ESPAGNE / Andalousie : la Feria de Malaga

La Feria de Malaga est l’un des plus fameux festivals populaires d’Europe du Sud. Sa tradition remonte à 1887 et près d’un million d’inconditionnels y convergent chaque année.

ImageLa Fête se divise en deux parties distinctes : la Feria de jour qui investit le coeur historique du centre ville et la Feria de nuit, à l’extérieur, dans un immense parc appelé « Real de la Feria » aménagé spécialement et uniquement pour le grand événement qui dure du vendredi précédant le 15 août (cette année le 12 août) jusqu’au dimanche d’après. Dix jours d’une ambiance folle et d’une joie de vivre communicative où se reflète tout l’esprit « andalouz » conjuguant l’amour du cheval  (il est partout présent), celui du taureau de combat et de la musique. Nous avons assisté à la manifestation : récit de cette incursion dans la plus pure tradition espagnole !

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Théâtre Romain

Capitale commerciale et économique de la Costa del Sol (« Côte du Soleil » grâce à un ensoleillement de 320 jours par an !), Malaga voit 6 millions de voyageurs transiter chaque année par son aéroport. Beaucoup d’entre eux ne s’y arrêtent pas préférant la fréquentation des stations balnéaires de renommée internationale comme  Marbella ou Torremolinos, très proches…Pourtant la vieille ville (Les Phéniciens s’établirent sur cette côte il y a 3.000 ans pour y fonder Malaka, dérivé de « Malac »  : poisson salé) offre de nombreux centres d’intérêt  grâce à un riche passé qui a vu se succéder de brillantes civilisations. Malaga est située sur l’embouchure du fleuve Guadalmedina, pratiquement  toujours à sec. Son autre atout : être un port dynamique de 600.000 habitants situé entre Méditerranée et Atlantique.

ImageAprès l’époque phénicienne,  les Maures occupent la place à partir du 8ème siècle. Ils y laisseront l’Alcazaba, palais fortifié élaboré dès 700 mais achevé  au 11ème siècle. Sa silhouette domine les ruelles et le bâtiment principal, restauré, accueille le Musée Archéologique. Suite à un terrible siège, la ville tomba aux mains des Catholiques en 1487. Il faut ensuite attendre le 19ème siècle pour voir Malaga se relever de sa torpeur grâce aux balbutiements du tourisme initié par les Anglais. A gauche de l’Alcazaba, le Théâtre Romain daté du 1er siècle (sous Auguste) a été mis à jour, dans les années 50. Il est de type mixte : d’un côté, il repose sur la colline et de l’autre sur une terrasse artificielle où s’appuient les gradins. Ses dimensions sont les mêmes que pour les théâtres de Séville, Cadix ou Ronda. La moitié des gradins sont en bon état et la scène a conservé ses plaques de marbre. Aujourd’hui, les opérations de fouille, restauration et consolidation sont menées conjointement.

ImageLe château de Gibralfaro (colline du phare) est une forteresse Maure érigée au 14ème siècle par Yusef 1er de Grenade. Il domine l’Alcazaba. On y accède soit en voiture (ou en bus) par la route, soit par un petit sentier très bien aménagé qui grimpe jusqu’au sommet. De là-haut, la vue est magnifique sur la ville, les arènes, le port et l’horizon… Le tour des remparts permet une vision panoramique à 360°.

 

Autre pôle d’intérêt , la cathédrale qui fut érigée sur le site d’une ancienne mosquée. La légende dit que l’argent destiné à l’achèvement de sa construction aurait été envoyé à la jeune Amérique du Nord qui luttait contre les Anglais pour son Indépendance !  Résultat : la seconde tour n’a jamais été construite et l’édifice a été affublé du surnom de « Manquita », la manchote… A la fois Gothique, Renaissance, et Baroque à l’intérieur elle compte 16 chapelles. Son chœur comprend de belles statues de saints. Elle renferme aussi deux orgues exceptionnels du 18ème siècle comprenant chacun 4000 tuyaux.

ImageLa rue piétonne « Calle del Marquès de Larios » est la plus fréquentée du centre  ville. Elle s’ouvre sur une immense porte de tentures aux couleurs bariolées de Picasso. C’est aussi le centre de la Feria de jour avec la Plaza del Obispo, la Plaza de la Constitucion, la Caseta Diputacion ou le Palais Episcopal. Toutes les ruelles alentour, piétonnes également, sont prétexte à faire la fête avec leurs dizaines de petits restaurants et bars à tapas bondés. Les « Fêtards » montent  et descendent  l’avenue dans leurs beaux costumes andalous… Toute la famille revêt, pour la circonstance, la tenue traditionnelle qu’il faut montrer !  Le merchandising « feria » a aussi pignon sur rue avec la vente de toutes sortes d’objets allant de l’éventail en passant par les castagnettes, le chapeau andalou, l’effigie du toro  ou encore le tee-shirt commémoratif…  Partout s’improvisent des concerts… On érige à la hâte des estrades qui verront évoluer et se succéder, danseurs et danseuses de flamenco et autres musiques traditionnelles. Le spectacle est d’abord dans la rue à la plus grande joie des touristes !

ImageLa rue Larios est perpendiculaire au Paseo del Parque, la grande avenue ombragée de Malaga, également  lieu de prédilection des manifestations diurnes avec ses structures de toile blanches éphémères qui masquent la belle perspective. Le Paseo aboutit aux arènes. Au milieu de l’Avenue, l’Hôtel de Ville est un très bel édifice de style Baroque entouré d’un joli jardin à la française. C’est là que débute, le samedi matin, le pèlerinage ou « Romeria » à cheval  vers l’église patronale de Malaga : Notre Dame de la Victoire. Nous y sommes conviés après une réception où Monsieur le Maire, Francisco de la Torre,  a déclaré ouverte la Feria de Malaga !

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Un immense cortège d’attelages et de cavaliers a envahi le Paseo del Parque et le Maire prend place à bord de son carrosse, « coche de caballos », littéralement mitraillé par les paparazzi  locaux ! Le sentiment de vivre un grand moment  se mêle à la fierté de « parader » au-dessus de la foule applaudissant sur le passage du long cortège de chevaux… Arrivés au sanctuaire, on est surpris par les danses et les chants qui s’y déroulent dans l’esprit « feria », dénotant avec l’austérité coutumière des chants liturgiques !

Le Musée Picasso  en hommage au fils prodige de Malaga !

ImageLe Conseil d’Andalousie a acheté le Palais des Comtes de Buenavista pour rendre hommage à l’œuvre de son citoyen le plus illustre, Pablo Picasso, né au 36 de la Plaza de la Merced en 1881. Son père, José Ruiz Blasco est peintre et professeur à l’école des Beaux-Arts de Malaga. Il est aussi Conservateur du Musée Municipal. Sa mère, Maria Picasso Lopez est d’origine italienne du côté de son père. Pablo est l’aîné de trois enfants : sa sœur Dolores naît à Malaga en 1884 et sa petite sœur, Concepcion, qui voit le jour en 1887, mourra quatre ans plus tard. Ce souvenir douloureux hantera toujours l’artiste qui la peindra sous le nom de « Maya ». Après une longue vie partagée entre l’Espagne et la France, Picasso s’éteint à Mougins (Côte d’Azur) le 8 avril 1973 laissant derrière lui une œuvre considérable. Il repose en Provence, près d’Aix, dans le jardin du château de Vauvenargues.
Le Palais des Comtes de Buenavista est un bâtiment historique – au cœur du vieux Malaga – caractéristique de l’architecture civile andalouse du 16ème siècle, un mélange d’éléments Renaissance et Mudéjar (Arabe). Grâce à certains agrandissements avec l’achat de bâtiments annexes, le musée Picasso, inauguré en octobre 2003 s’étend sur 8.300 m2. Le sous-sol minutieusement fouillé a fait apparaître des restes d’habitats phéniciens, romains et nazaréens qui ont été intégrés à la visite. Le projet a pu voir le jour grâce aux dons des descendants de Picasso notamment Christine y Bernard Ruiz-Picasso (sa belle-fille épouse de son fils Paul né de sa relation avec la danseuse Olga Kokhlova) qui a offert 133 œuvres et Bernard  Ruiz Picasso (fils de Christine et Paul), 33 œuvres. A cet ensemble s’ajoutent un certain nombre de cessions gratuites renouvelables tous les dix ans. La collection compte 204 œuvres dont 42 peintures à l’huile, 11 sculptures ainsi que des dessins, gravures et céramiques. Elle englobe toutes les étapes de la création picturale du Maître. Le musée a été désigné comme Centre de vulgarisation de l’œuvre du peintre avec la bibliothèque, les archives, le département de l’éducation et l’auditorium. Dès sa première année d’existence, le Musée Picasso de Malaga est devenu le plus visité d’Andalousie avec 400.000 entrées. Internet : http://www.museopicassomalaga.org

Pas de Feria sans corrida !

ImageLa Plaza de Toros de la Malagueta date du 19ème siècle et a été édifiée au bord de mer. Malheureusement des immeubles ont été construits devant. On dit que c’est ici que le jeune Pablo Picasso puisa son inspiration tauromachique. La corrida moderne, telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui, à pied, avec l’épée et la cape rouge ou « muleta », date de la fin du 18ème siècle. Avant le matador combattait le taureau à cheval  avec une longue lance. Les nouvelles règles furent établies à Ronda (Province de Malaga) par Pedro Romero (1754-1839) qui mis à mort 6.000 taureaux sans être blessé une seule fois ! Même si l’on n’est pas un fervent aficionado, il faut vivre l’expérience d’une corrida une fois dans sa vie, surtout en Andalousie… Ils sont si nombreux à aimer… Et avant eux les grands peintres (Goya en tête), les écrivains (se souvenir d’Hemingway…) ! Dans une corrida, il y a trois toreros qui vont affronter chacun deux taureaux. Nous verrons successivement  combattre Jesulin de Ubrique, Finito de Cordoba et David Fandila dit « El Fandi », le plus populaire et le seul qui aura les honneurs de sortir par la « Puerte del Principe » (la porte d’honneur).

ImageLe « mozo de estoques » (valet du torero) aide le torero à enfiler l’habit de lumière « traje de luces » : la cérémonie est exclusivement réservée aux hommes. Tout commence par un défilé haut en couleurs au son des pasodobles « el paseillo ». Tous les participants, les toreros et leur «cuadrilla » (les banderilleros chargés de planter les banderilles et les picadors à cheval)  saluent la foule. Très pieux, le matador trace discrètement une croix avec son pied dans le sable de l’arène pour s’en remettre à Dieu… Les six taureaux d’une corrida doivent appartenir au même éleveur dont certains ont acquis des réputations mythiques… La suite, chacun d’entre nous a vu des extraits de corrida à la télé et l’appréciation est très subjective… Je pense néanmoins qu’il faut avoir acquis cette culture dès son plus jeune âge pour ne pas s’y sentir étranger !

Le « Real de la Feria » pour les Rois de la Fête !

ImageNous connaissions déjà l’ambiance « Feria » pour avoir participé à celles de Nîmes ou d’Arles… Là-bas, les manifestations se déroulent uniquement dans le centre ville débarrassé des voitures et dans les arènes. A Malaga, « la Feria off » est vraiment différente, inédite et grandiose… Le Real de la Feria est inauguré par le Maire de Malaga le vendredi soir à minuit avec l’illumination de la porte principale « Cortijo de Torres ». Des millions de lumières colorées (On se croirait à Las Vegas !) vous transportent alors dans le monde de la nuit andalouse : chaque « pena » (association culturelle, tauromachique, musicale, sportive…), chaque institution, possède sa bodega privée (son petit restaurant) richement décorée où vont se dérouler les festivités au son des musiques et chansons verdiales, malaguenas ou sevillanas…

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Cerveza (bière), manzanilla (vin blanc légèrement pétillant) ou vino tinto accompagnent les tapas tandis que résonnent les airs de flamenco ! Toute la nuit la fête se déroule joyeuse et familiale grâce à la participation des enfants, des parents, des grands-parents… Le 15 août,  la matinée est dédiée au défilé des chevaux à l’intérieur du Real : chacun  arrive à cheval  (ou à bord d’un attelage arnaché) revêtu du costume traditionnel. Les beaux pur-sang arpentent les avenues et s’arrêtent devant les bodegas : comme au temps des cow-boys, il y a de quoi attacher sa monture devant le « saloon »…

Pas de Feria sans gastronomie et sans vin !

ImageLe bien boire et le bien manger font naturellement partie intégrante de la fête… Nous avons pu apprécier toute la diversité de la gastronomie locale au cours de ces quatre journées de feria. Les « tapas » ne sont pas une ancienne tradition, elles seraient apparues seulement à  la fin du 19ème siècle à Séville alors que les consommateurs protégeaient leur verre (des mouches, de la poussière ou du gras qui dégoulinait des jambons accrochés …) en y posant une tranche de pain  au-dessus (tapa  = couvercle). Les barmen commencèrent  alors à poser de la nourriture sur cette tranche de pain : le grignotage et la légende des tapas étaient nés ! A  noter particulièrement la saveur du jambon cru qui se sert (en tapas) accompagné de délicieuses portions de fromage.

ImageA Pedregalejo, ancien village de pêcheurs devenu quartier de Malaga, nous avons testé un « Chiringuitos », restaurant de plage, pour déguster les fameuses sardines à « L’Espeto » c’est-à-dire grillées sur la plage. On enfile les sardines sur une brochette en bois qui est ensuite plantée dans le sable face aux braises afin que la chaleur (et non les flammes) cuise le poisson. Le maître d’œuvre est « l’espetero » qui veille à la bonne cuisson. L’anchois «  boqueron victoriano » se déguste à l’huile d’olive (omniprésente dans la cuisine andalouse), mais on le consomme aussi frit « fritura malaguena » en y ajoutant petits rougets et calamars . Autres plats typiques : le gaspacho andalou, une soupe à servir glacée, faite de tomate, de concombre et d’ail ; moins connue, la soupe « ajoblanco »,  un mélange d’amandes,  ail, pain, vinaigre, sel et huile d’olive. Naturellement, les vins tiennent une place prépondérante et leur variété infinie (blanc ou rouge) ne se limite pas au fameux « Malaga » vin doux d’apéritif célèbre à travers le monde.

ImageLa Province de Malaga a tous les atouts : 320 jours de soleil par an, 40 terrains de golf, une variété de plages, de sports nautiques et terrestres, un arrière-pays aux Parcs Naturels déclarés « Réserves de la Biosphère » par l’Unesco où  se pratique un tourisme vert, ses fêtes traditionnelles, sa gastronomie, son vin, ses centres de remise en forme, ses Palais de Congrès accueillant un tourisme d’affaires international. (visitacostadelsol.com)

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