affluent de la rive droite du Rhin. C’est la seule ville allemande ayant deux restaurants trois étoiles au Guide Michelin : Harald Wohlfahrt au Restaurant Schwarzwaldstube à l’Hôtel Traube Tonbach et Claus-Peter Lumpp au Restaurant Bareiss à l’Hôtel Bareiss. Le Chef Jörg Sackmann du Restaurant Schlossberg à l’Hotel Sackmann détient aussi une étoile !

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Ce soir, c’est la table du Restaurant Bareiss qui nous accueille pour une découverte gustative associée aux crus locaux. L’établissement (Notre Photo), qui fait partie de la très sélective chaîne « Relais & Châteaux » a reçu le titre de « Best Resort in Europe en 2012 » (bareiss.com)

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Les serveuses en costume, les fermes typiques, l’architecture, le fameux gâteau « Forêt Noire », le jambon fumé « Bollenhut », la bière servie dans des chopes géantes, le blond Riesling fruité et les horloges à coucou sont  autant de clichés de cartes postales qui ravissent pourtant les visiteurs que nous sommes ! Mais il y a tellement d’autres choses à découvrir au-delà des lieux communs…

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Faudra attendre encore quelques semaines pour déguster les fraises des bois !

Le meilleur atout de la région ? la diversité de ses paysages : du Rhin supérieur aux vallées de la Nagold, du Neckar à la région de la Wutach, des vignobles ensoleillés aux forêts profondes, des tourbières aux lacs de baignade, des rochers d’escalade aux vergers, des douces collines de l’Est au Kaiserstuhl de l’Ouest. Et entre tout cela de larges vallées, des gorges encaissées, des montagnes ensoleillées.

Balade à VTT avec Andréas

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Ce matin, nous rencontrons Andréas qui ajoute à son métier d’opticien celui de guide à VTT. Les cieux ne sont pas avec nous et c’est sous une pluie persistante que nous allons explorer les alentours ! Les plus téméraires vont défier les éléments et apprécier le joli chemin en corniche qui domine le village. Nous imaginons aisément le plaisir qu’il y aurait à arpenter ces jolis itinéraires sous le soleil… Le chalet d’altitude, à l’heure du déjeuner, sera l’opportunité d’apprécier les mets locaux tout en faisant sécher nos blousons !

Lukas nous guide sur le sentier des Chutes Allerheiligen

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Accessibles par les routes Kreisstrasse 5370 et Kreistrasse 5371, reliant Oppenau à la Schwarzwaldhochstrasse, les Chutes d’Allerheiligen sont situées à environ 500 m. d’altitude dans le Parc National Schwarzwald. Ce sont les plus hautes du Nord de la Forêt Noire. La rivière chute naturellement sur sept étages et 83 mètres de haut créant sept vasques rafraîchissantes.

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Ces chutes appartinrent durant des siècles au Monastère d’Allerheiligen, dont les ruines font partie de la balade. Outre des morceaux de la longue nef et du porche, des restes de la sacristie et du cloître sont toujours debout. L’édifice date du 12ème siècle et fut longtemps un lieu de pélerinage. Devenu abbaye au 17ème siècle, il fut détruit au début du 19ème. En raison de sa situation dans une vallée profonde et taillée dans la montagne, il fut longtemps inaccessible. C’est seulement au début du 19ème siècle que fut rendu possible un premier accès au moyen d’échelles. En 1840, l’autorité forestière compétente bâtit un chemin qui permit l’accès à la cascade. Depuis la balade est vraiment bien aménagée !

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« Un bon nombre d’histoires, dit Lukas, sont nées au cours du temps, aiguisées en raison de l’inaccessibilité qui épaissit le mystère. Ces histoires sont décrites sur peinture le long du parcours menant aux chutes d’eau (Malheureusement seulement en Allemand). Parmi celles-ci il y a ce moine voleur de crucifix d’argent et qui fut condamné à errer autour des chutes : son fantôme hante encore les lieux ; ou encore cette histoire d’un Roméo et Juliette aux amours contrariées qui furent précipités l’un après l’autre dans les flots tumultueux et dont les âmes reviennent sur ces rives… ou bien ce cavalier qui chuta au même endroit avec son cheval ! ». Ces lieux sont habités dit le guide… mais de fantômes bienveillants apparemment !

Les plantes sauvages avec Anja et Christine

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Ce matin, notre point de départ est le village de Reichenbach où nous rencontrons nos guides botanistes et naturalistes, Anja et Christine, qui vont nous initier aux plantes et senteurs de leur montagne. L’accueil convivial de nos hôtes est un pot de l’amitié à base de vin pétillant Brut « Kessler » issu de cépage Chardonnay et agrémenté de liqueur de fleur de sureau, fabriqué tout à côté à Hergestellt.

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Notre promenade commence sur la Place de l’église où un jardin des senteurs aux plantes aromatiques est entretenu par des bénévoles. Le secret des végétaux alpins qui poussent à profusion sur cette belle montagne se met en salade pour nos deux interlocutrices qui osent même prendre à pleines mains des bouquets d’orties…par ailleurs plantes excellentes préparées en potage !

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Ici on se régale des produits du terroir : tomates, concombres, fromage de chèvre, truite fumée aromatisée aux herbes des montagnes dont le fenouil sauvage, bon pain… Bianca, chargée du tourisme, nous a préparé un échantillon pour un pique-nique « chic » !

La Haute Bavière à Bad Hindeland

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Après plus de deux heures de bus et une route touristique qui longe le Lac de Constance qui bénéficie d’un micro-climat, nous voici à Bad Hindeland, station thermale et de sports d’hiver qui a accueilli des épreuves de Coupe du Monde de Ski Alpin dans les années 1970.

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Nous sommes dans le Parc de la Nagelfluhkette, une immense réserve naturelle au paysage culturel varié. Cet étonnant paysage qui s’est développé au fil des siècles entre l’Allgäu et le Bregenzerwald se caractérise par ses alpages, d’imposants sommets, des canyons sauvages et des villages pittoresques. Le principal objectif des 15 communes membres du Parc est d’en faire un paysage modèle pour le développement durable au niveau régional. La géologie joue ici un grand rôle : le terme « Nagelfluh », littéralement « roche à clous », désigne un conglomérat rocheux particulier formé par l’agglomération de galets. Le résultat est surprenant : on croirait que quelqu’un a planté des clous si profondément dans la roche que seules les têtes sont visibles. Le parc naturel héberge sur une surface relativement réduire (405 km2) un nombre incroyable de biotopes avec une faune et une flore extraordinaires. Les alpages et les forêts semi-naturelles qui abritent de nombreuses espèces sont le résultat d’une exploitation soigneuse de la nature par la main de l’homme.

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Bad Hindeland ce sont 6 villages dont l’altitude s’étale de 822 à 1136 m. aux confins de l’Allemagne, de l’Autriche et de la Suisse. La région a reçu le titre de « Resort de santé au climat thérapeutique » et celui de « Kneipp Spa Resort » depuis 2002 : plus de 80% du territoire est préservé ! L’intérêt ? L’harmonie qui existe entre la modernité et les coutumes pastorales. C’est aussi un modèle écologique réussi entre les activités agricoles et le développement touristique. La région est certifiée par le WWF (World Wide Fund for Nature).

Observer l’aigle doré et la marmotte siffleuse

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Nous rencontrons, ce matin, Anke, chargée du tourisme et Henning, naturaliste pour une promenade d’observation de la faune. Henning déambule avec une immense lunette et ne la pose pas au hasard pour nous faire découvrir daims, chamois, marmottes ou encore l’aigle doré, roi des oiseaux, dont le nid et les petits sont bien visibles dans l’œilleton pour le plus grand plaisir des néophytes que nous sommes. « De nombreuses légendes, dit Henning, entachent la légende de l’aigle qui serait un tueur… Il a été longtemps chassé comme un oiseau maléfique mais aujourd’hui, il est rigoureusement protégé ».

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« Au début de l’été, poursuit Anke, les animaux transhument – comme dans tout le Massif Alpin – et la fabrication du fromage se fait alors en alpage dans les « Sennereien ». Les randonneurs dégustent ces produits accompagnés du lait, du beurre, des jambons et saucisses, des oeufs mais aussi du miel organique qu’ils peuvent acheter sur place ».

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Nous cassons la croûte, enfin sous le soleil et à l’extérieur, à l’Alpe Laufbichl qui produit son propre fromage d’estive. La terrasse panoramique accueille les randonneurs. « Il y a, ici, plus de 300 km de sentiers balisés, voies d’escalade, plus de 100 km de pistes VTT, des piscines naturelles… Côté flore, poursuit Anke, on compte plus de 40 espèces d’orchidées sauvages, la gentiane bleue, la rose des Alpes et bien sûr la plus symbolique, l’edelweiss ». Nous quittons à regret l’alpage pour de nouvelles découvertes plus culturelles !

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Anke nous présente l’assiette de spécialités

L’église de Weis : une des plus belles « rococo » au monde

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L’origine de la popularité de cette église est un miracle qui date de 1738 : une jeune femme aurait vu pleurer la statue du Christ flagellé. Ce « miracle » a rapidement eu comme conséquence un pèlerinage. Une petite chapelle fut construite mais elle s’avéra bien vite trop petite pour accueillir les pèlerins venus de toute l’Europe.

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En 1743, l’abbé de Steingaden choisit les metteurs en scène de cette image du Christ flagellé. Dans un buffet dessiné par Dominikus Zimmermann, Johann Georg Hörterich construit alors un orgue à deux claviers avec sommiers à gravures et registres. En 1983, l’église a été ajoutée à la liste du Patrimoine Mondial de l’Unesco.

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L’orgue de l’église de Weis

L’Abbaye d’Ettal, près d’Oberammergau, est une abbaye bénédictine fondée au 14ème siècle : Louis IV de Bavière donna au monastère un grand nombre de biens (villages, marchés, terres) ainsi qu’une statue de la vierge Marie ramenée d’Italie. Grâce à elle, Ettal deviendra un lieu de pèlerinage important.

Le Château de Linderhof imaginé par Louis II de Bavière

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Le château de Linderhof, situé près d’Oberammergau et de l’Abbaye d’Ettal, fut construit de 1874 à 1878 sous Louis II de Bavière. Autrefois simple ferme familiale, il fut utilisé par le roi Maximilien II, père de Louis II, pour ses séjours de chasse qui modernisa l’intérieur, mais laissa l’extérieur intact. Mais Louis II détestait la chasse : s’il s’y rendait souvent, c’était pour l’isolement !

lac_fleurÀ partir de 1872, après maintes démolitions, reconstructions et rénovations, le château de Linderhof apparut peu à peu sous son état actuel. En 1873, il fut recouvert de pierres et la toiture renouvelée. Les derniers travaux furent achevés en 1885-86. La chambre à coucher est copiée sur celle du roi de France Louis XIV : une balustrade sépare le lit à baldaquin de l’auditoire censé assister au lever du roi (Nous avons interdiction de photographier). Louis II détestait la présence de témoins. La salle à manger était équipée d’une plateforme sur laquelle était posée la table. Cette plateforme coulissait jusqu’à l’étage du dessous où se trouvaient les cuisines. Ensuite, la table remontait avec le repas : le roi n’avait donc pas à croiser les serviteurs. Les jardins du Linderhof sont une pièce maîtresse du site. L’architecte paysagiste Carl von Effner, qui dirigea l’aménagement du parc, a tiré parti des pentes du vallon pour installer bassins, cascades et jardins en terrasses. Le parc s’étend sur plusieurs hectares. La Grotte de Vénus, entièrement artificielle, a été aménagée pour recréer l’ambiance de l’épisode du Venusberg de l’Opéra de Wagner, Tannhäuser. Le roi aimait aller sur sa « barque », rêvant à des mondes imaginaires, tout en écoutant la musique jouée par un orchestre dissimulé derrière des rochers !

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Le Pavillon Mauresque est l’ancien Pavillon de la Prusse de l’Exposition universelle de Paris de 1867. Il a été acheté à un industriel des chemins de fer prussien en 1876, à la suite de sa faillite.

Oberammergau et ses façades peintes

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Oberammergau est une petite ville typique de la région de Haute Bavière à la frontière avec l’Autriche située à une trentaine de kilomètres de la fameuse station de ski Garmisch Partenkirchen mondialement connue. C’est aussi un point de chute pour découvrir la Haute Bavière et explorer la route allemande des Alpes.

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Au 18ème siècle, les façades des maisons d’Oberammergau ont été peintes et ornées de fresques superbes qui représentent des scènes de la passion et de la vie quotidienne. Commandées par des citoyens aisés qui voulaient rendre hommage à Dieu, elles furent confiées à un artisan peintre, Franz Seraph Zwinck. Les fresques ont été composées initialement de motifs religieux qui restituent la Passion du Christ. Mais peu à peu, ils ont cédé la place à d’autres types de scènes, au rythme des saisons avec des motifs agricoles ou à la représentation des métiers de l’époque.

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Oberammergau est aussi réputé pour le « Jeu de la Passion », qui rend hommage à un serment fait par les édiles en 1633 quand le village a affronté les ravages de la peste et perdu 84 habitants. A la Pentecôte 1634, les survivants en costumes ont respecté leur serment et ont joué la Passion, c’est-à-dire le « Jeu de la souffrance, la mort et la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ » pour célébrer Dieu qui avait détourné le mal d’Oberammergau. La scénographie originelle a eu pour cadre la scène située près des tombes des morts de la peste dans le cimetière. Désormais, le Jeu de la Passion, « Passionsspiele Oberammergau », se déroule tous les 10 ans. La 41ème édition de la Passion à Oberammergau a eu lieu en 2010 et a attiré plusieurs dizaines de milliers de visiteurs du monde entier. La prochaine représentation de la Passion à Oberammergau se tiendra donc en 2020 !

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(Copyright Bad Hindeland Tourismus/Wolfgang B. Kleiner)

Ici s’achève notre court séjour en Forêt Noire/Haute Bavière : un petit échantillon de tout ce que ces montagnes peuvent offrir pour des vacances à la fois naturelles, culturelles et bienfaisantes… A découvrir sans tarder ! Site Allemagne en Français :germany.travel/fr

REPORTAGE TEXTE ET PHOTOS : Dany Antonetti