GRÈCE : Les Météores

En Grèce continentale, à l’extrême ouest de la Thessalie (Compter entre 5 et 6 heures de route en voiture depuis Athènes) se dressent de bien étranges gratte-ciel, les rochers des Météores. Un panorama exceptionnel s’étend – du sommet des Météores – sur la plaine de Thessalie et la plaine du Pénée.

METEORE

L’origine du mot « Météore » ne serait pas ancienne : le fondateur du couvent sacré de la Métamorphose(Transfiguration), Saint Athanase le Météorite aurait donné ce nom primitivement (1311 Après J.C.) à la « Platys Lithos » (large pierre) où il est d’abord monté pour devenir, ensuite, la dénomination générale des rochers. Le mot météore, de l’ancien meta aïro (élever) signifie littéralement « haut, suspendu en l’air »… et l’on n’aurait pas pu donner un nom plus juste à ces rochers qui devaient abriter des êtres appelés à vivre au-dessus de la terre !

METEORE
Il n’y a pas beaucoup de témoignages historiques sur les rochers des Météores… Côté « formation », on retiendra la théorie du géologue Allemand, Philipson (Thessalie et Epire/1897) : cet ensemble de rochers proviendrait de l’embouchure d’un fleuve en forme de cône (c’est-à-dire d’une masse de pierres du fleuve, de sable et de vase). 60 millions d’années Avant J.C. ce fleuve avait son profond estuaire à un étroit endroit de la mer Thessalienne à l’emplacement de la ville de Kalambaka. Quand, plus tard, les eaux de cette mer se sont retirées, la masse entassée a été morcelée en collines de différentes formes par l’action corrosive de l’eau, les vents violents, les pluies et les secousses sismiques…
METEORE
Selon la légende, les premiers ascètes seraient venus dès le 9ème siècle Après J.C. Ils se juchèrent dans les grottes et les crevasses ou sur les sommets les plus accessibles et les plus proches de Kalambaka créant d’abord de petits endroits de prière « prosscuchadia » (du grec, prière) à côté de la grotte-habitation, et  en allant chaque dimanche à la grande fête à « Kyriaco » c’est-à-dire une petite église commune pour la célébration de la messe. Ces ascètes et stylites (du grec « stûlos », colonne) établirent l’ascétisme solitaire sur les Météores. Dans le froid glacial, la privation, ces pieuses âmes se sentaient plus proches de Dieu : « Après avoir engagé un grimpeur qui l’a monté sur une des pierres, Athanase y a construit une hutte où il a passé sa vie »…Du temps de l’installation des ermites, il y aurait eu à Kalambaka des sortes « d’alpinistes » susceptibles d’escalader les rochers… Certainement des chasseurs et des bergers connaissant parfaitement les passages possibles… Moyennant finances, ils auraient permis ces premières installations !
METEORE
Malheureusement, à des époques postérieures, les moines météoriques – privés d’érudition – n’étaient pas capables d’apprécier le travail de leurs prédécesseurs : d’anciens codes très précieux ont alors servi à allumer le feu ou ont été vendus à des étrangers à des prix insignifiants : l’exploitation de l’ignorance au Grand Météores était arrivée à un  tel degré que les manuscrits s’achetaient au poids ! Pourtant, s’il n’y avait pas eu ces naïfs mais pieux moines, les couvents des Météores auraient été tout à fait abandonnés et leurs trésors pillés par les conquérants… Fin 19ème et début 20ème, un grand nombre de manuscrits ont été transportés à la Bibliothèque Nationale d’Athènes tandis que d’autres furent vendus à l’Université de Munich ou offerts à la Bibliothèque Nationale de Berlin.
METEORE
Dans la décadence générale que les couvents connurent dès le début du 18ème siècle, ils ont été réduits à servir de prisons et de lieux d’exil à des hommes punis par le gouvernement turc ou par les autorités écclésiastiques… bien détournés de leur destination de prière et de recueillement. Jusqu’à la moitié du 20ème siècle, l’ascension à presque tous les monastères était encore pénible et dangereuse limitant le nombre de visiteurs. C’est sans doute pour cela qu’on trouve peu de traces des lieux dans la littérature grecque moderne. Le seul moyen d’accès était le filet suspendu que l’on montait à l’aide d’une corde par un système de poulie : « Dans la corbeille en filet, on fermait les yeux, on serrait les dents pour supporter le balancement de l’air et on priait pour que la corde ne rompe pas ! »… L’échelle précaire qui grinçait à chaque pas et flottait à chaque souffle de vent n’était pas un moyen d’accès plus rassurant… Et ceci dura jusqu’en 1920, date de la construction des escaliers taillés et de ponts solides… En 1948, on construisit une route asphaltée tandis que l’interdiction faite aux femmes d’y pénétrer était levée.
METEORE
Mais bien que « le plus grand ennemi du moine – et de tout homme en général – soit sa propre faiblesse », la foule de pèlerins et visiteurs se multiplia tant qu’il fallut la régulariser… Sous l’occupation puis sous les années noires de la dictature, certains monastères furent transformés en repaires de bandits et d’autres en hôtels comme ce fut le cas pour le Grand Météore… Cela dura jusqu’à l’avènement du Hiérarque Dionysios Theotecni, religieuse auteur du livre « Météores : la forêt de rochers de la Grèce » : « Le temps passe, les rochers ne le suivent pas. Les hommes s’en vont, les rochers restent. L’âme, comme les rochers, n’appartient pas aux choses mortelles… Comme tu retournes des Météores plein d’admiration, de fortes impressions et d’émotions très vives, réfléchis si tu as senti dans ton fond intérieur comme un souffle d’air fin, le message silencieux de la forêt de pierre des Météores… ».
METEORE
Incroyable ensemble de tours rocheuses, le site compte une soixantaine de ces pitons rocheux vertigineux dont certains dépassent 300 mètres de hauteur. A leur sommet, les monastères sont une des curiosités de la Grèce inscrites au Patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO depuis 1988. 24 monastères furent établis au XIème siècle, qui servaient alors de refuges, d’où leur situation au sommet de rochers à parois verticales. Ce n’est qu’au XIVème siècle que ces simples refuges se transformèrent en monastères. Aujourd’hui, seuls six abritent encore des moines.
METEORE
Il faut d’abord venir pour les sculptures rocheuses en grès absolument uniques. La plupart des monastères abritent des chapelles avec des fresques, des bibliothèques remplies de manuscrits précieux et d’icônes. Au-delà des grands monastères, les Météores cachent aussi une myriade de sanctuaires abandonnés autant de buts de promenade à l’écart du flot touristique. Une bonne route mène aux monastères à partir de Kalambaka, et des escaliers permettent d’évoluer dans les rochers. Attention : il est interdit aux femmes qui visitent les monastères de porter des pantalons, mais des jupes longues sont prêtées aux touristes.
METEORES
En nous promenant au milieu de ces rochers abrupts, nous avons aperçu dans une cavité de la roche du linge qui semblait sécher au soleil. Explication :  chaque vendredi de Pâques (le jour de la saint Georges) les femmes des villages (Kalambaka et de Kastraki) offrent aux jeunes hommes des pièces d’étoffe, dans le but d’aller les accrocher tout là haut et ainsi d’honorer Saint Georges, le saint de cette chapelle improvisée. Cette coutume viendrait de ce qu’un jour un bûcheron qui se serait gravement blessé à la jambe aurait promis, s’il guérissait, de donner tous les vêtements de sa femme… Ceci fut interprété comme un miracle !