CHILI : Santiago & Valparaiso

Villes mythiques, lacs et volcans

 Plusieurs transporteurs aériens desservent chaque jour la ligne Calama/Santiago. Il faut donc faire jouer la concurrence avant de finaliser l’achat de son billet ! Après analyse, nous avons choisi Sky Airline (qui nous a semblé moins chère que LAN, la compagnie de référence au Chili). Un vol de deux heures, sans encombres, et nous voici sur le tarmac de Santiago en train de prendre possession de notre véhicule de location… Ce n’est pas toujours aisé de s’extirper des méandres d’un aéroport international et de ses périphériques pour rejoindre un centre ville…

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Nous avons choisi (Sur booking.com) un Appart’Hôtel avec parking privé situé sur la rue San Pablo (à 500 m de la Place d’Armes) « Mar Oriente Apartments ». Notre logement, très mignon et bien équipé, se trouve au 25ème étage et nous pouvons, à travers les immenses baies vitrées ensoleillées, apprécier pleinement le splendide panorama de la Cordillère enneigée qui cerne la ville !

A la découverte de Santiago

La ville de Santiago est située dans une longue vallée fertile de 600 km, la « Valle Central » qui serpente entre la Cordillère des Andes à l’Est et la Cordillère de la côte à l’Ouest séparant la capitale chilienne de l’Océan Pacifique et de la région de Valparaiso. Sept millions d’habitants y vivent – soit 1/3 de la population chilienne – et peuvent bénéficier d’un beau réseau de métro : le plus important d’Amérique du Sud avec plus de 100 km de lignes.

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Le cadre montagneux est exceptionnel : dans la même journée, on peut pratiquer le ski, le trekking, le rafting, l’andinisme ou bien se rendre sur la côte Pacifique sur une plage de rêve ! On trouve aussi, aux environs de Santiago les vignobles qui font la réputation des vins chiliens.

Toute visite de Santiago commence par le centre historique : la Place d’Armes qui fut le point de départ du tracé de la ville lors de sa fondation en 1541. Le Palacio de la Moneda à l’architecture coloniale abrite le Gouvernement. Le Musée Casa Colorado à cause de la couleur rouge de sa pierre est une maison coloniale bien conservée (1769) qui retrace l’histoire de la ville.

Le quartier « Bellavista » est le centre culturel « bobo » avec théâtres, restaurants, galeries d’art avant-gardistes… L’Avenida Balmaceda, avec ses 18 km est l’une des plus longues d’Amérique du Sud.

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Le Cerro Santa Lucia est un superbe parc malheureusement nous ne pourrons pas le visiter (ainsi que tous les autres !) car il est fermé pour cause de « paro » des fonctionnaires. Un mot qu’on identifie très vite… « paro », c’est grève ! Et au Chili, les grèves ça ne manque pas… Faut dire que nous sommes en pleine période électorale (Entre les deux tours d’une élection présidentielle) et la socialiste Michelle Bachelet revient aux affaires avec 62,1% des suffrages après 4 ans d’une gestion conservatrice de Sebastian Pinera. La nouvelle présidente sera investie le 11 Mars 2014. Dans l’attente, les mouvements sociaux qui se multiplient mettent la pression…

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Pablo Neruda, le héros du Chili

On ne manquera pas la maison de Pablo Neruda « La Chascona » au pied du Cerro San Cristobal au Barrio Bellavista pour partir sur les traces du poète. C’est aussi le siège de la Fondation Neruda (www.fundacionneruda.org). Pablo Neruda est le héros du Chili qui lutte contre la dictature de Pinochet : Prix Nobel de Littérature en 1971, il soutient le régime communiste d’Alliende qui le désigne « Ambassadeur » en France. A cette époque il rencontre Mikis Theodorakis, le compositeur grec, autre symbole de la lutte contre les dictatures, avec lequel il entretiendra une grande amitié.

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Lors du coup d’état de Pinochet le 11 septembre 1973, sa maison est mise à sac et ses livres jetés au feu ! Il meurt 12 jours plus tard, le 23 Septembre, officiellement, d’un cancer de la prostate qui avait été diagnostiqué à Paris mais certains historiens affirment qu’il aurait subit une injection létale de la part du régime… Une exhumation a été pratiquée en avril 2013 mais les dernières conclusions des rapports d’expertise internationaux très récentes (8 Novembre 2013) ne confirment pas l’hypothèse. Le dossier judiciaire reste ouvert… Pablo Neruda envisageait de s’exiler au Mexique pour y diriger l’opposition à la dictature…

Escapade à Portillo…

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PORTILLOA environ 2 heures de route de voiture de Santiago (164 km), nous voulons découvrir la station de ski mythique de Portillo où se déroulèrent les Jeux Olympiques d’Hiver en 1958. Mais surtout où eurent lieu les fameux Championnats du Monde de Ski de 1966 au cours desquels Françaises et Français firent une véritable razzia sur les médailles (Annie Famose, Marielle Goitschel, Jean-Claude Killy, Léo Lacroix, Guy Périllat, Georges Mauduit)… Nous sommes au coeur de la Cordillère des Andes et à deux pas de la frontière argentine… D’ailleurs, nous allons y arriver sans nous rendre compte que nous avons dépassé Portillo ! Il faut rebrousser chemin au poste de douane : contrairement à l’image que nous nous en faisions, Portillo est si petite, et hors saison, qu’elle nous est passée totalement inaperçue ! En effet, la station se résume en un immense (et assez laid) hôtel jaune canari appelé « Hôtel Portillo » qui tranche sur le décor minéral…

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Il domine la Laguna de l’Inca, un petit lac glaciaire (très joli) au centre du cirque de montagnes où évoluent des kayaks. Au mois de novembre, c’est la fin du printemps dans l’hémisphère sud et nous avons un peu du mal à imaginer ces lieux animés et enneigés…

Valparaiso, la mythique

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« Valparaiso est située tout près de Santiago. Les deux villes sont séparées seulement par les montagnes hirsutes sur les cimes desquelles se dressent, comme des obélisques, de grands cactus hostiles et fleuris. Pourtant une chose indéfinissable les éloigne. Santiago est une ville prisonnière, entourée par ses murs de neige. Valparaiso, en revanche, ouvre ses portes à la mer sans fin, aux cris de la rue, aux yeux des enfants ». Pablo Neruda « J’avoue que j’ai vécu ».

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VALPARAISOValparaiso, littéralement en espagnol  » Valle Paraíso » (Vallée Paradis) est aussi nommée « Valpo » par ses résidents. C’est le premier port et la deuxième ville du Chili située à 115 km au Nord-Ouest de Santiago. Blottie dans un amphithéâtre naturel de 44 collines, Valparaiso domine l’Océan Pacifique.

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La ville basse, « El Plan » abrite le port tandis que la ville haute est composée des « Cerros » (Quartiers) juchés sur les collines avec leurs maisons colorées. Des funiculaires relient les différents cerros cependant, lors de notre séjour ils étaient tous en « paro » (grève !) et notre frustration fut immense de ne pas pouvoir découvrir cette spécificité de la mythique « Valpo, ciudad de los ascensores » (la ville des ascenseurs) avec ses 15 funiculaires encore en activité (Il y en avait 27 à l’origine) classés au Patrimoine Mondial de l’Unesco – avec le centre historique – depuis 2007 !
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Valparaíso joua un rôle géopolitique très important dans la seconde moitié du XIXème siècle puisqu’elle servait d’escale aux bateaux voyageant entre les océans Atlantique et Pacifique et qui traversaient le détroit de Magellan. Elle était alors connue par les marins du monde entier comme la « Petite San Francisco » et le « Joyaux du Pacifique ». Mais le trafic s’est ralenti dès 1914 avec la percée du canal de Panama.

A la découverte des fresques murales avec Pablo et Jorge

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Aujourd’hui, ce qui fait la spécificité de Valpo, ce sont ses fresques murales (Principalement situées dans le Cerro Bellavista) qui fleurissent à tous les coins de ruelles ou d’escaliers et qui en font un véritable musée à ciel ouvert « Museo a Cielo Abierto ». Nous avons rendez-vous avec deux frères Chiliens, Pablo et Jorge (cousins de notre ami franco-chilien, Juan Gonzalo) qui vont nous faire découvrir toutes les merveilles de leur ville !

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Cet engouement pour les peintures murales fut initié à la fin des années 70 par les étudiants des Beaux-Arts. Il s’est étendu, ensuite, à tout le centre historique et une vingtaine de fresques ont été réalisées sous l’égide de l’Institut d’Art de l’Université Catholique de Valparaiso et de quelques artistes de renom comme Nemesio Antúnez et Mario Toral. Aujourd’hui, ce phénomène pictural fait des rues de Valparaiso un véritable support artistique évolutif et original, et un régal pour nos objectifs !

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Les Chiliens sont très chaleureux et nos deux nouveaux amis veulent que nous gardions un excellent souvenir de notre passage… Après la balade culturelle autour des fresques et la visite de la maison de Pablo Neruda, on traverse la grande Place Sotomayor et ses beaux édifices (dont la Douane bleue, superbe immeuble colonial datant de 1854) pour arriver au port (Muelle Prat) où s’agite une foule hétéroclite, mêlant pêcheurs, touristes, poissonniers, pélicans… couleurs, sons et odeurs créent l’ambiance des lieux…

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Mais la journée est déjà passée et Pablo & Jorge veulent nous présenter leur maison et la famille… L’hospitalité, c’est sacré ici : nous serons reçus chez eux, par les parents, comme des amis. Eugenia, la « mama » nous a préparé toute une tablée de « tapas » : empanadas (chaussons farcis à la viande et au fromage), churrascos (petits sandwichs), tortillas… tandis que Sergio, le papa, a débouché ses meilleures bouteilles de vin chilien en notre honneur… Un beau moment de partage malgré notre baragouinage franco-espagnol ! La communication est parfois simple… Même dans des idiomes différents ! « Hasta Luego » les amis : on vous attend en Provence !

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Une belle famille chilienne, et une belle table !

BON PLAN À VALPARAISO : « The Grand House« , un superbe B&B dans un grand manoir du début du 20ème siècle avec un immense panorama sur la baie et l’accueil charmant de deux soeurs dans une maison familiale qui conserve le bric-à-brac des grands-parents ! (Parking privé et gratuit).

Quintay : le village impossible à trouver !

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Aux alentours de Valparaiso, il y a Vina del Mar, une station balnéaire réputée, très moderne, où il fait bon prendre l’air iodé de l’Océan… Puis, il y a aussi des coins plus retirés qui méritent qu’on aille à leur recherche : Quintay est de ceux-là ! La route asphaltée surplombe de jolies falaises… Elle laisse ensuite la place à une piste… Mais la piste comprend plusieurs ramifications sans indications et nous devons emprunter l’une ou l’autre au petit bonheur la chance… Plusieurs fois nous nous retrouverons dans des culs-de-sac obligés de rebrousser chemin… Finalement, après plusieurs tentatives infructueuses, nous arriverons à trouver la petite calanque de pêcheurs qui a su rester authentique !

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La Route 5 jusqu’au Lac Llanquihue

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Le volcan Osorno vu de Frutillar

Aujourd’hui, nous quittons Valparaiso en direction du Sud par la Route 5 (Autoroute payante). ll nous reste seulement une petite semaine de voyage ! Nous avons choisi la région des lacs et des volcans située à environ 1000 km de la capitale.

Escale à mi-chemin du côté de Chillan à Bulnes. Notre Bed & Breakfast « La Casa de Adobe Natural y Mas » est blottie dans la campagne et difficile à trouver… Il faudra demander notre chemin à plusieurs personnes avant d’y accéder… Nous sommes hors-saison et les seuls locataires d’une très grande maison un peu froide. Le petit-déjeuner, délicieux, préparé exclusivement avec des produits « bio » et frais, est pris dans la Caféteria-Boutique à 2 km de là. La propriétaire des lieux propose aussi des produits du terroir élaborés à la maison (confitures, huile d’olive…) dont les revenus lui servent à aller se faire soigner à Cuba (au top niveau médical ) d’une maladie de Parkinson contractée à 40 ans ! Elle a environ une cinquantaine d’années et beaucoup de courage pour communiquer avec les gens et servir à table malgré des difficultés d’élocution dues à la maladie qui gagne du terrain. Nous sommes ravis de pouvoir contribuer – à notre échelle – à sa thérapie.

La Région du Lac Llanquihue : un petit air de Bavière !

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Le Lac Llanquihue (« lieu submergé » en dialecte autochtone), est situé dans la région des lacs dans les provinces d’Osorno et Llanquihue. Il a une superficie de 860 km2 ce qui fait de lui le deuxième plus grand lac du Chili après le lac General Carrera en Patagonie. Sa profondeur maximale est de 317 mètres. Il est dominé par le volcan Osorno.

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Tout autour du lac, les différents villages connaissent un important développement touristique : Puerto Varas, Frutillar, Las Cascadas ou Ensenada. Ici se sont installés les Allemands de Bavière arrivés par Valvidia vers 1850 pour cultiver les terres vierges du Chili. Ce sont les plus pauvres qui ont émigré, poussés par la première crise industrielle. Ils se sont plu dans cette région qui leur rappelait le lac Léman et vivent en conservant leurs traditions (ils parlent encore Allemand tandis que l’habitat rappelle celui de la Forêt Noire et côté cuisine, saucisse et strudel sont au menu !)

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Ballade autour du volcan Osorno avec arrêt à « Los Cascades »

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Le Volcan d’Osorno se dresse entre les lacs Llanquihue et Todos Los Santos tel une pyramide blanche, d’une altitude de 2 661 m, il est le volcan le plus actif des Andes chiliennes ! La légende mapuche raconte qu’un esprit malin, El Pillan, est enfermé dans ses entrailles sous le voile de glace…

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L’Osorno est l’image emblématique de la région. Le célèbre naturaliste Anglais, Charles Darwin, l’aperçoit lors de son second voyage sur le HMS Beagle et il est même le témoin de son éruption en 1835… Les colères de l’Osorno ne se sont plus manifestées depuis 1869…

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Les pingouins de l’île de Chiloé

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Aujourd’hui, nous allons faire un petit tour du côté de l’île de Chiloé, la plus grande île d’Amérique du Sud après la Terre de Feu. Nous n’avons pas beaucoup de temps et les cieux ne sont pas propices… Une petite pluie fine donne un air de Bretagne… Nous traversons en ferry le canal du Chacao pour rejoindre la ville d’Ancud.
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Malgré les intempéries, nous faisons une excursion en bateau à la découverte des animaux marins qui peuplent les îlots déserts… En effet, les lieux sont fréquentés par deux espèces de pingouins : les pingouins de Magellan et les pingouins Humboldt qui cohabitent avec les loutres de mer et des centaines d’oiseaux différents. La Fondation « Pinguinera Punihuil » organise les tours d’observation des touristes et la recette de ces sorties en mer lui revient pour pérenniser la protection des espèces menacées.

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Largement emmitouflés dans les cirés et les gilets de sauvetage prêtés par l’équipage, nous prenons place dans les embarcations pour une balade d’environ 1/2 heure où nous pourrons, à loisir, observer ces drôles de petites silhouettes dans leur cadre naturel ! Mais la lumière est boudeuse, voire inexistante, et les petits bonhommes noirs et blancs se confondent avec la roche… Au grand désespoir du photographe !

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Remonter vers Pucon et le lac Villarrica

Déjà il faut songer à rebrousser chemin… Le grand sud, ses glaciers, ses parcs mythiques, ce sera pour une autre fois ! Nous allons entamer notre retour vers la capitale et l’aéroport…
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Pucon, station balnéaire aux pieds du volcan Villarrica et du lac du même nom, est réputée pour être l’un des points forts du tourisme d’aventure au Chili. Nous y resterons deux jours dans un Bed & Breakfast très sympa (Frontera Pucon Hotel B&B) au bord du lac.

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L’occasion de mieux découvrir cette ville sans cesse menacée par les caprices de l’un des volcans les plus actifs de la chaîne andine avec ses 25 cônes, ses 2.847 mètres d’altitude et sa superficie de 100 km2. En effet, chaque jour, le Villarrica crache fumées, cendres et laves. Ce cône basaltique à cratère ouvert est surveillé en permanence. Sa dernière grande éruption (1971) ouvrit une fissure de 4 km de large d’où jaillirent 30 millions de mètres cubes de lave ! La plus grande coulée de lave s’étendit sur 14 km de long et 200 mètres de large (Notre Photo). Plusieurs cours d’eau furent détournés et les glaciers fondirent se transformant en autant de coulées de boue meurtrières… Ici, on est donc très vigilants à ses soubresauts. Les agences locales proposent des trekkings en périodes calmes !

La Côte Pacifique pour rejoindre Santiago

Nous quittons à regret les beaux paysages du lac Villarrica et de son volcan pour reprendre la route vers le nord. Arrêt à Talca. Petite étape sans importance pour fractionner le voyage.

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Dernière journée de notre périple : nous empruntons la Vallée de la Colchagua, célèbre pour sa « Route du Vin » dont la capitale régionale est Santa Cruz entièrement dédiée à la vigne.

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La route secondaire que nous avons choisi d’emprunter nous ramènera à l’Océan Pacifique : Rocas de Santo Domingo (à environ 120 km de Santiago) offre de superbe plages surmontées de falaises rocheuses où poussent les cactus. Un véritable paysage de carte postale pour boucler le voyage !


Reportage : Textes de Dany Antonetti et Photos de Gérard Antonetti


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