Ecotourisme en Guyane

(Copyright ZBO)

Ce paradis vert constitue  un important réservoir de diversité biologique et immémoriale. Ne l’oublions pas, l’Amazonie existe depuis 55 millions d’années.

 

A 7.000 kilomètres de la France Hexagonale, la Guyane a tendance à défrayer la chronique par ses importants flux migratoires en provenance de ses voisins du Suriname et du Brésil. Avec ses deux frontières fluviales, à l’Ouest de 500 km sur le Maroni et à l’Est, de 700 km sur l’Oyapock, cette région ultramarine a en effet des frontières très poreuses.

Pourtant cette collectivité territoriale française, reliée en 8h30 de vol au départ de Paris, mérite largement un détour sur le plan du tourisme de nature. Implantée sur le continent sud-américain, elle présente une architecture coloniale assez proche de celle des Antilles françaises, situées au Nord. Mais sa végétation est encore plus dense qu’en Martinique ou Guadeloupe. Normal, la forêt équatoriale s’étend sur 98% de son territoire, ce qui rend sa biodiversité terrestre parmi les plus riches au monde. En Guyane, le visiteur admire l’Amazonie. Cette zone et le plateau des Guyanes totalisent 25 % des forêts tropicales de la planète encore intactes !

Flore et faune amazoniennes

(Copyright Eric Valenne)

Existant depuis 55 millions d’années, la Guyane abrite au moins 98 % de la faune vertébrée et 96 % des plantes vasculaires de la France. Sans faire un inventaire à la Prévert, retenons qu’on y dénombre plus de 5.700 espèces végétales, 691 espèces d’oiseaux nicheurs, 217 espèces de mammifères (terrestres et marins), 500 espèces de poissons d’eau douce et saumâtre,  167 espèces de reptiles, 134 espèces d’amphibiens et 420 à 590 espèces de mollusques.

Ce paradis de l’éco-tourisme compte aussi près de 450 espèces d’oiseaux, environ 200 espèces de reptiles et d’amphibiens. Lors d’une expédition en forêt, en compagnie d’un guide local expérimenté, le randonneur peut repérer sur un même hectare, plus d’une centaine d’espèces d’arbres, soit dix fois plus qu’en forêt tempérée !

Plus vaste parc national de France et de l’Union Européenne,  le Parc amazonien de Guyane s’étend sur 3,4 millions d’hectares autour de la commune de Maripa-Soula. Doté d’une flore riche, il foisonne d’arbres géants, de lianes, de plantes aux inflorescences spectaculaires comme les orchidées.

Le cortège d’espèces emblématiques de la faune amazonienne comprend des jaguars, de nombreux primates, des loutres géantes, des tapirs, des caïmans et des boas, des dendrobates, des coléoptères géants et de nombreux papillons dont le Morpho à la belle couleur bleue métallique…

Tortue Luth (Copyright Vanessa Jansen)

Pas question de s’aventurer seul dans la forêt Amazonienne.  Des prestataires locaux proposent de passer une ou deux nuits dans des carbets en pleine nature. Typiques des cultures amérindiennes, ces abris de bois au confort sommaire – on dort dans des hamacs –  permettent un retour aux sources. 

Fleuve Kourou (Copyright Jean-Emmanuel Hay)

Après une heure de navigation en pirogue au départ de la ville de Kourou, qui porte le nom du fleuve Kourou, vous arrivez par exemple au Camp Cariacou situé sur la crique Balata. A vous de jouer les aventuriers et de découvrir le milieu par des balades à pied ou en canoë, le tressage, la cueillette, la pêche à la ligne…. Voire d’effectuer une balade nocturne en pirogue.

(Copyright Didier Farnaud)

Dans l’Est Guyanais, à une bonne heure de route de Cayenne, la réserve naturelle de Kaw englobe les communes de Régina et de Roura. Vous pouvez loger en carbets – flottants ou non – et partager les connaissances sur la vie locale, la faune et la flore, des guides.

Tourisme de mémoire au bagne

Impossible d’ignorer le passé douloureux de la Guyane. Dès le Second Empire la Guyane fut choisie comme terre d’expiation. Au total, environ 80.000 transportés, relégués, déportés y furent expédiés sans profit. Le siècle carcéral prit fin un peu après la seconde guerre mondiale.

Aujourd’hui à partir de Kourou, des navettes quotidiennes mènent aux Iles du Salut. Avec leur végétation récente et luxuriante, les trois îlots au passé sombre pourraient ressembler aujourd’hui à des refuges de vacanciers. Le film Papillon (1973) avec Steve McQueen et Dustin Hoffman, d’après le célèbre roman d’Henri Charrière a passionné les Américains. Au point que chaque année, une quinzaine de bateaux de croisière en provenance de Miami y accostent pour une visite de quelques heures.

Sur ce site devenu depuis 1971, la propriété du Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), elles doivent être totalement évacuées à chaque lancement vers l’Est car elles se situent sur la trajectoire des lanceurs. Sur la plus grande île, celle Royale vous serez accueillis par des singes et des agoutis.

Une fois arrivé au débarcadère, il faut grimper des escaliers pour atteindre l’ancien hôpital construit en briques rouges et la chapelle, classés aux monuments historiques. Et bien sûr visiter les cellules de la réclusion. Propriété de l’Etat, le phare reste toujours en activité. A pied, le tour de cette île, prend pratiquement deux heures. Toute proche, l’île du Diable non ouverte à la visite, abrite la petite maison où le capitaine Dreyfus a été interné. Pour mieux s’imprégner de l’atmosphère de ce lieu de souffrance, vous pouvez résider à l’auberge des îles, au confort rudimentaire. Pas question de nager, la mer y est dangereuse. Quant à l’île Saint-Joseph, fouettée par une forte houle, elle devrait être accessible au public, une fois qu’un ponton sera installé.

A l’Ouest de la Guyane, les forçats ont construit leur bagne et les bâtiments de la commune de Saint-Laurent du Maroni. Dans la capitale du Bagne, le centre ville autour de la mairie et de l’église, se découvre en toute sécurité en plein jour. Ne manquez pas le fleuve Maroni. D’une largeur de 1.800 mètres de la ville d’Albina au Suriname, il enregistre à hauteur de Saint-Laurent, près d’un millier d’allers et retours de pirogues par jour !  Les locaux évoquent un « bassin de vie » entre les deux rives de ce fleuve.

Pleins feux sur le tourisme spatial

Lanceur en ZL – Vol 189 (30/06/2009)

Situé à Kourou à une heure de route de Cayenne, le Centre Spatial Guyanais célèbre, en 2018, ses 50 ans de lancement. De ce port spatial de l’Europe décollent notamment les fusées Ariane 5, les Vega, les Soyouz. Principal site de tourisme industriel visité de Guyane, le CSG a accueilli en 2017 près de 45.000 visiteurs dont 13.000 invités au lancement.

Avec des enfants à partir de 3 ans, vous pourrez visiter facilement le Musée de l’Espace. Doté d’un planétarium, il permet de voyager à travers le temps en suivant 7 modules thématiques : l’Univers,  la conquête de l’espace, les lanceurs européens,  les vols habités,  les satellites (technologie), les charges utiles d’application et scientifiques et même, le futur.  En revanche, il faut réserver au moins 48 heures à l’avance et remplir certaines formalités pour réaliser le circuit gamme lanceurs (Ariane 5, Soyouz et Vega). Et pour participer à un lancement de fusée à Kourou, sur l’un des quatre sites d’observation rapprochés (situés à partir de 7,5 km de la zone de lancement), il faut vraiment s’y prendre à l’avance. Comme ces sites d’observations sont réservés en priorité aux clients du lancement, les invitations sont délivrées dans la limite des places disponibles et en fonction de la date de la demande.

S’inscrire par le site cnes-csg.reservationlancement.fr 

Une consolation : il est possible d’assister à ce beau spectacle depuis le site d’observation CARAPA (12,5 km de la zone de lancement). Sans contrainte horaire ni restriction d’âge, ce site est ouvert au grand public. Enfin, aux amateurs de nature, le CNES propose une fois par mois, de découvrir avec un guide de l’ONF la richesse de la flore et de la faune des savanes du Centre Spatial Guyanais, et les rares espaces protégées de Guyane. Unique et à peine révélée, cette destination vaut bien le voyage.


Texte de Martine Denoune / Photos de Martine Denoune et du Comité du Tourisme de la Guyane


UNE POPULATION ARC- EN- CIEL

Seulement 290.000 habitants peuplent cette vaste région de 83.000 km2. Près de 92 % résident sur la zone littorale, soit à peine 5 % du territoire. A l’Est, l’île de Cayenne, en fait une presqu’île, accueille l’aéroport international. A une heure de cette capitale, la ville de Kourou vit au rythme du Centre Spatial Guyanais (CSG). Les villages d’Amérindiens se concentrent surtout dans la Guyane intérieure en pleine forêt. Dans ce pays arc-en-ciel, les étrangers issus d’une bonne centaine de nationalité représentent 35 % de la population totale.

Demandez à un local s’il c’est un Guyanais pure souche : il vous répondra qu’il a des ancêtres en France, au Brésil, dans les Antilles… En Guyane, vous croiserez : – des Amérindiens avec six ethnies : les Kali’nas et les Lokonos (région de Saint-Laurent-du-Maroni), les Palikurs (région de Saint-Georges-de-l’Oyapock), les Tekos, Wayanas et Wayampis (sud de la Guyane), ils représentent aujourd’hui environ 5 % de la population totale. – des Bushinenge. Là aussi plusieurs ethnies : les Djukas, Paramakas, Bonis installés le long du fleuve Maroni et du Tapanahoni, principal affluent du Maroni au Surinam. – des Hmongs, ayant fui le régime laotien communiste en 1976. Surtout agriculteurs, ils fournissent le territoire en légumes et fruits tropicaux. – des Créoles, communauté la plus importante issue du métissage guyanais. – des Chinois, arrivés au cours de deux vagues d’immigration au 19ème siècle, puis au 20ème siècle tiennent le commerce local, à coté des Libanais. – des Européens, surtout Français de Métropole. – des Sud-américains et Caribéens, surtout Brésiliens, Surinamais et Haïtiens. – des Libanais.

INFOS PRATIQUES

– A quelle saison venir ? Saison sèche (août à novembre) : beau temps quasi assuré, fleuves spectaculaires avec des rapides bien visibles… Saison des pluies : Ambiance tropicale humide garantie, obligatoire pour certains évènements  comme le carnaval en janvier/février ou la ponte des tortues marines en avril/mai.

– Desserte aérienne : Vols quotidiens Paris-Cayenne opérés par Air France et Air Caraïbes.

– Coût de la vie : relativement élevé si l’on veut vivre à l’européenne.

– Site internet institutionnel : guyane-amazonie.fr

– Décalage Horaire : 4 heures en hiver et 5 heures en été


RENCONTRE AVEC…


Denis Girou : la Guyane présente un fort potentiel touristique

– En qualité de Directeur Général de l’EPFA Guyane*, quel est votre projet touristique phare ?

« A Roura, à une trentaine de kilomètres de Cayenne, nous travaillons avec d’autres partenaires comme le Parc Naturel Régional sur la création d’un Office de la Biodiversité Amazonienne de Guyane avec un Conservatoire Botanique National. Ce centre original permettra dans quelques années au public de connaître et de valoriser la biodiversité. Tout autour de Roura les visiteurs trouvent déjà de multiples activités : sentiers de randonnées, réserves naturelles… »

– En attendant, quels sont les atouts touristiques de la destination Guyane ?

« Souvent méconnue en métropole, la Guyane permet de découvrir la forêt et toute sa biodiversité dans des conditions sanitaires et sécuritaires bien meilleures que dans les pays avoisinants. Ainsi par exemple le fleuve Kourou et les marais de Kaw accueillent plusieurs camps d’éco-tourisme. La réserve naturelle de l’Amana abrite un vaste site de ponte des tortues Luth.

Par ailleurs c’est une destination très originale pour faire du tourisme de haute technologie en découvrant le centre spatial Guyanais à Kourou. A ce niveau, elle n’a pas de concurrent tricolore.

(Copyright Jean-Emmanuel Hay)

Dans un tout autre style, le carnaval guyanais et ses mythiques Touloulous, est unique au monde » (Notre Photo).

– Toujours sur le plan touristique la Guyane présente quelques points faibles…

« C’est vrai, dans l’image de l’inconscient collectif, c’est la forêt d’émeraude ou l’enfer vert. Du point de vue professionnel, il s’agit d’un marché de niches pouvant être développé par les acteurs en métropole. Mais les touristes peuvent s’adresser à des agences de voyages locales pour effectuer des circuits de quelques jours. Loin du tourisme de masse, la Guyane permet de passer des vacances pleines d’imprévus ».

*L’EPFA Guyane (établissement public foncier et d’aménagement) a trois missions : faire la ville amazonienne écologique,  maîtriser le foncier pour les projets publics de demain et contribuer au développement économique et agricole du territoire.