Loire : Roanne, Charlieu, un patrimoine textile renaissant

Traversée par la Loire, la ville de Roanne (Région Auvergne-Rhône-Alpes et département de la Loire) se situe à une heure de Lyon ou Saint-Etienne. Après avoir chargé pendant des siècles charbon, céramique, sucre, phosphate… le port cessa toute activité commerciale en 1992 et se reconvertit vers le tourisme. On y voit amarrées des péniches de résidents étrangers (Anglais, Irlandais, mais aussi Néo-zélandais…) attirés par la douceur d’y vivre ! Si la Loire n’est pas « un long fleuve tranquille », ses aménagements paisibles ravissent ces plaisanciers. Les couleurs d’automne complètent l’ambiance…

Le reportage proposé par « Loire Tourisme » repose sur la découverte patrimoniale mais aussi sur la renaissance de cette industrie textile un peu trop vite enterrée…

Roanne fut, jadis, une cité fortifiée : quelques vestiges figurent encore au décor comme les restes de ce donjon faisant partie d’un château édifié au 11ème siècle. Suite à des travaux de forage, des fours de potiers gallo-romains du 2ème siècle ont été mis à jour prouvant une lointaine présence humaine. L’église St-Etienne (15ème siècle), lumineuse, fut érigée en pierre locale : calcaire doré, porphyre rouge des gorges de la Loire et galets de Loire. De jolies maisons à colombages ont été restaurées dans le centre historique.

L’industrie textile, ADN du Bassin Roannais

Du tissu au produit fini, l’Union des Industries Textiles de Roanne et Régions regroupe des entreprises offrant une grande diversité de produits et une capacité de fabrication diversifiée grâce à la présence de façonniers réactifs. Tous les métiers sont représentés : création, tissage, tricotage, teinture , ennoblissement, broderie et confection de nombreux articles. Le bassin textile roannais compte 130 entreprises pour 2 471 salariés.

Parmi celles-ci, nous en avons visité quelques-unes de manière non exhaustive, histoire de comprendre l’importance que prend la renaissance de cette industrie que l’on qualifiait d’agonisante… Il y a vraiment de quoi être interpellé lorsqu’on vous parle du textile de demain et de sa « connection »… Immersion dans un secteur créatif et dynamique !

Le Magasin Griffon crée en 1928, a su rester une entreprise familiale consacrée au prêt-à-porter féminin du fil au produit fini ! On tricote, on confectionne et on expédie… « Le pull sans couture a été inventé par mon oncle », explique Franck Thomas, le manager. Une boutique d’usine complète la visite. Site : griffonmode.fr

Dans les rues piétonnes de Roanne ou dans les communes alentours, se trouvent des boutiques de marques à prix d’usine à ne surtout pas manquer : 

Créée à Roanne en 1996, « la Fée Maraboutée » est une marque de prêt-à-porter féminin distribuée au travers d’une centaine de magasins et d’un réseau de 1700 partenaires multi-marques en France et à l’international ; La marque « Carré Blanc » est fondée en 1984 au cœur du bassin textile roannais. Elle séduit les amateurs de linge de maison créatif et contemporain. La Boutique « Dock du Blanc », au centre de Roanne, vend les collections des années précédentes. Mais il y a aussi des prestataires haut de gamme comme l’entreprise Servistyl, sur le Quai du Canal qui travaille pour les marques les plus prestigieuses de Haute Couture (mais chut, on doit taire les noms !).

Connaissez-vous la Papillote Révillon ?

La papillote est née à Lyon en 1898. La légende veut que Sieur Papillot, Maître chocolatier, ait eu un apprenti amoureux qui offrait des chocolats enveloppés de messages d’amour à sa belle. Charmé par l’idée, le patron repris l’idée à son compte et remplaça les mots d’amour par des citations. Aujourd’hui, Révillon, c’est 25 chocolatiers, un Maître chocolatier et 120 ans de savoir-faire. A Roanne depuis 1968 il y a l’unité de production. « Nous fabriquons aussi les intérieurs des chocolats : praliné, ganache avec cacao noir de Madagascar, Tanzanie… ingrédients… » explique Céline, responsable du magasin. La papillote a obligatoirement un papier brillant frangé et un message secret ! Elle est aussi diffusée en grande distribution pour les fêtes de Noël.

 

La Halle Diderot, incontournable rendez-vous gastronomique des Roannais…

Cette Halle vraiment bien agencée est d’abord un plaisir des yeux ! Et si on en franchi le seuil, c’est évidemment pour faire le plein de bons produits du terroir ! Rappelons que Roanne est le premier ambassadeur du vignoble de la côte-roannaise. Ces vins rouges (et rosés), que l’on retrouve chez les négociants, en provenance des coteaux environnants sont classés AOC et issus du seul cépage Gamay appelé « Saint Romain ». Entre maraîchers, torréfacteur, poissonniers et écaillers, bouchers, fromager, chocolatier, ou pâtissier inventeur de la Praluline… Il y a de quoi puiser des idées gourmandes pour remplir le panier du dîner !

Nous avons fait une halte à la fromagerie Mons (créée en 1964) pour apprécier les subtilités d’affinage du Maître Fromager Hervé Mons, Meilleur Ouvrier de France qui fait vieillir plus de 190 marques dans un ancien tunnel ferroviaire ! Au menu de la dégustation : petit Sornin, Fourme de Montbrison, St-Haonnois, Fumaison et Comtesse accompagné d’un Côte Roannaise.

Pédaler sur la « Véloire »…

« La Véloire » est nouvelle voie verte de 21km au départ du Port de Roanne. Le tracé emprunte le chemin de halage du canal de Roanne à Digoin surnommé « Le Canal Tranquille », jusqu’au port de plaisance de Briennon. Au fil du parcours, là une rivière capricieuse, le Sornin, ici un ouvrage métallique de type Eiffel construit en 1880 ou bien encore Charlieu… La Saône et Loire est toute proche et la connexion de la « Véloire » au réseau de voies vertes du département offre de multiples possibilité d’itinérance à vélo et le raccordement à un réseau national et international. Faudra tester aux beaux jours !

Charlieu, Village de caractère… et de textile !

Charlieu, à 15 km de Roanne, fait partie des « Plus Beaux Détours de France et Village de Caractère ». C’est avant tout une étape du Grand Itinéraire culturel européen des sites clunisiens qui invite le voyageur à découvrir son Abbaye bénédictine en pierre dorée, l’église St-Philibert (12ème siècle), le Couvent des Cordeliers, l’Hôtel-Dieu, le musée de la Soierie (qui rouvrira au mois d’avril). La légende dit que l’Abbaye fut baptisée par les moines « Carus locus » (latin) : « cher lieu » d’où Charlieu !

Marchands, artisans, tisserands ont fait la gloire du bourg lors de son apogée économique (19ème siècle) qui voit l’implantation des soyeux lyonnais. Les gens viennent alors travailler en ville et passent du statut de paysans-tisseurs à celui d’ouvriers !

La Corporation des Tisserands remonte à 1656 en trace écrite. Elle est célébrée, chaque année (depuis plus de 400 ans) le 2ème dimanche de septembre par une grande fête en costumes désormais classée au « Patrimoine Immatériel de l’Humanité » par l’Unesco.

L’Hôtel de Ville recèle un petit trésor textile : dans la salle des mariages, sept tapisseries d’Aubusson (18ème) couvrent les murs sur le thème dit « Des Amusements champêtres ». Détail de notre photo : La marchande d’oublis, un dessert (proche de la gaufre) que l’on vendait à la sortie de la messe.

Dans le centre historique, on flâne entre les superbes maisons en pierre et à colombages construites entre les 13ème et 19ème siècles. Il y en a plus de 30 restaurées grâce à des initiatives privées. L’Office de Tourisme se niche dans une belle maison du 13ème siècle  entièrement en pierre.  Généralement, le rez-de-chaussée de l’immeuble était consacré à l’échoppe et l’étage aux appartements.

Les Tissages de Charlieu et la Marque Létol

Réussite du « Made in Loire »

Eric Boël, qui a repris l’entreprise en 1997, nous accueille sur le perron. Ce chef d’entreprise est le patron dont rêve tout salarié : « Notre conviction, dit-il, est que si les gens qui travaillent ici (70 collaborateurs) s’épanouissent et sont heureux, ils ne peuvent qu’être positifs et motivés.  Mon objectif est de détecter et mettre en oeuvre les talents autour de cinq points capitaux : autonomie, se sentir reconnu, utile, trouver du sens au travail et avoir du plaisir à co-construire en ayant confiance en l’avenir. « Tissons ensemble de jolis liens » est la devise proposée par l’ensemble du personnel qui est gratifié de 25% du résultat…

Ici, on emploie 12% de travailleurs handicapés, on pratique le télétravail, nous avons une équipe de création de quinze membres… Tout le monde est persuadé qu’il n’y a plus de textile en France : c’est faux ! il y a 60.000 emplois  et c’est un secteur dynamique et d’avenir en Auvergne-Rhône Alpes. Pour nous, le textile du futur sera connecté, créatif, durable et customisé ! La France est le pays le mieux placé au monde pour cette révolution de la connection. Notre industrie textile est la plus propre de la planète. 2ème après l’Italie pour la créativité et seconde côté technique après les Allemands. Nous sommes donc les mieux placés pour ce textile de demain auquel nous croyons avec force ! »

La société conçoit et fabrique en France des tissus jacquard issus d’une technique de renom de la culture française qui fait naître le tissu et son dessin par l’entrecroisement des fils de chaîne et des fils de trame. Le dessin est au coeur du tissage. Les tissages de Charlieu sont labellisés ALTER-TEX, l’étiquette éthique pour une filière textile respectueuse de la planète, du producteur et du consommateur. La fierté d’Eric Boël est cette écharpe « Létol » inventée en 2011 par sa styliste, Sophie Badot, produit fini de qualité, bio et 100% made in France qui s’exporte dans 23 pays ! « Mais pas de vente sur internet, rajoute-t-il, c’est notre philosophie de privilégier l’humain »… Autres réussites à l’actif de ce dynamique patron : les sacs « Indispensac » solidaires en fil recyclé fabriqués en supports publicitaires personnalisables pour les marques, ou encore ces ceintures « Tonnerre de Belt » entièrement créées en France… et véganes !  Oui, après cette visite, la vision alarmiste sur le textile est vraiment périmée… Sites : letol.fr et indispensac.com

De Charlieu à La Maison Blanche…

A quelques rues, l’entreprise TAL (Tissage d’Ameublement de Lyon) nous dévoile tout son savoir-faire né en 1929 dans la création du tissu d’ameublement haut de gamme : préparation des fils, installation sur le métier à tisser de 480 bobines… Faut pas s’embrouiller les pinceaux ! (Notre photo). « La soierie, explique Dominique, responsable de la Boutique d’usine, ce n’est pas forcément de la soie, c’est simplement le fil, plus ou moins fin… Elle rajoute avec fierté : regardez ce tissu jaune (notre photo) : c’est celui qui orne les fauteuils du bureau ovale de la Maison Blanche ! ».

Gastronomie : de l’andouille à la Praluline…

L’andouille de Charlieu est la spécialité gastronomique locale célébrée par les membres de la « Confrérie des faiseurs de l’Andouille ». Ses principaux ingrédients sont : viande de porc (cœur), vin rouge et assaisonnement, d’où un goût plutôt proche d’un saucisson à cuire que d’une andouille classique. Plat convivial, l’andouille de Charlieu se déguste froide en charcuterie ou en salade, ou chaude avec pommes de terre, lentilles vertes du Puy, haricots ou choux.

Pâtissier et « Meilleur Ouvrier de France » (né à Mars à quelques kilomètres de Charlieu), Auguste Pralus a inventé la Praluline en 1955. C’est une brioche haut de gamme aux pralines dont la confection jalousement gardée est à base d’amandes et de noisettes du Piémont choisies chez les meilleurs producteurs. La Praluline fut souvent imitée mais jamais égalée, dit-on à Charlieu : Effectivement, elle est délicieuse ! Aujourd’hui, son fils, François Pralus, perpétue cette tradition d’excellence en proposant en plus des chocolats d’exception. Boutique en ligne : chocolats-pralus.com

*** Merci à Nathalie (Loire Tourisme), Lucile (O.T. Roannais Agglomération) et Aurélien (O.T. Charlieu) pour l’organisation de ce reportage.


Textes/Photos : Dany Antonetti


COUPS DE COEUR…
Roanne : Restaurant l’Empreinte By Yannick Lecoq

Avenue Carnot, au coeur de la ville. Yannick Lecoq a forgé sa cuisine au fil de ses expériences aux quatre coins du monde. Une cuisine épurée, goûteuse basée sur des ingrédients frais de saison. Des plats aux saveurs justes au fil de ses intuitions et de ses inspirations. En salle, sa femme Sandrine.

Un menu à 29,50 € : Tartare de boeuf charolais au couteau, chips de topinambour et pickels d’oignon ; Risotto crémeux à l’encre de seiche, fruits de mer et poisson, parmesan et ciboulette ; pain de Gênes moelleux, ganache montée au chocolat blanc et granny smith. Site : lempreintebyyannicklecoq.fr

Roanne : Le Restaurant Flottant sur le canal « Entre Deux Ô » propose une Formule du Marché au déjeuner, produits frais de saison, terrasse et possibilité de privatiser. (Tél : 04 77 23 91 03)

Le Grand Hôtel de Roanne : Situé face à la gare SNCF, et à proximité immédiate des restaurants, cinémas et des grandes enseignes de shopping le Grand Hôtel (3*) offre 31 chambres confortables, un bar à l’ambiance cosy, une connexion Wifi illimitée. Parking privé et sécurisé. Site : grand-hotel-roanne.fr

Charlieu : Le Relais de l’Abbaye est parfait pour un week-end romantique, une escapade familiale ou une étape affaires confortable et au calme. Les 28 chambres possèdent un décor personnalisé et sont équipées de TV satellite écran plat, accès WiFi gratuit. Son restaurant Site : relais-abbaye.fr

Charlieu : Restaurant au Saint-Louis situé entre l’Abbaye Bénédictine et le centre du village médiéval. Cadre chaleureux et cuisine traditionnelle. Site : saintlouis-charlieu.com

SITES TOURISME LOIRE POUR PREPARER LE VOYAGE

LOIRE TOURISME : loiretourisme.com

OFFICE DE TOURISME ROANNAIS : leroannais.com

Une pensée sur “Loire : Roanne, Charlieu, un patrimoine textile renaissant

Commentaires fermés.