Ain : la course d’endurance ULTRA XT 01
Après l’inauguration du château de Voltaire (Notre article : Ain : Ferney-Voltaire), l’Ain se met en exergue avec cette manifestation sportive inédite et d’envergure, véritable course d’endurance à travers les paysages jurassiens. L’objectif de l’événement : mettre en avant les sites touristiques du département à travers une importante opération médiatique mais aussi faire partie des courses référantes dans la catégorie !
Cet « Ultra Trail » (Traduire : Course Nature Longue Distance) sillonne les plus beaux sites de trail running de randonnée et de tourisme de l’Ain : Haut Bugey (avec le lac Genin et le lac de Nantua), le plateau d’Hauteville et le Plateau de Retord… Il représente un parcours de 164,6 km comprenant un dénivelé positif de 5.122 mètres ! L’événement qui se déroulait du 22 au 24 juin s’était doté – pour sa première édition – d’un parrain prestigieux, enfant du pays, Xavier Thévenard. L’un des meilleurs coureurs de la spécialité, natif de Nantua et double vainqueur de l’UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc) ! (Notre Photo : Xavier avec Laurent Ardito, organisateur).
Notre programme, concocté par l’Agence de Développement Touristique du Département de l’Ain, ne sera pas… de suivre les coureurs ! Bien sûr, mon coeur de sportive adhère aux efforts « ultras » mais les jambes ne suivraient pas… Alors, nous encouragerons vivement les quelque 1.000 concurrents en présence (A saluer la superbe participation pour une première édition !) et découvrirons, à notre rythme, les « spots » traversés par ces coureurs de l’extrême !
Le départ et l’arrivée étaient jugés sur le stade de Valexpo Oyonnax (Bien connu pour son équipe de rugby), site qui accueillait aussi un salon de l’outdoor présentant les nouveautés de la discipline très à la mode actuellement.
Rencontre avec Xavier Thévenard, un montagnard avant tout…
Malgré ses 30 ans, qu’on a de la peine à imaginer à travers sa frêle silhouette et son sourire enfantin, Xavier Thévenard présente tout le mental d’un grand champion si nécessaire en complément d’un intense entraînement pour réussir ces challenges de l’extrême ! « Je suis ravi d’être l’ambassadeur de cet événement qui emprunte tous les chemins de mon enfance, dit-il. La montagne du Jura ? J’y suis né en 1988 et dès mon plus jeune âge, je la parcours avec mes parents depuis notre petite station des Plans d’Hotonnes sur le Plateau d’Hauteville.
Cette aventure, nous l’avons voulue accessible à tous d’où l’idée de la séquencer sous forme de relais jusqu’à 6 participants pouvant parcourir chacun entre 23 et 34 km suivant leur niveau d’entraînement. Il ne faut pas banaliser l’effort quel que soit le kilométrage parcouru, le principal étant de se faire plaisir dans le décor magnifique de notre montagne. La formule « pacing » (Traduire accompagné par un ami qui vous soutient et peut porter vos affaires) a aussi été instaurée pour plus de convivialité ». L’ ULTRA XT 01, Xavier a décidé de le parcourir en famille et ils sont 6 à se relayer tout au long de la course !
DERNIERE MINUE : XAVIER VIENT DE REMPORTER (POUR LA 3EME FOIS) L’ULTRA-TRAIL DU MONT-BLANC (1er Sept. 2018) EN PARCOURANT LES 170 KM AVEC 10.000 METRES DE DENIVELE POSITIF EN UN PEU MOINS DE 21 HEURES !
Le Domaine des Grottes du Cerdon, Parc de Loisirs Préhistorique
Notre première visite, pour débuter la découverte du pays est celle des Grottes du Cerdon situées au-dessus du village du même nom entre Ambérieu-en-Bugey et Nantua. Le lieu a une longue histoire marquée par l’initiative des actuels propriétaires, Françoise et Hervé Saint Julien qui l’ont acheté voici 17 ans. Une véritable passion pour ce couple d’entrepreneurs d’Annecy qui oeuvrent sans compter à le faire évoluer !
Un peu d’Histoire… Dans le massif calcaire du Jura méridional, l’histoire du site des Grottes du Cerdon commence il y a environ 2 millions d’années au début du Quaternaire, période glaciaire. Un immense lac recouvre alors une très grande partie de la région et les eaux d’une des nombreuses rivières servant de déversoirs façonnent patiemment, au cours de dizaines de milliers d’années, un vaste réseau souterrain qui s’est peu à peu asséché avec le retrait définitif des glaciers. Après avoir surmonté les nombreux obstacles climatiques et topographiques du Bugey, les hommes préhistoriques choisissent les cavités du site comme refuges.
Les fouilles opérées dès 1914 mettent au jour quantités d’outils, de poteries et d’ossements divers conservés dans les musées régionaux. Dans le porche de l’ancienne résurgence de la rivière disparue, une couche de cendres de 4 à 5 mètres d’épaisseur, vestiges des feux entretenus par les hommes préhistoriques, recouvre le sol. Sous l’impressionnante autre cavité, véritable chambre froide naturelle de 150 mètres de long et 50 de haut, d’innombrables ossements d’animaux ont été découverts attestant de l’utilisation des lieux comme aire de stockage et de dépeçage du gibier chassé. Tous ces éléments attestent d’une occupation humaine ancienne et prolongée (environ 10.000 ans avant JC) qui va se poursuivre durant l’Antiquité avec la présence d’un bastion romain dans l’ancien habitat préhistorique. Plus tard, durant tout le Moyen-Age, on y relègue les lépreux ! Le site est un véritable verrou de l’accès vers le Haut Bugey. Le très puissant seigneur Hugues de Labalme bâtit sur ses terres dès 1086 deux châteaux-forts et donne à chacun de ses sept fils autant de forteresses pour mieux contrôler la région. Témoins de cette période, les ruines fortifiées de La Balme et de Saint Julien sont encore visibles au dessus des Grottes avec leur lot de légendes associées. A la Révolution, l’ancien habitat préhistorique fournit le salpêtre nécessaire à la fabrication de la poudre.
En 1933, constatant les conditions idéales de conservation dans la grande cavité, un exploitant fromager achète le site et l’aménage en cave d’affinage de Bleu de Gex qui sera opérationnelle jusqu’en 1959. On lui doit la découverte de la galerie supérieure et les premiers aménagements touristiques.
En 1959, un spéléologue d’Annecy est averti de la mise en vente du site par le fromager concurrencé par le progrès des chambres froides électriques. Il l’achète et engage des travaux d’aménagement pour l’accueil des touristes. Il procède à la désobstruction du siphon de l’ancienne rivière et retrouve sur le haut du plateau le point d’enfouissement des eaux : le domaine souterrain est dévoilé dans sa continuité originelle et offre ainsi une visite inédite du tracé complet de l’ancienne rivière depuis son enfouissement jusqu’à sa résurgence en milieu de falaise dominant toute la vallée de Cerdon et son vignoble.
Depuis 2001, la famille Saint Julien a acquis le domaine et entreprend de multiples aménagements permettant aux visiteurs, en plus de la visite des grottes, de passer une journée de découverte en famille pour retrouver au travers d’ateliers divers les gestes et techniques de nos lointains ancêtres (maîtrise du feu, taille du silex, fabrication de poteries et lampes à graisse, peinture préhistorique et tir au propulseur). Un atelier de fouilles archéologiques pour enfants complète l’approche à la fois ludique et pédagogique. D’ailleurs lors de notre visite, de nombreux cars scolaires se pressaient à l’accueil. Pour l’été, de nombreuses animations sont au programme dont « Les Nocturnes », les 20/27 juillet et 3/10 août à partir de 19 heures, l’association « Hérit’Âges » avec conteurs et comédiens organise des visites insolites avec nos ancêtres ! Infos : grotte-cerdon.com
Balade au lac Genin, le « Petit Canada »
Le Lac Genin, entre Oyonnax et Nantua, au pied des montagnes du Jura est un petit lac de montagne couvrant 8 hectares et d’une profondeur maximum de 18 mètres – situé à 830 mètres d’altitude dans une jolie clairière ceinte de sapins et de tourbières – surnommé « Le petit Canada du Haut-Bugey » à cause de cette ambiance si particulière des forêts québécoises que nous aimons tant ! Oui, presque, on s’attendrait à voir surgir un castor… ou un caribou !
Le site est classé depuis 1935 et offre une foule d’activités, été comme hiver : baignade, pêche, randonnée pédestre, VTT mais aussi patin à glace, plongée sous glace, ski de fond et raquettes ! Nous avons eu la chance, par une journée d’exception, de faire le tour du lac à pied (petite balade très facile de 1,5 km) afin d’en contempler tout le panorama… On imagine aisément le changement d’ambiance avec neige et glace.
Ici, l’Auberge du Lac Genin offre une terrasse panoramique sur le lac pour déguster grillades au feu de bois, filets de perche ou tournedos aux morilles ! La maison familiale existe depuis 1950 et c’est le père des actuels propriétaires, Pascale et Denis Godet, qui initia, dès 1965, le principe des grillades. Adresse incontournable et bucolique où il fait bon déguster une bonne cuisine du terroir face au lac-miroir oscillant entre vert et bleu ! Infos : lacgenin.fr
Nantua, capitale du Haut-Buggy
La ville de Nantua est située au bord du lac du même nom d’origine glaciaire, et au pied d’une haute falaise calcaire instable, sous surveillance constant. Le lac, profond d’environ 40 mètres, est particulièrement apprécié des pêcheurs pour ses brochets, truites ou corrégones, mais aussi pour tous les loisirs aquatiques qui s’y pratiquent une fois l’été revenu : baignade, voile, canoë, pédalo…
Le monument des déportés de Nantua…
L’Ain fut un haut-lieu de la Résistance au cours de la Seconde Guerre Mondiale et le maquis local a payé un lourd tribut à l’occupant. On peut, d’ailleurs, suivre des chemins parcourus dans les montagnes du Jura par tous ceux qui refusèrent de se plier à l’autorité de Vichy…
Nantua a connu une terrible rafle le 14 décembre 1943 et ce monument commémoratif fut créé (inauguré en 1949) par le sculpteur Louis Leygue, originaire de l’Ain et lui-même déporté. Au bord du lac se dresse un imposant sarcophage surplombant un gisant au corps décharné, mains et pieds disproportionnés qui renvoient à la souffrance du corps et l’universalité de la persécution. Une ouverture au sommet laisse filtrer la lumière qui inonde le corps symbolisant l’espoir et le droit à la liberté. Autour du monument, les noms des 595 morts en déportation. Une urne contenant des cendres ramenées de Buchenwald est scellée dans la pierre. En 1987 fut rajoutée une plaque en mémoire aux 44 enfants Juifs et leurs 7 accompagnateurs raflés par la Gestapo à Izieu le 6 avril 1944. Un nécessaire devoir de mémoire complété par le remarquable musée de la Résistance et de la Déportation…
L’Hôtel Embarcadère… et la célèbre quenelle sauce Nantua
A Nantua, l’Hôtel L’Embarcadère (3*) sera une halte confort et gastronomie dans la découverte du Haut-Bugey ! Situé au bord du lac et revêtu de bois et de pierre, il arbore un esprit contemporain chic tandis que sa salle de restaurant, aux larges baies, ouvre un large panoramique sur le lac. Si l’on vient ici pour la beauté du site, on y revient sûrement pour la qualité de la table gérée par le Chef Jean-Charles Guyot, également propriétaire de l’établissement.
Spécialiste de la quenelle de Brochet sauce Nantua, Jean-Charles Guyot, va nous en révéler les secrets… « Le fameux gastronome Brillat-Savarin, natif de Belley (tout proche) promotionnait déjà la quenelle à Paris au 18ème siècle, dit-il. On raconte même que Louis XI l’aurait jadis appréciée… La sauce aux écrevisses vient de la prolifération de celles-ci dans les cours d’eaux environnants : les bestioles se nourrissaient alors des déchets de viandes laissés par les tanneurs sur les peaux qui trempaient… Lait, oeufs, farine de blé dur et beurre sont les ingrédients qui composent la quenelle. On y ajoute de la chair de brochet ou de volaille dans des proportions différentes suivant les cuisiniers. La sauce est une béchamel assaisonnée de beurre d’écrevisse qui lui donne un teint rosé. Une fois roulées, les quenelles sont pochées puis repartent au four avec la sauce… Cela nécessite une heure de préparation ! » Au-delà de la folklorique quenelle, la carte de l’Embarcadère et ses menus gourmands sauront taquiner vos papilles ! Infos : hotelembarcadere.com
Le Plateau du Retord et la station de Plans d’Hotonnes
Vaste espace de prairies et de forêts, le Plateau de Retord reste préservé de l’activité humaine. Il est classé Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). La petite station familiale de Plans d’Hotonnes est celle qui a vu grandir le champion Xavier Thévenard. C’est aussi ici qu’il est toujours moniteur de ski de fond au cours de l’hiver.
Le stade de Biathlon, entièrement rénové et repensé, sert de relai à la course Ultra XT 01. Nous y arrivons en milieu de matinée, pour voir passer quelques participants qui ont déjà parcouru plus des 3/4 du tracé.
Nos hôtes nous embarquent en 4×4 afin de nous faire découvrir, à peu de distance, le sublime panorama de Beauregard qui embrasse toute la plaine à 360° offrant les trois lacs savoyards en toile de fond (nous ne les verrons pas à cause de la brume) ainsi que la chaîne du Mont Blanc particulièrement en évidence. Nous sommes sur le GR9 à la Croix des Terments (1.197 m) quand nous avons la chance d’assister au passage de quelques coureurs méritants !
La Ferme Guichard sur le Plateau d’Hauteville
Changement de décor : voici le Plateau d’Hauteville-Lompnès qui se situe entre 800 et 1200 mètres d’altitude. C’est une station climatique qui se caractérise par la qualité de son air pour la préparation physique ou d’oxygénation des sportifs et ses activités de pleine nature.
Mais si nous sommes venus jusque-là, c’est pour aller à la rencontre de Fabrice Barbarin, propriétaire depuis 9 ans de la Ferme Guichard. Outre ses talents de cuisinier après sa formation à l’école hôtelière de Challes-les-Eaux, Fabrice est aussi un participant à la course extrême et a parcouru un premier relai de 24 km !
« La première mention du mas de Mazières (Ferme Guichard) remonte à 1395, dit Fabrice… A partir de 1905 la pratique du ski se développe. Le sportif-club d’Hauteville (créé en 1911) transforme la ferme en refuge qui servait aux skieurs pour se restaurer ou pour se réchauffer. Depuis de nombreuses années la ferme a été reconvertie en auberge ».
Aujourd’hui, Fabrice et son équipe vous accueillent pour vous servir une cuisine traditionnelle authentique sous le label « Maître Restaurateur » (depuis 2004), garantie de mets élaborés « maison » et sur place avec des produits de qualité. La spécialité : la grillade sur pierre, un régal à partager entre amis ! Infos : lafermeguichard.com
La Fruitière de Brénod et le Comté…
Et comme on ne peut pas quitter l’Ain sans parler du Comté, le roi des fromages locaux, rencontre avec Isabelle Massonnet, vice-présidente de la Fruitière de Brenod.
« La fromagerie date de 1850, explique Isabelle, et se situe au coeur du Haut-Bugey (850 m d’altitude). Neuf exploitations sociétaires (17 agriculteurs et agricultrices) composent la coopérative pour laquelle le fromager Christian Pradier et son second transforment en Comté les 3,3 millions de litres de lait produits chaque année par les vaches de race Montbéliarde et Simmental exclusivement. Le Comté est élaboré selon une charte rigoureuse dans les 7 fruitières de l’Ain… »
– Que signifie ce mot « fruitière » ? « L’explication est simple, poursuit Isabelle : au Moyen-Age, les vaches à lait étaient surnommées « vaches à fruit » en opposition à celles de trait qui ne faisaient que de la traction… depuis, l’appellation est restée… Aujourd’hui, le métier de fromager est enseigné à divers niveaux dont un BTS qui s’obtient à l’Ecole Nationale d’Industrie Laitière et de la Viande (ENILV). Finie la transmission familiale ! »
* Merci à Colette Dubois, Chargée des Relations Presse de l’Agence de Développement Touristique du Département de l’Ain pour l’organisation de ce reportage, ainsi qu’à Gilles Brevet, Responsable Communication… Infos Département de l’Ain : tourisme-ain.com