STAR FLYER à Saint Barth et Saint-Martin : la reconstruction (III)

Saint-Barth est la dernière escale de notre croisière sur le Star Flyer avant notre débarquement à Saint- Martin

Depuis 2007, Saint-Barthélemy et Saint-Martin sont devenues « Collectivités d’Outre-Mer » (COM) bénéficiant d’une indépendance administrative avec un conseil territorial doté d’un président, un conseil exécutif et un conseil économique, culturel et social. Cependant les deux îles ont subi, en septembre 2017, l’ouragan du siècle « Irma » qui les a frappées de plein fouet anéantissant – à plus de 300km à l’heure – tout sur son passage et laissant des marinas de désolation avec des embarcations enchevêtrées, des palmiers écimés, des maisons aux toits envolés et des habitants survivants et hagards pendant de nombreuses semaines sans eau ni électricité…

La petite piste de l’aéroport qui finit… sur la plage !

La reconstruction prend du temps et Saint-Barth, avec sa puissance économique se relève plus vite… En effet, l’île jouit d’une réputation très chic, depuis longtemps, et les capitaux ne manquent pas pour effacer les traces du terrible ouragan. La capitale, Gustavia (qui tire son nom du roi de Suède, pays auquel appartenait l’île jusqu’en 1877) affiche ses boutiques de luxe made in France : Viton, Chanel, Longchamp, Cartier… qui font la joie des croisiéristes déversés par centaines sur la rue principale par les grandes compagnies américaines ! Dans le port, les yachts de milliardaires sont difficiles à dénombrer… 

La tombe de Johnny…

On ne peut pas venir à St-Barth sans faire un tour par la sépulture de Johnny… Nous avons décidé d’y aller à pied après deux jours de navigation ! On atteint le Cimetière Marin de Lorient après avoir parcouru deux anses et la courte piste de l’aéroport qui finit dans la mer où un cordon de sécurité empêche les touristes de se baigner… Il n’y a pratiquement pas de trottoir pour marcher et les voitures nous frôlent… Un véritable « chemin de croix » que nous avons entrepris avec nos copines croisiéristes Zabeth et Claire-Lise aussi curieuses que nous de voir où repose, après ces funérailles nationales et les polémiques qui s’ensuivent depuis, le célèbre Jean-Philippe Smet, né à Paris « par une nuit d’orage » dit la chanson… Enfin, nous arrivons au petit village de Lorient et son petit cimetière juste au bord de la route… La tombe de Johnny se trouve à droite, à quelques mètres en entrant… 

Pauvre Johnny, si loin de ceux qui ont fait sa gloire : ses milliers de fans qui ne pourront jamais se payer le déplacement sur l’île des nantis… Même la tombe d’Elvis à Graceland est moins kitch… des fleurs en papier crépon, un carré de sable, des dizaines de bougies éteintes, des cailloux gravés et exposés comme autant d’ex-voto… et seulement deux couples de fans venus se recueillir sur la tombe de l’idole des  jeunes ! Oui, celui qui reçut un hommage présidentiel à Paris devant une foule innombrable est bien seul dans l’éternité. Me reviennent les paroles de cette chanson : « Je suis seul, désespéré »… Bref, un véritable «chanteur abandonné», autre titre évocateur !

Saint-Martin, la franco-hollandaise

Nous débarquons à St-Martin, côté néerlandais à  Philipsburg… Evidemment, un dernier coup d’oeil nostalgique sur le beau Star Flyer, qui, même avec ses mâts dépourvus de voiles, garde une fière allure mythique !

St-Martin appartient à l’Archipel du Nord, au coeur de la Caraïbe entre les « Grandes » et « Petites » Antilles. Cette île franco-hollandaise vit en paix depuis 1648 ! La légende raconte que Français et Hollandais se mirent d’accord pour chasser les Espagnols se partageant l’île d’une façon peu conventionnelle : la frontière fut déterminée par des coureurs de chaque nation qui eurent à parcourir – d’un bout à l’autre de l’île – la plus grande distance avant de se croiser. Les Français firent ainsi les 3/5 ème de l’île… Bref, la partie Nord « Grande Terre » appelée « Saint-Martin » est Française et le sud appelé « Sint Marteen » Hollandais. Elles sont reliées par deux cordons littoraux enfermant l’étang salé de Simsonbaii. Peuplée de noirs immigrés, l’île est anglophone et Marigot, la capitale Française est la seule commune de France à parler French & English et compter à la fois en euros et en dollars ! C’est un port franc découvert par Christophe Colomb le 11 novembre 1493… jour de la St-Martin ! Notre taxi-guide, Tony, avec son look rasta est inépuisable sur son île chérie, sa culture, son histoire. Il sera notre seul et précieux interlocuteur au cours de cette journée de découverte : « L’ouragan Irma a anéanti notre fragile économie, dit-il. j’ai dû rester près d’un an sans travailler car les touristes avaient déserté ! Aujourd’hui, nous nous battons avec énergie pour être encore plus performants qu’avant… Notre île, cosmopolite compte 187 nationalités différentes et je ne sais même pas combien de religions ! Cela ne nous empêche pas de vivre en harmonie ».

A bord de « Baby », le véhicule de Tony, nous aurons un large aperçu de St-Martin, côté Français, et de son lent redressement : le site naturel protégé de Coralita et son observatoire reconstruit où viennent se balader les baleines à bosses de janvier à mai ; la Baie d’Orient et ses plages dont les maisons ou « carbets » reprennent leurs couleurs créoles…et leurs toits ; Le Fort construit en 1789 pour protéger l’île des pirates ; le pélican marron, oiseau emblématique de St-Martin ; le Pic Paradis qui culmine à 429 mètres et offre une vue panoramique sur la baie…

A l’heure du déjeuner, Tony nous propose de faire connaissance avec Coco… qui tient un « Lolo » (Restaurant local) sur la Place du marché de Marigot. Occasion de goûter au « Colombo », le fameux plat créole à base de riz au curry et de poulet, d’agneau ou de crevettes… Tony a une grande culture sur l’histoire de son île chérie et saura vous conter avec passion toute les anecdotes sur l’esclavage ou l’extraction du sel qui fit jadis la richesse des lieux… Bref, un véritable historien charismatique à recommander pour visiter St-Martin ! Contact : tonys_taxi@outlook.com

 

Pour finir la journée, un petit shopping s’impose à Philipsburg, Sint Maarten côté néerlandais, avec toutes ses boutiques hors taxes, ses bijoux et son joli front de mer ! Sauf que… à 18 heures, tout ferme : les rideaux tombent dès que les immenses bateaux de croisière rapatrient leurs clients à bord… 

La promenade de la plage, peu éclairée, devient quelque peu sinistre… Nous y avons néanmoins rencontré trois jeunes d’Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) qui ont repris, depuis septembre dernier, l’établissement « La Nouvelle Vague Beach Club & Resto » sur le port avec service de plage. Julien, qui a déjà travaillé 13 ans à St-Barth et connait donc bien le coin, a entraîné ses potes Thomas et Lucas dans l’aventure. La déco, raffinée, est venue par container de Bali ! Même les tables sont personnalisées et gravées « NV » à l’identique de celles d’Argelès. Arrêtés par hasard, nous avons été séduits par le sourire et le dynamisme de l’équipe à laquelle nous souhaitons donner un coup de pouce !  A retrouver sur Facebook : nouvellevaguesintmaarten

Site O.T. de St-Martin : st-martin.org/fr

Saint-Martin : le Fort Louis

Reportage : Texte : Dany Antonetti / Photos : Gérard Antonetti (Décembre 2018)


St-Martin : les symboles du passé esclavagiste de l’île des deux côtés : se défaire de ses chaînes et contribuer à la lutte d’affranchissement avec Lady Liberty !