POLOGNE : Gdansk et l’ambre

L’Office du Tourisme de la Pologne  nous conviait à participer au Salon Mondial de l’Ambre « AMBERIF » à Gdansk afin de mettre en lumière les atouts touristiques de la ville et l’apport économique et artistique engendré par le commerce de cette fameuse résine millénaire qui  a fait la réputation de la Baltique !
Gdansk ambre
Gdansk, Porte d’Or de la Baltique
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Située sur la delta de la Vistule – le plus grand fleuve polonais – et au bord de la Mer Baltique, Gdansk (500.000 habitants) possède un riche patrimoine architectural. Les débuts du peuplement remontent au 10ème siècle. De nos jours, Gdansk est la ville principale de la grande agglomération  formée avec Sopot (station balnéaire) et Gdynia.
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Gdansk a toujours été l’un des centres de commerce et d’artisanat les plus importants sur la mer Baltique. Dès le 14ème siècle, la ville adhéra à la Hanse (1310), la plus puissante organisation commerciale de l’Europe septentrionale, ce qui lui assura épanouissement et puissance. Cette période de grande prospérité dura jusqu’à la fin du 16ème siècle. Par le port de Gdansk transitaient 75 % des exportations de la Pologne, essentiellement des céréales destinées à toute l’Europe. Lors de la dissolution de la ligue, elle resta unie aux trois villes de Lübeck, Hambourg et Brême (jusqu’au 19ème siècle, on a nommé ces quatre cités les « villes hanséatiques »).

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Le Traité de Versailles consécutif à la Première Guerre mondiale fit de Gdansk la ville libre de Dantzig, sous le contrôle de la Société des Nations (1920), contre la volonté de ses habitants à large majorité allemande (96,4 %). En septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale commença par le bombardement de la garnison polonaise de Westerplatte, puis Dantzig fut rattachée à l’Allemagne.

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À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la ville fut détruite par l’armée soviétique, la population allemande exterminée ou expulsée, et Dantzig fut donnée à la Pologne sur l’ordre  de Staline avec le consentement de Churchill et de Roosevelt, puis rebaptisée sous le nom polonais de Gdansk. Entre temps, les bâtiments historiques du centre ville étaient  reconstruits alors que des quartiers nouveaux s’édifiaient plus près du littoral de la mer Baltique.

Solidarnosc et Lech Walesa

GDANSKLe port de Gdansk devint le plus important du pays. En décembre 1970, des ouvriers de Gdansk constituent un syndicat indépendant et se révoltent contre les dirigeants communistes. La répression fait officiellement 44 morts et de nombreux blessés. Le 16 mai 2001, le Général Jaruzelski (qui était alors ministre de la Défense) est accusé d’avoir ordonné aux troupes d’ouvrir le feu sur la foule. Soutenus par leurs collègues de Szczecin et de Silésie, les ouvriers de Gdansk réussissent à faire changer la mentalité des Polonais par rapport aux dirigeants communistes. En 1980, le syndicat Solidarnosc et son leader charismatique Lech Walesa conduisent une révolte similaire aux Chantiers Navals. Par la suite, le syndicaliste reçut le Prix Nobel de la Paix et fut même élu Président de la République. Le souvenir du passé est ici toujours vivant : en face de l’entrée des Chantiers Navals de Gdansk se dressent trois croix commémorant les travailleurs qui furent tués au cours des émeutes de 1970. Enfin, en 1989 la Pologne  devient une démocratie, ce qui permit à Gdansk un développement rapide et l’entrée dans l’économie de marché.

La vieille ville de Gdansk
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La rue Dlugi Targ aboutit à l’imposante Porte Verte qui fut construite dans le style maniérisme néerlandais (1571) et était initialement destinée à l’accueil des invités prestigieux. Actuellement c’est une section du Musée National mais elle abrite aussi le bureau du 1er Président de la IIIème  République : Lech Walesa !

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Le Vieux Port avec, au fond de l’image, l’emblématique grue médiévale

GDANSKAu-delà de la porte Verte, un boulevard longeant le canal conduit jusqu’au Vieux Port. En empruntant le quai Dlugie Pobrzeze à gauche, on traverse la porte Notre-Dame pour se retrouver dans la rue Mariacka (Notre- Dame), l’un des plus beaux coins de la Vieille Ville. De magnifiques perrons conduisent à des bijouteries qui proposent une riche gamme d’objets d’ambre. La ruelle s’achève sur l’imposanteBasilique Notre-Dame (1343-1505). Cet édifice gigantesque de type halle peut accueillir jusqu’à 25.000 personnes. C’est la plus grande église de Pologne. Elle contient une copie du célèbre Jugement dernier (1472) de Hans Memling  (l’original est exposé au Musée national de Gdansk) et une immense horloge astronomique.

Parmi les multiples autres monuments historiques de Gdansk , la Cour d’Artus (Ci-contre) – actuellement Musée Historique de la ville de Gdansk – construite sur le modèle de la légendaire Table Ronde des Chevaliers du Roi Arthur et qui fut pendant des siècles, le cœur du négoce de la cité. A l’intérieur, nombreuses œuvres d’art apportées par les confréries marchandes, maquettes de bateau et le plus haut poêle d’Europe (Renaissance) avec ses onze mètres de carreaux de faïence décorés.

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Le Grand Arsenal (1609) est le plus beau spécimen du maniérisme néerlandais à Gdansk. On y trouve l’Académie des Beaux Arts.

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La Fontaine de Neptune (17ème siècle) au style rococo est devenue le symbole de la ville. Selon la légende, c’est Neptune qui influença l’invention de la fameuse liqueur Goldwasser : irrité par les trop nombreuses pièces de monnaie jetées dans la fontaine, il frappa l’eau d’un  coup de trident et cassa l’or en minuscules particules… Ces éclats dorés auraient donné naissance à la brillante liqueur aux herbes !

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Les objets d’art religieux en ambre comme l’autel de la Basilique Sainte Brigitte sont l’œuvre du Studio Drapikowski (Internet : drapikowski.pl). L’artiste Mariusz Drapikowski est aussi le créateur de la coupe de fruits.

La Foire de la Saint Dominique  est la plus vieille (depuis 1260) et la plus connue des manifestations de Gdansk. Elle se tient, dans les rues de la vieille ville à partir du dernier samedi de juillet et durant trois semaines !

Gdansk, capitale mondiale de l’ambre

GDANSKDans la rue Mariacka, c’est le règne de l’ambre. Colliers, boucles d’oreille, broches, breloques… mais aussi statuettes, horloges, dés, jeux d’échecs… tout est à base d’ambre poli et taillé, artistement mêlé avec l’argent qui lui donne une si belle texture et lui confère relief et noblesse.

La légende dit que Phaéton, fils du Dieu du Soleil, Hélios, rêvait de conduire le char solaire mais encore jeune, il manquait d’expérience. Un matin, il se leva très tôt, avant son père, bondit sur le char et fila dans les cieux. Il voulait mener l’engin d’est en ouest, comme il l’avait appris. Les chevaux sentirent cependant très vite son manque d’assurance. Soit il se rapprochait trop de la terre, soit il s’éloignait profondément dans les cieux. Hélios, en se réveillant, prit conscience que la terre était en danger. Ivre de rage, il tua son fils en le frappant par la foudre. Le cadavre de Phaéton tomba dans un fleuve mystérieux appelé Eridan. Hélios transforma ses filles, les Héliades, en peupliers pour border ce fleuve. Les sœurs de Phaéton pleurèrent beaucoup, désespérées d’avoir perdu leur frère bien-aimé. Leurs larmes donnèrent alors naissance à l’ambre…

AMBRE
Des animaux (moustique et lézard) emprisonnés dans la résine depuis des milliers d’années !
Plus scientifiquement, l’ambre est une résine fossile qui provient d’arbres (conifères) de l’époque tertiaire il y a plus d’un million d’années ; il est composé à 79% de charbon, à 11% d’hydrogène et à 10% d’oxygène. Il est léger, s’électrise et se réchauffe facilement. Et selon les subtils dosages de sa composition, il peut revêtir des couleurs différentes : jaune, rouge, brun, miel, laiteux, couvert d’un léger brouillard, mais aussi verdâtre et transparent. C’est sous cette dernière apparence que l’ambre est le plus noble et le plus précieux ! On peut trouver l’ambre sur les rivages du sud de la Mer Baltique, mais aussi dans les montagnes libanaises, en Sicile et en Jordanie. Son nom polonais “bursztyn” vient du mot allemand “bornstein”, la pierre brûlante. Son opacité est causée par de minuscules inclusions gazeuses. En taillant puis en polissant l’ambre, on découvre ces inclusions qui font de chaque bijou une pièce unique.
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Eurypide, Sophocle, Hérodote, Tacite… Tous ont fait référence à l’ambre dans leurs œuvres Herzjod et Hérodote ont cherché le fleuve Eridan au nord de l’Europe …Hartknoch, au 17ème siècle, affirmait que ce fleuve était la Radunia, une petite rivière qui se jette dans la Motlawa à Gdansk. La première référence écrite sur l’ambre se trouve sur un obélisque assyrien à Ninive. On peut y lire : « Dans les mers de vents, les caravanes de marchands pêchaient les perles. Et sur les mers où l’étoile polaire plane au zénith, l’ambre safrane… »

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Bijoux du créateur MARCIN WESOLOWKI

Dans l’Odyssée d’Homère, on peut également lire que Pénélope, qui attendait son mari, reçut un collier fait d’ambre et d’argent. Les fameuses 3000 perles de Mycènes étaient faites d’ambre baltique, et provenaient de l’époque du bronze. En fait, l’ambre était employé à partir de 12.500 avant J.C. pour la fabrication d’ornements et d’objets décoratifs. La fameuse route de l’ambre reliait Gdansk à Rome passant par : Gdansk-Kalisia (Kalisz)-Worclaw-Opole-Carnuntum-Scarbantia-Sauaria (dzis Szombathely en Hongrie)-Poetovio-Emona-Aquileia-Adria-Ravenne-Arriminium (Rimini). Le trajet prenait environ six mois. Grecs et Romains étant très attirés par l’ambre qu’il nommaient « le mystérieux électron du pays d’Hyperborée »…

Des propriétés magiques et thérapeutiques
GDANSKLe savant arabe, Abu-r-Rajhan Biruni, au 11ème siècle, voyait dans l’ambre un médicament pour “ l’homme qui regarde d’un œil mauvais ” . Et le philosophe Avicenne (Abu Ali ibn Sin) en faisait l’un de ses ingrédients préférés dans le cadre de ses fonctions de médecin à la cour du khalife de Bagdad. Selon le Dictionnaire des Symboles (Robert Laffont, Collection Bouquins), c’est Thalès qui découvrit, vers 600 avant J.-C., les propriétés magnétiques de l’ambre. L’ambre jaune se dit en grec « électron », d’où le nom d’électricité. Les chapelets, les amulettes d’ambre, sont comme des condensateurs de courant. En se chargeant eux-mêmes, ils déchargent de leurs propres excès ceux qui les portent ou les égrènent. L’ambre représente le fil psychique reliant l’énergie individuelle à l’énergie cosmique, l’âme individuelle à l’âme universelle. Il symbolise l’attraction solaire, spirituelle et divine.
Ogmios, chez les Celtes, se présente dans la légende sous la forme d’un vieillard. Il attire une multitude d’hommes et les tient attachés par les oreilles à l’aide d’une chaîne d’ambre. Les captifs pourraient fuir en raison de la fragilité de leur chaîne. Ils préfèrent suivre leur guide. Le lien par l’ambre est d’ordre spirituel. Un visage d’ambre est volontiers attribué aux héros et aux saints. Il signifie un reflet du ciel en leur personne et leur force d’attraction. Apollon versait des larmes d’ambre quand, banni de l’Olympe, il se rendait chez les Hyperboréens. Ces larmes exprimaient sa nostalgie du Paradis et le lien subtil qui l’unissait encore à l’Elysée. Le Pseudo-Denys l’Aréopagite explique que I’ambre est attribué aux essences célestes parce que, réunissant en lui les formes de l’or et de l’argent, il symbolise à la fois la pureté incorruptible, inépuisable, indéfectible et intangible qui appartient à l’or et l’éclat lumineux, brillant et céleste, qui appartient à l’argent (Pso, 241). Selon une croyance populaire, l’homme qui conserve sur lui, en toute circonstance, un objet d’ambre ne peut être trahi par sa virilité.
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Mariusz Gliwinski (Ci-dessous) est créateur de bijoux d’ambre. Il travaille en coordination avec les stylistes de mode. Nous avons visité son atelier (Grunwaldzka 12/16) et constaté la fragilité de la précieuse résine d’où la nécessité d’avoir des ouvriers hautement qualifiés pour réaliser les modèles uniques. Internet : ambermoda.com

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Au Parc des Expositions de Gdansk, une clientèle internationale s’était donné rendez-vous dans les allées duSalon « AMBERIF 2009 » . Vendeurs et acheteurs du monde entier ont pu négocier leurs prochaines collections au cours des cinq jours qu’a duré la manifestation. L’alliage de l’ambre aux autres minéraux et pierres précieuses a même été mis en scène dans un grand défilé de créateurs unissant bijoux en ambre et tendances mode…
La Forteresse de Malbork
MALBORK
Aux alentours de Gdansk, de nombreux pôles d’intérêt touristique… Parmi eux, la Forteresse de Malbork à une heure de route en voiture permet de s’intéresser au  plus grand château de brique du monde, merveille de l’architecture polonaise inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO !
MALBORK
La ville, construite autour de la Forteresse de Marienbourg ou « Malbork », a été fondée en 1274 sur la rive droite de la rivière Nogat, un bras de la Vistule, par les chevaliers teutoniques. Le château fortifié devint le siège de l’ordre des chevaliers teutoniques et la plus grande forteresse gothique d’Europe. Malbork est composée de trois châteaux imbriqués les uns dans les autres et séparés par des fossés et des tours. Dans la partie basse se trouvaient les marchands ; la seconde partie à laquelle on accède par un pont-levis servait aux chevaliers et le haut du château était un lieu de culte et d’entraînement aux armes. Les murs sont bâtis avec des briques importées de Prusse et l’aménagement est très sophistiqué (circuit d’aération pour chauffer les pièces, sculptures, toilettes…). Ce fut aussi – durant des siècles – la résidence du Grand Maître de l’Ordre dont on visite les appartements.
MARLBORK

La rivière et le terrain plat permettant un accès aisé aux barges à une centaine de kilomètres de la mer, les chevaliers teutoniques collectèrent des péages et imposèrent un monopole sur le commerce de l’ambre. La ville devint plus tard membre de la ligue hanséatique et de nombreuses réunions de la Hanse s’y tinrent. En 1945, la ville de Malbork  fut cédée à la Pologne.

MARLBOK
LIENS  UTILES
Pour visiter la Pologne, un réceptif professionnel
à votre écoute, André Falkowski : omnibustourist.com.pl
Ville de Gdansk : gdansk.pl
Tourisme pour la France : tourisme.pologne.net
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Fresque sur une façade d’immeuble sur la Grande Place du Marché à Gdansk