QATAR : L’APRES FOOT !


Reportage : Dany Antonetti – Photos : Eric Beracassat (Copyright Mars 2023)


Le Qatar avait les yeux du monde entier braqués sur ses 8 stades flambant neufs – en décembre dernier – lors de la Coupe du Monde de Football… Cela faisait plus de 10 ans que l’évènement se préparait… Après cet épisode fabuleux de communion internationale et d’engouement sportif, la rédaction s’est rendue sur place… Découvrons ce petit pays de 2,9 millions d’habitants parmi les plus riches du monde grâce à  ses 13% des réserves mondiales de pétrole.  

Le Qatar est un pays lié à la mer. Pendant des générations, la pêche, la culture et le commerce de la perle ont assuré la subsistance d’une grande partie de la population. Les boutres traditionnels en bois, dont la conception n’a pratiquement pas changé au fil des ans, sont un vestige de cette tradition maritime.

Occupant une longue péninsule du golfe Persique aux 563 km de côte, le Qatar a bien des atouts naturels (désert, dunes, plages, faune terrestre et marine…) mais aussi culturels avec de nombreux sites archéologiques ou des musées de renommée internationale ! Evidemment, quelques jours ne suffiront pas à en apprécier toutes les potentialités… Nous voici partis pour des expériences non exhaustives moins de trois mois après la grande agitation sportive : Bienvenue au Qatar !

 

Doha, la capitale où vivent 90% des qataris

Lorsqu’on arrive à Doha par la route de l’aéroport, la skyline dévoile son gigantisme : nous ne sommes pas aux States… pourtant vue de l’autre côté de la rive, la ville prend un air de Manhattan ! C’est la première impression…

Doha, capitale du Qatar, qui signifie « grand arbre » en Arabe s’étale sur 7 km d’une longue corniche. Le pays est entouré par l’Arabie Saoudite au Sud et le golfe Persique au Nord. La ville fut fondée en 1820 sur l’emplacement déjà connu d’un petit port de pêche et de perles. Le gouverneur britannique, John Lorimer, notait en 1903 « que vivaient là 12.000 personnes propriétaires de 800 chameaux et 150 chevaux ». Se dégageant du Protectorat Britannique, le Qatar acquiert son indépendance en 1971. Dès lors il entre au Conseil des Nations Unies de la Ligue Arabe. Il devient, en 1988, l’un des premiers membres de l’OPEP tandis que les revenus du pétrole et du gaz naturel lui permettent d’atteindre l’un des plus hauts revenus au monde par habitant.

Le nouveau quartier de Msheireb inspiré du passé

Notre hôtel, « Alwadi Hotel Doha MGallery » donne accès directement au Souq Waqif dans le nouveau quartier de Msheireb issu de la rénovation d’un ancien quartier « Mushayrib ». C’est le premier projet de régénération durable de centre ville au monde qui fait revivre l’ancien quartier commercial avec un nouveau langage architectural moderne inspiré du bâti traditionnel Qatari. La rue Al Kahraba (électricité en Arabe), fut le premier endroit du Qatar à être équipé d’électricité !

Le Souq Waqif « Marché debout » en arabe, à deux pas de l’hôtel abrite restaurants, salons à chicha, vêtements traditionnels, épices, artisanat, marché aux faucons, souvenirs… Le bâtiment d’origine date de la fin du 19ème. Elaboré dans le style architectural qatari il a été rénové en 2006. En pleine rue centrale, j’y ai même trouvé le célèbre « pouce » de César !

Mais le quartier est aussi riche en représentations du passé avec « Msheireb Museums ». Quatre maisons patrimoniales (Maison de Bin Jelmood, Company House, Maison de Jassim bin Mohammed Al Thani et Maison Radwani) y ont été restaurées et transformées en musées explorant les principaux acteurs et périodes clés de l’histoire et de l’évolution du Qatar : – la Maison de Bin Jelmood offre un portrait de l’esclavage ainsi que son impact social et économique. – Le musée Company House raconte l’histoire de l’industrie pétrolière (Ce sont les Anglais qui le découvrent en 1939) à travers les hommes qui y ont contribué.

La Maison Radwani est l’ écomusée de ce que devait être la vie des qataris au début du 20ème siècle. On y découvre l’évolution de l’habitat mais aussi celle des familles et de leurs coutumes. Enfin, Company House témoigne du profond changement survenu lors de la découverte du pétrole et l’installation de l’ électricité. Un superbe tram futuriste gratuit traverse tout le quartier.

Le guide Fahad Alturki et Hanane Elyousefi, conservatrice des musées

Parmi les monuments les plus prestigieux de Doha, ces deux musées…


La « Rose des Sables » symbole du « National Museum of Qatar »

Des galeries reliées entre elles emmènent les visiteurs dans un voyage visuel à travers le Qatar en racontant l’histoire du pays, de l’ère préhistorique jusqu’à aujourd’hui. Conçu par Jean Nouvel, le Musée National du Qatar tire son inspiration des formations de cristal naturelles des « roses des sables », structure créée par l’interaction du vent, des embruns marins et du sable sur des milliers d’années…

L’immense hall du musée donnant sur la skyline
Un musée interactif et pédagogique

Construit autour du palais d’origine du cheikh Abdullah bin Jassim Al-Thani, et siège du gouvernement pendant 25 ans, le Musée National du Qatar illustre le patrimoine du pays tout en célébrant son avenir. Il abrite une multitude d’objets archéologiques et patrimoniaux, des manuscrits, des photographies, des bijoux, des costumes… Le complexe du musée accueille des galeries permanentes et temporaires, un auditorium, deux cafés, un restaurant, une boutique cadeaux, des installations séparées pour les groupes d’écoles et les VIP, des centres de recherche sur le patrimoine, des laboratoires de conservation et l’entreposage de la collection du musée. La visite se termine par le « Howsh » central (cour) où les marchands déballaient leur marchandise.

Le« Museum of Islamic Arts », le plus beau du Qatar

En abrégé « MIA » : c’est le plus beau du Qatar ! Construit sur une île artificielle jouxtant la corniche, il a été conçu par Leoh Ming Pei le créateur de la Pyramide du Louvre. Il abrite également une bibliothèque du patrimoine contenant une collection de 21.000 livres dont 2000 éditions rares en Arabe comme en Anglais. Le musée accueille diverses activités culturelles tout au long de l’année : concerts de l’Orchestre philharmonique du Qatar, projections de films, cours d’art et de calligraphie. Ses différentes salles renferment des manuscrits uniques au monde sur les débuts de l’Islam.

Le parc du MIA, situé à côté du musée, surplombe la mer d’Arabie. Le bâtiment a été inspiré par les « sebil » (fontaines aux ablutions) de la mosquée Ibn Touloun du Caire (9ème siècle). Les éléments islamiques traditionnels (dômes, formes géométriques, voûtes, pièces d’eau) y fusionnent avec l’architecture moderne. Somptueux !

Ces copies du Coran sont considérées parmi les plus précieuses du monde islamique. Ecrites à l’or en lettres « Kufi » l’une des plus anciennes calligraphies de l’Arabe.

 


Petites balades à travers le Qatar


Banana Island et ses villas sur pilotis 

Banana Island ou l’île aux Bananes est une petite île naturelle en forme de croissant située au large de Doha. On l’atteint après une trentaine de minutes de bateau. L’île a son propre embarcadère sur le port de Doha et le « Banana Island Resort Doha by Anantara » est un concept original avec ses luxueuses villas sur pilotis : un air de Polynésie en plein désert… L’île couvre 13 hectares et possède sa propre marina et ses récifs. La végétation y est diversifiée : palmiers, jardins, installations luxueuses… Ici les familles peuvent profiter d’une « Dolce Vita » grâce à un accueil privilégié des enfants. Contrairement à tous les autres resorts qataris l’alcool y est totalement proscrit… Bon à savoir pour les adeptes du cocktail sur la plage au sunset !

Zubarah Fort inscrit au Patrimoine de l’Humanité

Fort Zubarah  est une ancienne ville abandonnée de la côté nord-ouest et à une centaine de kilomètres de Doha. Ancien comptoir et port de pêche (perliculture du 18ème au 19ème siècles) classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 2013, il incarne parfaitement l’architecture typique des forts militaires arabes. Ses murs épais d’un mètre étaient adaptés à la défense contre des envahisseurs et permettaient de garder la fraîcheur à l’intérieur. Al Zubarah s’inscrit dans une longue ligne de villes marchandes fortifiées et prospères qui furent fondées le long de la côte du Golfe Persique. Détruite en grande partie en 1811, elle fut finalement abandonnée au début du 20ème siècle. Le plan urbain y a été préservé sous le sable du désert.

Franchir les dunes en 4×4

Aujourd’hui, nous avons rendez-vous pour un épisode « Tourisme/Aventure » qui va nous amener à franchir des dunes… L’impressionnante « mer intérieure » (Khor Al Adaid) site reconnu par l’Unesco se trouve au sud de Doha : c’est l’endroit où la mer empiète sur le désert. Ici, on peut expérimenter une balade à dos de chameau ; embarquer pour un safari sur les dunes de Khor Al Adaid accessibles uniquement en 4×4  (ce que nous avons fait !) ; dévaler les dunes en sandboard pour vivre une expérience unique ou partir affronter les sables en quad, en VTT ou en buggy ! Et si vous préférez prendre de la hauteur, le parapente ou le kitesurf  vous attendent ! Vous ne pouvez plus vous passer du désert ? les camps bédouins vous accueilleront avec tout le confort possible pour une nuit, ou plus !

Nous avons pris place à bord de confortables 4×4 pour affronter les dunes : évidemment, les pilotes doivent être aguerris à ce genre d’exercice. En premier lieu : dégonfler les pneus pour une meilleure adhérence sur le sable. Ensuite, ne pas trop effrayer les clients par des dévers torrides… Tout en garantissant une part d’adrénaline ! Mais les difficultés rencontrées seront plutôt à la demande des passagers vers plus ou moins de sensations fortes !

Sur le chemin du retour, arrêt sur un site désertique où l’artiste islando-danois, Olafur Eliasson a créé des structures éphémères : cette installation située dans le désert au nord d’Al Zubarah explore comment notre perception du monde informe notre relation avec la réalité. L’installation, intitulée « Ombres voyageant sur la mer du jour », peut être atteinte en plongeant à travers le paysage désertique accidenté. L’artiste veut que les visiteurs se rendent compte que lorsqu’ils lèvent les yeux, ils regardent en fait vers le bas. C’est une invitation pour les voyageurs à contempler leur rapport à la terre…

Lusail, la ville nouvelle bordée par le golfe Persique

A une quinzaine de kilomètres de Doha, Lusail est le lieu-même où fut établi le premier fort de l’émirat au début du 19ème siècle. L’endroit où édifier cette ville fut donc choisi en raison de sa forte symbolique.

Ici – dans le stade doré de 88.000 places – s’est déroulé la finale de la Coupe du Monde de foot. Suivant ses concepteurs « Le design du stade reflète les bols fabriqués à la main que l’on trouve dans tout le monde arabe et islamique lors de l’essor de la civilisation, tandis que les jeux de lumière reflètent les lanternes « fanar » de la région. Au fil du temps, l’extérieur doré s’estompera en reproduisant l’artisanat en métal vieilli pour créer un lieu vivant avec un caractère culturel ».

Conformément à l’engagement du Qatar envers le développement durable, le stade de Lusail va être transformé en un espace communautaire d’écoles, de magasins, de cafés, d’installations sportives et de cliniques de santé. Par ailleurs, Lusail est aussi dotée d’un circuit automobile international entouré de gazon artificiel pour empêcher le sable d’envahir la piste.

L’avenue centrale, avec son tram futuriste, a du mal à vous faire réaliser que vous êtes en plein désert : Le jeu des lumières, des affichages digitaux… du lion qui sort de l’écran : un p’tit air de Times Square ! A terme, la ville surgie du sable pourrait bien rivaliser avec la capitale !

Les Katara Towers, image emblématique de Lusail

Les Katara Towers – dans la marina de Lusail – sont un ensemble de 2 tours de forme incurvée (211 mètres de hauteur et 36 étages) achevées (Décembre 2022) la veille de l’ouverture de la Coupe du Monde de Foot ! Une merveille architecturale qui rappelle visuellement deux cimeterres croisés, les sabres traditionnels du Qatar. Y prennent place deux hôtels prestigieux de 38 étages (Raffles et Fairmond gérés par le Groupe Accor) et des appartements de standing destinés à accueillir des résidents permanents. Le concept comprend aussi une île artificielle en front de mer avec un ensemble d’installations de loisirs et de sports nautiques, de parcs aquatiques et de nombreux restaurants.

Le Raffles propose 132 suites agrémentées d’un service de majordomes et le Fairmont Doha 270, dont 92 suites et un étage exclusif Fairmont Gold. En plus de leurs multiples espaces dédiés au bien-être et à la détente, il y a sept restaurants : quatre au Raffles, dont le Doha’s Alba, conduit par le Chef 3* Michelin Enrico Crippa, et trois au Fairmont Doha, parmi lesquels le Masala Library axé sur une cuisine indienne contemporaine. L’immense lobby du Fairmont abrite le plus grand lustre du monde !

 

Le village culturel Katara

Le Katara Village a pour ambition de partager les cultures du monde entier à travers leurs spécificités. Il possède un amphithéâtre de style gréco-romain, en son centre, une mosquée conçue par la Turque Zeynep Fadilloglu, sûrement la première femme architecte à s’être spécialisée dans ces édifices religieux, un opéra, un cinéma polyvalent, une salle de conférence polyvalente, et une immense plage où tous les sports nautiques sont proposés.

 

Les 8 stades du « Mondial » vont être « recyclés »…

Avant leur construction, les concepteurs avaient déjà imaginé leur transformation – dans le cadre d’un développement durable –  après l’épisode « World Cup ». Voici toutes les informations qui nous ont été fournies quant-à leur avenir…

Le stade Lusail, cet immense bol doré théâtre de la finale entre la France et l’Argentine, va être reconfiguré : la moitié des 80.000 places enlevées, il sera transformé en centre commercial avec des magasins, des cafés, une clinique et des écoles. 

Le stade Al-Bayt, avec son architecture faisant référence aux tentes de Bédouins aura une nouvelle vie loin du football. Les tribunes supérieures seront supprimées. La jauge passera de 60.000 places à 32.000. Un hôtel 5*, des restaurants et un centre commercial vont voir le jour ainsi qu’un hôpital spécialisé dans le sport.

Le stade international de Khalifa avec une capacité de 40 000 places a été réalisé par l’architecte français Roger Taillibert (décédé en 2019). Parmi ses plus grandes réalisations, le Stade Olympique de Montréal construit pour les J.O. de 1976. Domicile de l’équipe de foot du pays, il reste en place.

Le stade Al Janoub a été conçu par l’architecte anglo-iraquienne Zaha Hadid. Situé près de l’ancien village de pêche de Wakrah, il s’inspire des bateaux traditionnels du Qatar, et des perles qui faisaient partie intégrante de son économie. Modulaire, II sera réduit de 20.000 places offertes à des projets à l’étranger.

Le stade Education City sera aussi réduit de la même capacité et deviendra le domicile de l’équipe féminine du Qatar ainsi qu’un « centre sportif pour la communauté locale, les étudiants et les éducateurs ». Il sera le lieu de nombreux évènements. Le stade Ahmad Bin Ali passe aussi de 40.000 à 20.000 places.

Le stade Al Thumama sera réduit de moitié et accueillera des évènements sportifs : ce sera, suivant les autorités « un hub communautaire dédié à la pratique du sport.

Le stade 974 car composé de 974 containers sera entièrement démonté et offert à un pays « en besoin d’infrastructures sportives ». Rappelons que le Qatar accueillera la Coupe d’Asie de football en janvier 2024. 

Il y aurait tant d’autres attractions et témoignages à recueillir au Qatar… Mais notre court séjour prend fin avec l’impression d’une fantastique évolution entre héritage et modernisme !


CARNET DE ROUTE


HEBERGEMENT : « Alwadi Hotel Doha MGallery » en plein centre du quartier de Msheireb jouit d’un superbe emplacement dans Downtown Doha. Le tram s’arrête devant le lobby et ses services sont ceux d’un 5*. Possibilité de réserver sur booking.com ou d’autres serveurs.

LES TRANSPORTS :  Le métro de Doha offre l’un des trains sans conducteur les plus rapides au monde et dispose de trois lignes (Red, Green et Gold) desservant 37 stations sur 76 kilomètres et convergeant toutes vers la station centrale de Msheireb, à proximité des principales attractions culturelles de Doha. La Red Line (côtière) relie l’aéroport international Hamad à West Bay, au village culturel Katara, à l’université du Qatar et à Lusail ; La Green Line (éducationnelle) relie l’hôpital d’Hamad, le parc Al Bidda, la zone Education City de la Fondation du Qatar et le Mall of Qatar et la Gold Line (historique) relie le stade Khalifa et le centre commercial Villaggio au Souq Waqif et musée national du Qatar. Un réseau de trams est aussi opérationnel.

Une gastronomie internationale de qualité

Avec sa population multiculturelle, le Qatar vous surprendra par la diversité de ses cuisines puisées dans les savoir-faire aussi bien Français, qu’Italien, Japonais, Libanais, Indien… Bref, il y en a pour tous les goûts sans oublier les spécialités locales à déguster en terrasse au Souk Waqif comme le margoga (petits morceaux de pain mélangés à de la sauce et des légumes cuits) ou le rougag, crêpe traditionnelle arabe. Le makbous (riz cuit avec des épices, des fruits de mer et de l’agneau) ou le ghouzi (viande d’agneau cuite au four avec du riz et des noix).Et pour le dessert, la version orientale du pudding – mahalabiya ou loukoumades (version locale de beignets au miel).

La fauconnerie joue un rôle essentiel dans l’histoire de la région et est reconnue par l’Unesco comme un patrimoine humain vivant. Les oiseaux sont entraînés à chasser et suivre les ordres de leurs maîtres, les Bédouins. Les touristes pourront visiter le Falcon Souk (souk des faucons), où ces élégants oiseaux reposent sur des perchoirs.

Site en Français : https://visitqatar.com/fr


*** Remerciements à Edile Consulting pour l’organisation logistique de ce reportage.