RUSSIE : LA REGION DE LENINGRAD

Nous avions déjà passé (en novembre 2016) 72 heures à St-Pétersbourg (lien : Russie : St-Pétersbourg) à l’invitation des autorités locales et de la WTMG (World Travel Media Guilde) pour découvrir cette sublime ville aux palais somptueux abritant l’un des musées les plus mythiques au monde, l’Ermitage, riche de milliers de chefs-d’oeuvre internationaux. Si le temps nous était si restreint, c’est que nous étions venus en ferry d’Helsinki sans nécessité de visa pour une telle durée !

 

En cette fin février 2019, nous voici de retour dans la région, toujours à l’initiative de la WTMG et à celle du Comité du Tourisme de l’Oblast de Leningrad. Cette fois, nous avons obtenu – au préalable – nos visas… et ce n’était pas une mince affaire ! En fait, si Saint-Pétersbourg a abandonné son nom de « Leningrad » en 1991 après la Perestroïka, il n’en fut pas de même de la région qui resta fidèle, par référendum, à cette identité « Oblast de Leningrad ». Il s’agit donc bien des alentours de Saint-Pétersbourg !

Un Comité du Tourisme dynamique

Olga, Irinia et Aleksander, notre guide-traducteur

En préambule de nos visites, nous avons rendez-vous avec les responsables du tourisme : Olga, Manager du « Tourist Information » nous en expose tout le potentiel touristique : « Notre région est aussi grande que la Suisse, dit-elle. Elle est bordée par la République de Carélie, les Oblasts (comprendre « Régions ») de Vologda, Pskov et Novgorod, puis la Finlande et l’Estonie. Sa configuration géographique prend la forme d’un papillon que nous avons décidé d’interpréter dans notre logo touristique.

L’Oblast de Leningrad comprend des forêts, des rivières et de nombreux lieux historiques dont 6000 monuments, musées, manoirs, châteaux, résidences impériales, sites religieux, tous représentatifs de la culture russe : rien qu’à Gatchina, il y a deux palais ! Ici aussi l’empreinte de Pierre le Grand se devine car il a distribué les alentours de sa ville à ses amis…

Irina, responsable du tourisme à Gatchina poursuit : « Gatchina est  à la fois une ville industrielle, scientifique, culturelle, mais aussi éducative. Et si nous sommes fiers de notre centre historique inscrit au Patrimoine de l’Unesco, nous sommes tout autant fiers de notre Institut de Physique Nucléaire faisant partie du Centre de Recherche de l’Institut Kurchatov. Ici, le tourisme n’en est qu’à ses balbutiements mais tous les atouts sont de notre côté pour le faire croître rapidement : palaces, parcs, anciens manoirs, musées, temples, architecture de bois, lieux reliés à des personnages mythiques… Festivals, reconstitutions historiques, évènements sportifs et culturels… autant en périodes estivales qu’hivernales ! ».

Mikaël, le guide costumé de Gatchina…

Nous voici prêts à explorer les rues de Gatchina… Un beau jeune homme, qui semble être déguisé, balaie sur la Place de la Mairie… Au départ, nous ne comprenons pas qu’il est notre guide : nous voulons photographier ce drôle d’employé municipal ! Il se prête au jeu, et pour cause : il est là pour partager avec nous sa connaissance de la ville. Il nous explique que Gatchina fut la résidence favorite des empereurs Paul 1er, fils de la Grande Catherine (1754-1801) et Alexandre III (1845-1894) qui a donné son nom au fameux pont de Paris. Pour l’anecdote, cette célébration était destinée à symboliser l’amitié franco-russe conclue entre le tsar Alexandre III et le Président de la République, Sadi Carnot. La première pierre fut posée par son fils, Nicolas II, en 1896 et le pont fut inauguré en 1900 pour l’Exposition Universelle de Paris. 

Il fait froid, le ciel est sombre, bas… mais les couleurs de la ville et de ses édifices tranchent avec cette monotonie. En commençant par les deux superbes églises : la cathédrale, jaune, au bout de l’avenue principale et la cathédrale St-Paul, au dôme bleu ciel, restaurée en 1977 pour son 175ème anniversaire. Elle est aussi somptueuse à l’intérieur qu’à l’’extérieur (Nos photos).

Mikaël nous fait remarquer que certaines rues de Gatchina portent le nom de pilotes russes et soviétiques : la ville est célèbre pour avoir abrité la première école d’aviation russe dont fut diplômée Lidia Zvereva la première femme pilote russe !

Certaines maisons de bois datent du début du 19ème siècle comme ce vieux chalet dominé par les dômes bleus de la cathédrale ! 

A l’heure du déjeuner, un autre bâtiment de caractère accueille le restaurant « Arsenal ».

Le Grand Palais de Gatchina 

Néo-classique, le Grand Palais de Gatchina est pourtant le plus singulier des palais impériaux de la région. Il fut imaginé par Antonio Rinaldi, architecte italien, déjà concepteur, à St-Pétersbourg, du palais de Marbre au bord de la Neva appelé aussi « Palais Constantin ». Ce dernier s’est inspiré de ses voyages en Angleterre mais plus encore du Palais de Caserte à Naples. Le projet était de créer un palais de 600 chambres à la manière d’un château de chevalier, avec des éléments d’un pavillon de chasse royal et d’un manoir anglais. Le château présente une façade semi-circulaire à la simplicité classique, et un arrière plus fantaisiste, avec deux minces tours hexagonales créant l’atmosphère d’un château médiéval.

Les intérieurs sont plus somptueux que le bâtiment lui-même : décoration rococo et symétrie néoclassique. L’élégante salle à manger en marbre et la superbe salle blanche « White Hall » présentent une multitude de décorations en stuc et de fabuleux parquets. La chambre bleue de l’impératrice Marie Féodorovna (Notre photo) est fastueuse .

L’Exposition d’armes contient plus de 1000 pièces d’armes de cérémonie et d’armures ayant appartenu à la famille impériale. Le palais est inscrit au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Les dégâts causés au cours de l’occupation nazie ont été parfaitement restaurés.

HOTEL GATCHINA

Au coeur de Gatchina, l’hôtel, du même nom, offre tout le confort « standard » d’un 3*.

Rozhdestveno : visite du Manoir de Vladimir Nabokov

Le château de Rojdestveno est de style néoclassique (fin 18ème siècle). Ancien domaine de la famille maternelle de Vladimir Nabokov (Né à Saint-Petersbourg en 1899), c’est aujourd’hui un musée en partie consacré à l’écrivain qui passa sa vie à voyager, migrer d’un pays à l’autre : « Je suis un écrivain américain, disait-il, né en Russie et formé en Angleterre où j’ai étudié la littérature française avant de passer quinze années en Allemagne. Je suis venu en Amérique en 1940 et j’ai décidé de devenir citoyen américain ». En 1961, Nabokov s’installe en Suisse sur la Riviera Vaudoise dans le « Montreux Palace Hotel », où il demeure jusqu’à sa mort en 1977. Il a dû sûrement y croiser Chaplin… autre génie du 20ème siècle !

Lors de son passage à l’émission littéraire « culte » de la télévision française, Apostrophes, en 1975, Nabokov déclare à Bernard Pivot :« Je conçois très bien une autre vie, dans laquelle je ne serais pas romancier, locataire heureux d’une tour de Babel en ivoire, mais quelqu’un de tout aussi heureux, d’une autre manière : un obscur entomologiste qui passe l’été à chasser les papillons dans des contrées fabuleuses et qui passe l’hiver à classifier ses découvertes dans un laboratoire. » En effet, au château, on peut admirer son importante collection de papillons ou encore ses nombreux bagages toujours prêts à être bouclés et en route vers d’autres horizons !

Elizavetino Palace et son parc du 18ème siècle

A Dylitsy Village, nous allons vivre notre première « nuit de château » ! En effet, ce Palais, restauré en 2006, fait partie de ce que nous pourrions appeler en France, les « Relais & Châteaux » qui incluent des chambres d’hôtes à l’intérieur même du monument. Bien sûr, nous sommes en hiver et toute la beauté du parc anglais ne pourra pas nous être révélée ! Cependant avec ses ors, ses stucs, sa succession de salons, son grand hall… le manoir ne nous laissera pas indifférents ! Chacun prend possession de sa chambre raffinée et luxueuse avant de commencer la visite du musée entièrement consacré aux anciens propriétaires… 

Un rendez-vous prend toute sa résonance dans la belle salle d’apparat : celui que nous donne l’Orchestre d’Etat d’Instruments Russes Folkloriques « Metelitsa » dirigé par le Chef d’Orchestre, Igor Tonin. En effet, ce prestigieux ensemble de Saint-Petersbourg qui fait rayonner la culture russe dans le monde entier, a été désigné, pour apporter sa contribution à notre découverte de la Région de Léningrad ! Nous voici sagement à l’écoute.

Marina Shamray, journaliste membre de la WTMG (World Travel Media Guilde) mais aussi agent de la formation musicale nous explique : « Notre orchestre fête ses 30 ans cette année toujours sous la direction d’Igor Tonin. Notre ambition est de développer et faire revivre la musique folklorique traditionnelle. Chaque année, nous donnons plus de 100 concerts et notre répertoire compte pas moins de 600 morceaux originaux du classique, folk, en passant par l’avant-garde ! Nos artistes sont récompensés au cours de compétitions internationales… Nous participons aussi à de nombreuses rencontres internationales et justement, l’été prochain (juillet 2019) nous nous produirons… à Marseille ! Petite planète… A suivre !

Nous avons, à l’unanimité, adoré la performance de tous ces musiciens, et en particulier, Elena Kurskaya, soliste vocale ; Elena Veselova avec son « gusli », un instrument à plusieurs cordes, le plus ancien de Russie apparenté au cithare ou à la lyre ; ou encore Leila Akhmedova avec son « domra » un instrument à cordes de la famille des luths très répandu au 17ème siècle puis retombé dans l’oubli et qui est revenu au goût du jour fin 19ème associé à la balalaïka…

La soirée se terminait par le souper dans la grande salle des chasseurs affichant tous les trophées de naguère à même les murs… Oui, la vie de château correspond à une autre époque…

La Fête du Printemps «  Maslenitsa »

Une ambassadrice du printemps !

Ce matin, une joyeuse troupe a pris possession de la grande galerie du château. C’est le 1er Mars, et il faut célébrer joyeusement – et avec de l’avance sur le calendrier – le retour du printemps. « Maslenitsa » et toutes les autres fêtes religieuses furent interdites sous la période soviétique. Les célébrations reprirent après la Perestroïka. En fait, c’est le carnaval orthodoxe où les blinis sont rois (ils remplacent les crêpes catholiques !) et, côtés festivités, on mange et on boit en attendant la rigueur du carême…

Les jeunes russes venus nous présenter leurs traditions sont des étudiants ayant choisi des options « Théâtre » et leur inter-activité nous pousse dans nos retranchements pour participer aux danses du printemps ! Ils sont beaux, dynamiques et pleins d’enthousiasme : nous ne pouvons qu’accepter l’invitation qui nous est faite : Dans la vie quotidienne, il est peu fréquent d’écouter, à la fois, un concert russe, dormir au château et fêter le retour du printemps ! Merci à la troupe « Maslenitsa » pour leur entrain et leur fraîcheur… Nous quittons les lieux à regret… sous un grand rayon de soleil !

A Kobrino, l’éco-musée de la nourrice de Pouchkine

Arina Rodionovna née à St-Petersbourg en 1758 fut la nounou d’Alexandre Pouchkine. Toute sa vie, Pouchkine a gardé une attitude de tendresse, d’amour à son égard qu’il a traduit dans ses vers et dans ses lettres, en y faisant de fréquentes allusions. Dans le village de Kobrino, un bâtiment unique a été préservé – une isba paysanne en bois du 18ème siècle. Dans cette petite hutte vivait la famille de la nourrice, la paysanne serf Arina Rodionovna qui éleva ses quatre enfants et devint, à l’âge de 41 ans, la nounou du grand poète qui passa son enfance à quelques kilomètres le long du même chemin, dans le domaine de Hannibal à Suyde. Arina habita cette maison jusqu’à ce qu’elle rejoigne la famille Pouchkine à Moscou.

Le Domaine de Maryino 

Dans le village d’Andrianovo, à 60 km de Saint-Pétersbourg, nous voici, pour notre ultime étape, au Domaine de Maryino. C’est l’un des ensembles de manoirs les plus magnifiques de la Russie du 19ème siècle (1817) : le domaine familial Stroganov-Galitzine dit Maryino, aux lignes néoclassiques en forme de fer à cheval rappelle, par l’ampleur de ses ailes, la cathédrale Notre-Dame-de-Kazan de St-Petersbourg. On dit que seule la famille des tsars était plus puissante que celle des Stroganov !

Maryino est à la fois un château et une maison d’hôtes de charme qui propose aussi l’immersion dans cette aristocratie tsariste décadente… A la costumerie, si le coeur vous en dit, une belle robe à cerceaux vous permettra d’être « la plus belle pour aller danser » valse viennoise ou mazurka, bien entendu !

Notre guide mais aussi habile musicien  nous fait les honneurs du musée d’objets de la vie paysanne du 19ème siècle situé en sous-sol… Une collection impressionnante qui semble faire écho aux disparus. La visite de l’enfilade de pièces et de salons qui se succèdent révèle tous le subtil raffinement des hôtes : objets précieux partout, immense bibliothèque, chambres « thématiques » diverses dont une égyptienne (Notre photo)… tout a été rapporté au cours des nombreux voyages à travers le monde de ces illustres familles.

Le « Tour du Propriétaire » serait incomplet sans la visite de la ferme d’autruches, celle du haras ou encore celle de la grande remise où sont entreposés traîneaux et carrosses auxquels les « résidents » ont accès sur simple demande… La balade, à l’heure du coucher de soleil est tonifiante mais le spectacle de l’horizon qui s’embrase avec la blancheur de la glace et de la neige, est absolument enchanteur !

Au retour de la promenade, il est l’heure, avant le dîner, d’assister au concert de notre guide-mélomane dans le beau salon de musique… Qui reconnaissons-nous à côté du piano à queue ? Molière, évidemment… à la Cour de Russie, il étaient tous francophones et éclairés ! 

Passage à Saint-Pétersbourg

Nous avons eu la chance, au début de notre voyage, de pouvoir passer trois nouvelles journées dans la Venise du Nord ! Notre hôtel, choisi par Nikolaï Meinert, notre confrère co-organisateur du voyage, « Catherine Art Hotel » était situé en plein centre (Perspective Nevski 32) et très peu onéreux. Il faut dire qu’il était flambant neuf (4*) et totalement en cours d’aménagement. La « Ville de Peter » offre une atmosphère particulière de décontraction toute slave malgré le froid glacial de l’hiver. On imagine aisément la belle baroque, si différente, au cours des nuits blanches d’été… La Neva, sans la « banquise » et avec ses bateaux… J’ai hâte de voir !


Reportage réalisé par Danielle Perrier-Antonetti / Textes & Gérard Antonetti / Photos (Copyright Mars 2019)


*** Thanks to Committee of Leningrad Region for Tourism, Administration of the Gatchina Municipal District of the Leningrad Region, Information Tourist Center of the Leningrad Region and, Nikolai Meinert from WTMG who coordinate all. And thanks to Aleksander, our guide, who translated all Russian speaking in English ! Thanks also to Marina Shamray who organized « Metylitsa Concert »… and finaly thanks to our international colleagues (Ljubov, Laura & Johannes, Paco, Juha, Johan and Siiri) for their friendly company during the trip !


ORGANISER UN VOYAGE EN RUSSIE ?

Il semble que tout soit très compliqué à organiser par soi-même à commencer par l’obtention du visa ! Il faut savoir qu’il n’y a que 3 bureaux en France : Paris, Strasbourg et… Marseille. Il y a aussi internet mais beaucoup plus cher… Bien que nous nous y soyons pris longtemps à l’avance, il manquait toujours quelque chose à notre dossier…

Ensuite, pour obtenir le visa (61€), il faut, au préalable avoir une lettre d’invitation de (ou des) l’hôtel choisi… Il semble donc plus facile d’avoir recours à un Tour Opérateur qui prendra en charge les fastidieuses démarches administratives ! Le guide « Petit Futé St-Pétersbourg » en recense une bonne vingtaine certains spécialisés dans la nature, d’autres dans la culture : à chacun son choix ! Vous aurez même la possibilité de concevoir votre voyage sur mesure… 

Notre recommandation : si vous optez pour un court séjour à St-Pétersbourg, vous pourrez bien vous débrouiller par vous-mêmes… Mais si vous souhaitez effectuer un circuit russe, il est nécessaire de passer par un professionnel !

Domaine Maryino by night

Coucher de soleil à Maryino
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