GRÈCE : Paros, l’île au marbre (III)

Après moins d’une heure de ferry, au départ de Naxos, nous voici débarqués à Paros dans le port de Parikia

Depuis la haute antiquité, Paros et Naxos jouent la concurrence et la rivalité. Contrairement à sa grande voisine, Paros affiche une superficie de seulement 195 km2 (contre 428 km2 à Naxos) mais possède deux belles baies offrant un abri naturel aux deux ports de Parikia (la capitale) à l’Ouest et de Naoussa (au Nord). La « montagne » centrale, Profitis Ilias, affiche discrètement ses 776 mètres de hauteur !
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« Le marbre de Paros est le meilleur qui soit pour un sculpteur » a écrit l’historien Strabon. En effet, le « lychnites » est un marbre blanc particulier très transparent, très pur d’une épaisseur de 3,5 mm. Si on le compare avec le beau Carrare Italien, celui-ci ne fait que 2,5 mm d’épaisseur. Paros possédait des écoles de sculptures réputées jusqu’à Athènes. Parmi les chef-d’œuvres créés à partir de ce marbre : l’Hermès de Praxitèle, l’Aphrodite de Milos ou encore la Victoire de Samothrace ! Hormis le marbre, les Pariens possèdent une terre généreuse qui a toujours comblé leurs besoins. Agriculteurs, ils cultivent la vigne (d’excellents vins y sont produits), l’olivier pour l’huile ; les fruits et les céréales. Ils sont aussi éleveurs et fabriquent des fromages de chèvre et de brebis.

Parikia, la capitale

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Le « kastro » qui date des Francs a été bâti avec les matériaux de récupération des monuments antérieurs. Aussi est-il fait un peu à la mode des « modernes » d’aujourd’hui : enchevêtrements de vieilles colonnes, corniches, chapiteaux, portiques… Tous ces éléments combinés ont été réutilisés pour donner un aspect unique et inattendu à l’ensemble. Les blanches ruelles de marbre, agrémentées de petites chapelles, montent et descendent offrant de belles perspectives, ça et là sur la mer bleue… Les maisons se parent d’une profusion de fleurs : bougainvillées, jasmins, géraniums, citronniers concurrencent les arômes épicés qui s’échappent des fenêtres à l’heure de la préparation du déjeuner. Pour compléter la visite du centre historique, le Musée Archéologique devant lequel se dressent des tombeaux en marbre blanc renferme une riche collection d’art cycladique.
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L’église de la Panaghia Katapoliani est l’une des plus vieilles de Grèce. La légende dit qu’elle aurait été construite suivant le vœu d’Hélène, mère de Constantin le Grand (IVème siècle) qui, en route pour la Palestine, fit escale à Paros. Les fonds baptismaux en forme de croix sont les plus anciens du Proche-Orient orthodoxe. Nombreux centres d’intérêt architecturaux dont le cloître et ses cellules, l’iconostase avec icônes en argent, l’autel, les chapelles… Un musée d’îcones jouxte l’édifice.

Naoussa, la belle baie du nord de l’île

eglise mer
Le joli port de pêcheurs – à seulement 10 km de Parikia – s’est un peu transformé en village touristique avec boutiques de souvenirs, mais, hors saison, il garde un charme incontestable et beaucoup d’allure avec ses ouzeries et autres tavernes où les pêcheurs viennent siroter leur café frappé (très prisé en Grèce) dans la matinée. Les restaurateurs, au bord de l’eau, mettent les poulpes à sécher qui iront ensuite griller « à la plancha », un peu comme en Espagne ! Et toujours ce beau décor blanc et bleu, omniprésent dans les Cyclades…
taverne

En face de Naoussa, les calanques de Kolybithres étalent leurs rochers incroyablement sculptés par l’érosion qui prennent des formes magiques sous le soleil. Cet endroit offre des anses d’azur cristallin et de jolies petites plages de sable… Les armées de parasols (bleus comme les schtroumpfs !) sont déjà prêtes à accueillir leurs touristes… Mais en ce début de saison, les quelques privilégiés qui voyagent dans les îles grecques peuvent profiter du bonheur d’une nature encore préservée et d’une quiétude pas encore troublée par les décibels intempestifs des discos saisonnières !

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De merveilleuses rencontres…

Vu l’étroitesse de l’île, on en fait rapidement le tour en voiture. Nous avons loué un petit 4×4 Suzuki (Economique en mai : 30 Euros/jour) qui nous a permis de partir à la recherche des monastères blottis au sommet des vertes collines et de rencontrer des personnages hors du temps !

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Entre Parikia et le superbe village central de Lefkes, arrêt à Marathi pour visiter les ruines de la Société des Marbres de Paros fondée en 1878. Des lieux déserts mais jonchés d’immenses blocs abandonnés que l’on identifie immédiatement.

monastere

En continuant par une piste, on arrive au monastère d’Agios Minas (XVIIème siècle) où un ermite attend les visiteurs. Trop heureux de pouvoir converser, il raconte sa vie et celle des lieux dans un Anglais approximatif : jadis (il y a très longtemps !) il émigra au Canada et travailla à la mine du côté de Toronto… vieuxIci, pas de problème avec la tenue vestimentaire, l’homme qui s’est baptisé « Minas » comme sa maison sera tolérant… Après vous avoir accompagné dans les pièces les plus représentatives (dont la chapelle), il vous offrira à boire et à manger… Fromage, loukoums et vin non identifié… L’habitude des partages modestes s’impose car la propreté est plus que limite…Après l’expérience de l’ermite de Minas, la piste conduit au monastère d’Agios Théodoron. Sentiment de sérénité bucolique devant cette belle maison blanche entourée de prairies et dont l’horizon s’étend jusqu’à la mer… Les guides touristiques disent que la visite est possible le matin…

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Nous agitons vivement la cloche pour nous annoncer ! Après un petit moment apparaît à l’immense porte une petite vieille toute de noir vêtue qui doit être la Mère Supérieure du monastère peuplé uniquement de femmes (une vingtaine). Gentiment, elle nous accueille et nous ouvre les portes de la salle à manger.nonneMême avec une communication sommaire (elle ne parle que Grec !), le courant passe et nous arrivons à comprendre qu’elle s’appelle Paraskevi… Elle ne sait plus quoi nous offrir pour nous faire plaisir et tout y passe : eau fraîche, café, olives, pain fait par la maison, loukoums, œufs durs bénis de Pâques… Ici tout est désuet mais très propre. La vie rurale n’a pas évolué et la petite nonne non plus qui nous traite en « voyageurs » et non en « touristes » pour notre plus grand bonheur !
 maison

Paros sera notre dernière destination cycladique et le ferry nous ramènera au Pirée au bout de six heures… C’est sûr, nous retournerons à la découverte d’autres îles grecques au printemps prochain !

Hébergement : Coup de cœur à l’Hôtel Dilion (que nous avions acheté sur le serveur venere.com). La suite que nous avions choisie à 35 Euros (incluant le petit déjeuner) correspondait parfaitement à l’image du prestataire. A gauche de l’embarcadère, dans les rues blanches et bleues, l’hôtel offre une vingtaine de chambres très propres et l’accueil (en anglais) y est très chaleureux ! Internet : http://www.dilionhotel.com

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